Marc Forand, directeur général de Wesco distribution au Québec, et sa famille ont converti un rêve en aide aux personnes handicapées en élevant un chien labernois qui deviendra éventuellement un chien d’assistance soit pour un aveugle, ou un sourd et aveugle, ou encore une personne atteinte de TED (trouble envahissant du développement), dont les personnes atteinte d’autisme. Une œuvre fondée il y a un peu plus de 30 ans par une ancienne vedette québécoise de la chanson du milieu des années 60, l’auteur-compositeur-interprète Éric St-Pierre.
Le tout a commencé alors que les enfants de la famille Forand désiraient avoir un chien. Marc et son épouse, Nancy Elliot, n’étaient pas vraiment entichés par cette idée. Les parents sont deux personnes mais les enfants sont trois. Semble-t-il que la majorité l’emporte …! Marc étant reconnu pour ses décisions de compromis, les informations reçues d’une amie de la famille « alluma la lumière ». Et il semble bien que cette lumière était une DEL de 1000 watts, car Marc et son épouse ont été éblouis. Cette amie a élevé sept chiens MIRA au cours des ans. Cette information inspira au couple Forand l’idée qu’élever un chien MIRA pourrait se révéler toute une solution.
Le couple Forand s’opposait à s’engager pour 10 ou 15 ans avec un chien, sans savoir si l’aventure allait être intéressante; loin d’eux l’idée d’acquérir un chien pour ensuite s’en débarrasser si l’aventure s’avère négative. Pour Nancy, qui est mère à temps plein, il est bien évident que c’est elle qui hériterait du gros de la tâche de ce « quatrième enfant » à la maison. Élever un chien MIRA, c’est un engagement de 18 mois environ, donc une période suffisante pour tester la capacité et la volonté de la famille de s’engager à long terme.
Marc Forand s’informe donc des détails d’un tel engagement en février 2011 et, après discussion avec Nancy et les enfants, pose la candidature de la famille pour l’obtention d’un chiot à élever. Selon les informations recueillies, il faudrait quelque chose comme deux mois avant de savoir si la candidature allait être acceptée. Mais, Ô surprise, un peu plus tard dans la journée, alors qu’il est sur la route du retour d’une visite à la succursale Wesco de Chicoutimi, il reçoit un appel de MIRA lui demandant de passer le jour même aux bureaux de MIRA, à Ste-Madeleine, alors qu’un groupe de chiots serait attribué à des familles d’accueil à 17 heures.
Malgré tout un peu incrédule, Marc se rend mais arrive avec un peu de retard à la rencontre. À son arrivée, toutes les familles d’accueil ont déjà choisi le leur et il reste un seul chiot, à poil court, nommé Kruger. Marc s’en approche, et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, a fait copain-copain avec Kruger, petit labernois d’environ trois mois.
Marc recueille les informations et le matériel nécessaire à sa nouvelle mission d’éleveur bénévole et informe sa famille qu’il s’en vient avec le nouveau-né. En voyant Kruger, le benjamin de la famille, Luca, alors âgé de sept ans, dit tout-de-go : « Papa, c’est le plus beau jour de ma vie! »
Bien sûr, c’est évidemment Nancy qui s’est payé 80% de la tâche d’élever ce chien d’assistance. Mais les autres membres de la famille ont tenu parole et ont fait leur part. Luca, qui est l’oiseau matinal de la famille, s’assurait de pourvoir aux besoins de Kruger le matin. Pour la marche à l’extérieur, c’était chacun son tour et l’ainé, Alexandre, alors âgé de 12 ans, a dû apprendre ce que c’est que de balader un chien…
Puis, en aout 2012, le moment est venu de rendre le chien à MIRA, où il recevra trois mois d’entrainement avant de vivre pendant quelques semaines avec son futur protégé, directement à la ferme d’élevage de MIRA. Ce fut un certain pincement au cœur pour tous les membres de la famille mais on savait à quel point l’œuvre accomplie allait devenir précieuse pour le/la bénéficiaire des services de ce chien. Le chien et son maitre vivront ensemble pendant sept ou huit ans, après quoi le chien aura droit à une retraite bien méritée. MIRA offrira alors à la famille Forand de reprendre le chien, moyennant le versement d’une somme de 1200$, ou 600$ + 30 heures de bénévolat au service de MIRA.
L’expérience semble avoir été extraordinaire pour tous les membres de la famille. Pour Alexandre, 14 ans, c’est une expérience superbe. À ses yeux, la présence de Kruger dans la maison créait une atmosphère spéciale. Le départ de Kruger a pour lui créé un vide dans la maison. Quant à Chloé, 12 ans, elle aussi très attachée à Kruger, ce qui l’a surtout marquée, c’est la grande énergie de ce chien, surtout en compagnie des chiens de leurs voisins. Quant à Luca, garçon de neuf ans sensible et expressif, c’est l’aide que la famille apporté à une personne handicapée qu’elle ne connait pas qui est devenue une motivation supérieure. D’ailleurs, il dit que lorsqu’il sera adulte, il aura d’autres chiens MIRA ; un des très bons côtés d’avoir un chien MIRA est qu’on rend le chien bien vivant – on n’a pas à s’en séparer parce qu’il est rendu trop vieux ou qu’il meurt.
Parmi les tâches de Nancy, il y avait bien sûr d’habituer le chien au public, donc de l’amener avec elle faire les courses ou aller au restaurant. Un chien MIRA ne doit jamais être laissé seul plus de trois heures consécutives. Quant à Marc, c’est à lui qu’a été dévolue la tâche de gronder Kruger pour ses écarts de conduite, comme par exemple piquer des biscuits fraichement cuisinés sur le comptoir de cuisine… Kruger, tout piteux, saisissait le message et ne recommençait habituellement pas de sitôt.
Quand on connait Marc Forand, son côté humain exceptionnel, on n’est pas vraiment surpris de constater que toute la famille est au même diapason. Une famille ouverte, généreuse, qui vit en toute simplicité. Pas surpris non plus que cette famille ait réalisé ce projet. Peu de familles se donnent l’occasion de vivre un tel projet de groupe.
Pour ce qui est de MIRA et d’Éric St-Pierre, on pourrait en parler pendant de longues heures. Pour ceux qui ont des cheveux blancs, on se rappellera qu’Éric fut une grande vedette de la chanson, particulièrement en 1966, avec sa chanson « Nathalie ». Avec une douceur toute particulière et un visage qualifié alors d’angélique (baby-face), il n’a compté que des adMIRAteurs. Éric St-Pierre a choisi ce prénom; à la naissance, son nom était Dominique St-Pierre. C’est d’ailleurs à partir de lui que le nom Éric est devenu aussi populaire au Québec. Le nom de Nathalie était aussi très peu répandu avant que sa chanson devienne ce grand succès; on connait la suite – de nombreuses femmes québécoises de 45 ans et moins se prénomment Nathalie.
MIRA est née en 1981 et a grandi sans cesse depuis. Ce sont 2000 chiens qui ont été attribués un peu partout au Québec, en Ontario, dans les provinces de l’Atlantique, aux États-Unis, au Mexique et en Europe. Comme chaque chien coute aux environs de 30 000$, ce sont 60 millions $ qui ont été consacrés à cette œuvre depuis. Présentement, le budget annuel est d’environ sept millions $ et l’équipe compte près de 100 personnes. Tout est réalisé grâce à des activités d’autofinancement et des dons, aucune subvention. Et les chiens sont remis gratuitement aux bénéficiaires. À noter que MIRA a développé une nouvelle race de chien, un croisement entre le labrador et le bouvier bernois, nommé labernois; mais les intimes l’appellent « un St-Pierre ». MIRA, une œuvre plutôt extraordinaire qu’on peut connaitre davantage en cliquant www.mira.ca
Pour ce qui est de la famille Nancy et Marc Forand, chapeau, à vous cinq vous avez facilité la vie d’une personne que la Vie a un peu moyen choyée.
Photo de famille prise au moment de remettre Kruger à MIRA, en aout 2012 : de g. à dr., Chloé, 12 ans, Kruger, 20 mois, Alexandre, 14 ans et Luca, 9 ans. Marc Forand et Nancy Elliot à l’arrière.