IDA Québec a participé aux cinq éditions de la Rencontre Municipale de l’Énergie qui ont eu lieu jusqu’à aujourd’hui et a présenté ses idées et des solutions pour réduire la pollution lumineuse. Chaque année, de plus en plus de municipalités présentent leurs réalisations dans le domaine, alors que d’autres parlent de leur inquiétudes et plusieurs s’informent tout simplement sur le phénomène.
En 2014, à Rimouski, on a atteint un maximum de niveau d’audience quand une table ronde a été organisée au sujet des conversions de l’éclairage urbain. Modérée par la mairesse de Chateauguay, Mme Nathalie Simon, les participants représentaient des milieux très différents (mais complémentaires): le maire de St-Gédéon-de-Beauce, Eric Lachance (qui a réalisé parmi les premiers la conversion de l’éclairage routier aux DEL), André Laperrière, d’Hydro Québec et le soussigné, Président d’IDA Québec.
J’ai été ravi de l’impact: le monde municipal était prêt pour réaliser des conversions efficaces du point de vue énergétique, respectueuses de la nuit et des générations futures.
Un an plus tard, Hydro-Québec annonce l’arrêt de son programme de subventions pour l’éclairage DEL… et plusieurs, charmés par les 60$ par tête remplacée, ont oublié complètement ce qui avait été entendu durant la 4e Rencontre Municipale de l’Énergie. Dans la chronique antérieure je parlais de l’expérience d’une petite municipalité déçue des résultats de la conversion. Malheureusement je continue à entendre des histoires… d’horreur (un mot à peine exagéré…).
Plusieurs municipalités de diverses grandeurs ont acheté le moins cher disponible sur le marché et maintenant, quand l’installation commence, la réaction est la même: trop et… laid! Malgré cette nuance un peu plus sombre, la 5e Rencontre de l’Énergie a démontré clairement que la direction change pour l’éclairage public.
Le principe de la Rencontre est de présenter des conférences et tables rondes, ainsi que présenter une sorte de mini-salon avec des produits (financiers ou de consommation municipale). Dès le premier regard, on pouvait remarquer une présence plus importante des manufacturiers d’éclairage (Éclairage Cyclone, GE et Concept Illumination) et la présence d’un manufacturier de contrôle d’éclairage québécois – DimOnOff.
C’était juste le début. Le programme contenait une présentation du projet de contrôle urbain de St-George-de-Beauce (présentation par Richard Poulin, chef de division communications de la Ville, et Jean-François Longchamps de Ealux – la compagnie qui a conçu et installé le contrôle). Après la présentation en soi, M. Longchamps a ouvert l’appétit pour le contrôle intelligent et les opportunités de développement. Il a eu l’occasion de reprendre le sujet dans une capsule technique « Démystifiez le contrôle de l’éclairage public et urbain » quelques heures plus tard.
Et si vous ne trouvez pas ça suffisant encore pour comprendre que la révolution est en cours, ajoutons que les personnes présentes ont pu assister à non pas une, mais à deux tables rondes ayant comme sujet l’essence de la ville intelligente, les réseaux et le TI. À la première – Territoire, maitrise de l’énergie et technologie de l’information : l’équation idéale pour les municipalités de demain – nous avons pu entendre, à part M. Michel Angers, maire de la Ville de Shawinigan, M. Charles Despins de « Prompt » (Financement de la recherche et développement en technologie de l’information pour communications), M. Paul Fortier, directeur de l’ITIS (l’Institut Technologies de l’information et Sociétés) – M. Jacques Lapointe, directeur principal, ingénierie des systèmes chez Cisco Canada – oui, le même Cisco qui a inventé le terme de « Internet of Things » (L’Internet des Objets). Bien entendu, les présentations ne se sont pas arrêtées à l’éclairage et elles ont été suivies par un autre débat « TI et municipalités, une histoire d’infrastructure ».
Le « bonbon » a été gardé pour la fin, quand la Fédération Canadienne des Municipalités a présenté M. Julian Boyle, ingénieur, Directeur des politiques et initiatives stratégiques dans le domaine de l’Énergie (Manager Strategic Energy Policy and Initiatives) pour la Ville de Halifax qui a parlé du programme « Solar City » de sa Ville (qui s’est proposée d’installer des panneaux solaires sur chaque toit!). Il a très bien ouvert la porte pour un autre sujet très intéressant : le financement des initiatives.
L’animateur de l’atelier « Solution à l’investissement et garantie des performances énergétique – un nouveau modèle d’affaire dédié aux municipalités », M. Mathieu Gillet, vice-président au développement de projets et responsable du volet municipal pour l’AQME, a développé le volet « financement » :
« Le Québec est en profonde transition à l’image des sociétés occidentales à travers la planète. Nous devons poursuivre notre développement mais répondre aux capacités portantes des écosystèmes. Facile à dire, moins facile à mettre en oeuvre. Et pour cause, cette obligation d’être “propre” vis à vis de notre planète s’accompagne d’une crise de financement sans précédent avec un retrait assez virulent de l’investissement gouvernemental ; ce que certains appellent la fin de l’État Providence et de son modèle de subvention du développement.
Personnellement, je ne parlerai pas de crise mais plutôt d’une opportunité incroyable pour la croissance de l’économie “verte” ou “propre” qui faisait partie du top cinq des secteurs économiques ayant vécu une forte croissance en 2014.
Les modèles d’affaires et d’investissement alternatifs sont en pleine explosion au Québec depuis un an. L’un d’entre eux, le modèle ESE, pour Entreprises de services éco-énergétiques. Le principe est simple, la compagnie privée détient l’obligation de performance en ayant la responsabilité des résultats à long terme. Ce modèle offre une alternative intéressante aux projets dits “traditionnels” qui ne permettaient pas au client d’avoir une garantie sur les résultats ou rendements énergétiques escomptés. Les promesses de période de retour sur investissement (PRI) ont souvent été bafouées par des dépassements de coûts et des problématiques lourdes touchant l’implantation de nouvelles technologies. La conclusion est assez simple à comprendre. Le risque attenant à l’implantation de mesures éco-énergétiques, de nouvelles technologies, ou plus globalement, de modernisation des équipements est perçu comme trop lourd et ne peut plus être porté par le client seul. Le modèle ESE vient palier à ce problème en ayant une obligation de résultats tout en gardant une obligation de moyen. Cerise sur le sundae, ce modèle permet même aux ESE de contribuer au financement du projet de conversion, car elles peuvent se rembourser à même les économies d’énergie. En bout de ligne, l’ESE ne se fait pas payer si les résultats ne sont pas existants ou simplement partiels.
Le Québec a beaucoup utilisé ce modèle dans le secteur institutionnel (santé et éducation) avec un grand succès. Pourquoi ne pas promouvoir ce modèle dans le secteur de l’éclairage à la vue des économies d’énergie qu’un bon système d’éclairage et une bonne conversion au DEL peuvent apporter.
Maintenant, si on regarde le projet d’éclairage dans son ensemble, nous disposons d’un nouveau modèle d’affaires et d’investissement que je considère intelligent, car il responsabilise tous les acteurs du projet, incluant le client. Nous disposons d’une technologie qui offre des résultats incroyables avec le DEL si elle s’accompagne d’un concept d’éclairage adapté. Et nous disposons aujourd’hui de technologies numériques qui, accompagnées de techniques de contrôle de l’intensité, offrent une gestion optimale et quasi instantanée de nos besoins. Le tout combiné devient un projet de municipalité intelligente ».
ndlr : 1) Les informations, idées et opinions présentées dans cette chronique sont de la seule responsabilité de son auteur, M. Mihai R. Pecingina.
2) Mihai R. Pecingina, ing., est membre de l’équipe de Consultants DND. Il est aussi président d’IDA Québec et membre du CA d’IES Montréal. On peut joindre M. Pecingina à mpecingina@dndinc.ca , tél. : 514-795-0363.