Le volet Excelle Science du concours organisé par le gouvernement du Québec « Chapeau, les filles! » a désigné 66 lauréates dans le cadre de sa 25e édition. Le concours Chapeau, les filles! et son volet Excelle Science soulignent la volonté et le travail des femmes qui, inscrites à un programme de formation professionnelle ou technique ou au baccalauréat au Québec dans une discipline des sciences et des technologies, se dirigent vers l’exercice d’un métier traditionnellement masculin. Parmi les gagnantes, soulignons celles-ci liées au domaine de l’électricité, qui ont toutes remporté une bourse de 2 000 $ :
Génie électrique
Les P’tites vites allumées
Renouvellement de la Chaire en efficacité énergétique industrielle
Avec le réchauffement climatique et l’apparition de nouveaux besoins, les experts s’accordent pour dire que les besoins en froid seront plus importants que ceux en chaud d’ici 2060. Le renouvellement de la Chaire de recherche industrielle CRSNG en efficacité énergétique/Hydro-Québec-Ressources naturelles Canada-Emerson pour cinq ans permettra aux chercheurs d’aider les entreprises à s’adapter.
L’équipe de Sébastien Poncet, titulaire de la Chaire et professeur au Département de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke, travaille à accroitre les performances des systèmes énergétiques, par une meilleure conception des composants et par une optimisation des cycles thermodynamiques sous-jacents.
L’idée est de réduire la consommation en combustibles fossiles et de contribuer au développement durable par la substitution des réfrigérants classiques, comme les hydrofluorocarbures (HFC), par des réfrigérants à impact environnemental réduit. La Faculté se concentrera sur le développement de composants et de systèmes industriels de production de chaud et de froid (pompes à chaleur, systèmes de réfrigération à éjection).
Au cours de son premier mandat, de 2014 à 2019, la Chaire a permis la formation de 30 étudiants du baccalauréat au doctorat, ce qui a contribué à consolider la masse critique d’experts en efficacité énergétique au Québec. Les résultats ont été publiés dans plus d’une centaine d’articles de revues ou de conférences et récompensés par 24 distinctions.
La conférence CIGRE Canada se tiendra uniquement en ligne en 2020
Devant l’éventualité d’une seconde vague de COVID-19, la division canadienne du Comité international des grands réseaux électriques (CIGRE-Canada) a décidé de tenir l’édition 2020 de son congrès en ligne, du 19 au 22 octobre 2020.
Le congrès qui combine généralement une série de conférences et d’événements de réseautage pour les acteurs de l’industrie révisera sa formule pour en faire un événement virtuel. La programmation devrait être rendue disponible sur le site internet de CIGRE-Canada d’ici la fin du mois de juillet 2020.
Le Conseil international des grands réseaux électriques (CIGRE) est une organisation mondiale dans le domaine de l’électricité à haute tension. Fondé en France en 1921, il traite des aspects techniques et économiques des réseaux, mais aussi des aspects environnementaux et régulatoires.
Un étudiant en génie électrique reçoit une bourse de 150 000 $
Hughes La Vigne, doctorant en génie électrique au laboratoire de Createk à l’Université de Sherbrooke, a remporté la bourse d’études supérieures du Canada Vanier (BESC Vanier) d’un montant de 50 000 $ par année, pendant trois ans, dans la catégorie Sciences informatiques – Robotique.
Hugues La Vigne travaille à développer un drone capable de récolter des échantillons floraux sur les parois verticales des falaises. Cette flore unique est très étudiée en raison des difficultés pour atteindre les endroits où elle croit. Ce drone capable d’interagir avec son environnement offrira aux scientifiques l’occasion de développer des projets de recherche autrefois inimaginables.
Le projet, mené en partenariat avec le National Tropical Botanical Garden, à Hawaï, favorisera également la préservation de la biodiversité en facilitant la repopulation des espèces.
L’utilisation d’un drone pour échantillonner les plantes qui poussent dans des lieux difficilement accessibles présente de nombreux avantages par rapport aux techniques actuelles, sur les plans de la sécurité, du cout et de l’efficacité.
Le Programme de bourses d’études supérieures du Canada Vanier (BESC Vanier) a pour objectif d’attirer au pays les meilleurs étudiants et étudiantes de doctorat au monde. Il permet au Canada et à ses universités de se positionner parmi les centres mondiaux d’excellence en recherche et en enseignement supérieur.
Convectair de nouveau ouvert cinq jours par semaine
Bonne nouvelle pour ceux et celles qui n’ont toujours pas leur air climatisé, le magasin Convectair, qui était ouvert quatre jours par semaine depuis le début de la pandémie, est revenu à un horaire de cinq jours depuis le 6 juillet. La salle de montre du magasin de Blainville demeure toutefois fermée.
Pour remercier leurs clients de leur patience durant cette période difficile, l’entreprise organise un concours permettant de remporter un prix de 700 $. Le formulaire d’inscription est disponible ici.
Congrès Maintenance Québec : les inscriptions sont ouvertes
Les inscriptions pour le congrès annuel de la maintenance industrielle des gestionnaires en maintenance et fiabilité, qui se tiendra les 26, 27 et 28 octobre 2020, au Centre des Congrès de Saint-Hyacinthe, sont ouvertes.
Bien que le programme ne soit pas complet, certains ateliers et conférences retiennent déjà l’attention. La crise de la COVID-19 sera évidemment abordée lors d’une conférence sur les façons de se réinventer et d’innover en industrie 4.0 et de développer un plan de planification de maintenance pour la surmonter. Trois ateliers interactifs porteront sur l’importance du rôle du fiabiliste dans une organisation, la planification et l’ordonnancement de la maintenance et le leadership et la culture de la fiabilité.
La version préliminaire et le formulaire d’inscription sont accessibles en ligne.
Bastien Périard et Karim Bouzid reçoivent des bourses Leviton
Bastien Périard, de l’Université de Sherbrooke, et Karim Bouzid, de l’Université Laval, figurent parmi les gagnants des bourses Leviton 2019 décernées par l’Électro-Fédération Canada (ÉFC) à des étudiants du Québec. Ils ont reçu chacun une aide financière de 1750 $.
Ces bourses sont décernées aux candidats qui ont terminé avec succès au moins une année d’études universitaires de premier cycle et qui ont maintenu une moyenne générale d’au moins 80 %.
L’ÉFC veut soutenir les futurs chefs de file de l’industrie canadienne de l’électricité, des inventeurs, créateurs et visionnaires qui conçoivent de nouveaux moyens d’utiliser les produits électriques à la maison, au travail et au jeu.
Les candidats doivent être étudiant au premier cycle à la Faculté de génie de l’Université McGill, de l’École Polytechnique de Montréal, de l’Université de Sherbrooke ou de l’Université Laval. De plus, ils doivent envisager de faire carrière dans l’industrie électrique et faire preuve de leadership dans leur collectivité.
Depuis 1906, Leviton Manufacturing se présente comme chef de file de fournisseur de solutions électriques pour les marchés résidentiel et industriel, ainsi que dans les appareils d’éclairage.
Pour voir la liste des récipiendaires, cliquer ici.
Bourses d’Électro-Fédération Canada: 7 Québécois se partagent 18 500 $
Sept Québécois se partageront 18 500 $ du total des 150 000 $ en bourses accordés en 2019 par Électro-Fédération Canada (ÉFC).
Le programme de bourses d’études de l’ÉFC fournit de l’aide financière aux étudiants postsecondaires désireux de poursuivre une carrière dans l’industrie électrique. Cette année, 62 bourses ont été accordées, dont sept à des étudiants québécois :
- Laurie Béliveau, génie électrique, Université du Québec à Trois-Rivières (3500 $);
- Karim Bouzid, instrumentation, Université Laval (1750 $);
- Yoann Millard, génie électrique, Université Bishop (3500 $);
- Edward Rousseau, génie électrique, Université de Sherbrooke (3500 $);
- Thomas Goudreault, génie électrique, Université de Sherbrooke (1000 $);
- Philippe Arseneault, génie électrique, Université de Sherbrooke (3500 $);
- Bastien Périard, génie électrique, Université de Sherbrooke (1750 $).
Le programme donne l’occasion aux étudiants d’entrer en contact avec les entreprises membres de l’ÉFC offrant des possibilités d’emploi et de carrière. Les prochaines demandes de bourses seront acceptées à compter de février 2020.
Parmi les domaines d’études éligibles au programme: génie électrique, technologie électrique, technique en électricité, distribution industrielle, ventes, marketing, finance, ressources humaines, gestion de la chaine d’approvisionnement et exploitation, logistique, gestion de l’analytique des données et technologie de l’information.
L’ÉFC représente plus de 220 entreprises œuvrant dans la fabrication, la distribution, la commercialisation et la vente d’une vaste gamme de produits électriques. Ses membres contribuent pour plus de 10 milliards de dollars à l’économie canadienne et emploient quelque 42 000 travailleurs répartis dans plus de 1300 installations au Canada. Visionner la vidéo.
Dossier Femmes en génieÀ peine 11 % de femmes étudient en génie électrique
D’Edith Clark, première américaine ingénieure électrique, à Katie Bouman, scientifique ayant mené des études en génie électrique à l’origine de la première photo d’un trou noir, les femmes ont peu à peu façonné leur place dans le domaine du génie, niche autrefois réservée aux hommes. Malgré tout, au Québec, on compte seulement une femme sur dix étudiants au baccalauréat en génie électrique.
La discipline du génie électrique, au premier cycle universitaire, détient la peu glorieuse palme de la plus faible représentation féminine, tous secteurs du génie confondus. Selon un récent rapport publié par la Chaire pour les femmes en sciences et génie au Québec, 11 % de femmes étaient inscrites en 2017-2018 en génie au baccalauréat électrique, contre 13 % en génie mécanique et 16 % en génie informatique.
Les femmes représentent moins de 30 % des étudiants dans six des 13 domaines du génie. Fait digne de mention, la représentation féminine en génie électrique a crû de seulement 1 % en dix ans, passant de 10 % en 2007-2008 à 11 % en 2017-2018. En comparaison, les inscriptions au baccalauréat dans les divers domaines du génie ont augmenté de 31 %, passant de 16 % à 21 %, sur la même période.
La situation des femmes en génie électrique s’améliore quelque peu à la maîtrise et au doctorat, où elles représentent respectivement 22 % et 20 % des étudiants.
«La sous-représentation des femmes en génie est complexe et multidimensionnelle. Elle se cultive depuis la petite enfance, à l’école, elle se véhicule dans les médias, par les jouets que l’on donne aux enfants, entre autres. Dès l’âge de six ans, la brillance est associée aux garçons, qu’on freine moins que les filles. Quand un garçon tombe, on l’élève à se relever et à continuer. Quand une fille tombe, on la console et on la cajole», explique Ève Langelier, titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et en génie au Québec.
Même analyse du côté de la doctorante en génie électrique Audrey Corbeil-Therrien, interviewée dans la suite de ce dossier, qui croit que les filles sont confrontées à un double standard. «Si elles ont un beau bulletin, c’est qu’elles sont intelligentes, alors que si le garçon arrive avec le même bulletin, c’est qu’il a travaillé fort. On entraîne les garçons à travailler fort, à devenir meilleurs, mais on élève les filles à être parfaites. Quand elles échouent, elles perdent leur estime de soi, car elles croient qu’elles ne peuvent pas changer», lance-t-elle comme hypothèse.
Intéresser les jeunes filles
La science et la technologie sont désormais enseignées dès le primaire. «À ce niveau, ce sont souvent des femmes qui n’ont jamais fait de sciences naturelles qui enseignent. Elles ne sont pas outillées et elles vivent du stress à enseigner la technologie. Les filles à qui elles enseignent vont vivre cette anxiété, par projection. Dès le secondaire, les mathématiques sont associés aux garçons et le français, aux filles», ajoute Mme Langelier.
Pour sa collègue Catherine Mavriplis, titulaire de la Chaire du CRSNG (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada) pour les femmes en sciences et en génie en Ontario, il faut initier plus tôt les jeunes filles aux domaines du génie par des activités ludiques et amusantes. «Avec le développement des technologies, ces activités sont aujourd’hui peu couteuses. Par exemple avec les imprimantes 3D. On peut ainsi montrer aux filles que le domaine n’est pas réservé aux hommes blancs en sarrau. En bas âge, elles sont très intéressées, mais dès la 5-6e année, elles se disent que les gars sont meilleurs», soulève-t-elle.
Pour stimuler leur intérêt envers les sciences et le génie, la Chaire ontarienne organise des activités qui associent l’art au génie. «On propose aux filles des ateliers de fabrication de bijoux, avec une artiste autochtone, dans lesquels on insère un circuit qui fait que des lumières s’allument. Il y a aussi un atelier avec des foulards, dans lequel on leur apprend à programmer une séquence de couleurs, à l’aide de capteurs, pour l’illuminer», cite en exemple Mme Mavriplis.
La Chaire québécoise a conçu pour sa part une trousse didactique pour initier les élèves de 5-6e année aux sciences et technologies en intégrant le français. «Un auteur a composé une histoire dans laquelle des amis doivent surmonter des obstacles à l’aide des technologies», décrit Ève Langelier. La trousse permet ainsi de mieux comprendre le travail d’ingénieur.
D’autres activités, comme Les filles et les sciences et le Festival Eurêka!, servent à démystifier cette discipline auprès des filles et à les familiariser avec le métier d’ingénieur et ses emplois connexes. En génie électrique, un nouvel atelier conçu par la Chaire québécoise connaît un bon succès. L’atelier d’électronique LittleBits propose de jouer avec des interrupteurs, lumières, boutons et moteurs pour faire des montages électriques et intégrer la conception de prototypes.
Des stéréotypes tenaces
Catherine Mavriplis, qui a mené des études en génie mécanique à l’Université McGill avant de décrocher une maitrise et un doctorat en aéronautique et astronautique du Massachusetts Institute of Technology (MIT), souligne que les stéréotypes sont tenaces envers les femmes en génie.
Or, dans les faits, ces finissantes se trouvent plus vite un emploi que leur vis-à-vis masculin: en 50 jours en moyenne plutôt qu’en 100 jours. «Cependant, elles sont moins bien payées et éprouvent moins de satisfaction au travail. On peut s’interroger à savoir si on leur offre un travail qui est moins intéressant ou si ce sont les préjugés auxquels elles font face qui font qu’elles sont moins satisfaites.»
Pour améliorer cette satisfaction au travail, des employeurs – comme GE, IBM ou Pratt & Whitney – déploient certains efforts, en offrant à leurs employées de faire une rotation dans trois ou quatre types d’emplois pour les aider à cibler ce qui les intéresse, mentionne-t-elle.
Selon Ève Langelier, au Québec, les femmes affichent plutôt un bon taux de satisfaction au travail. «Les stages fonctionnent très bien, les finissants en génie sont très en demande présentement, et beaucoup d’entreprises cherchent à augmenter la diversité dans les milieux de travail, rapporte-t-elle, quoiqu’embaucher une femme qui voudra bientôt avoir des enfants constitue encore un frein pour les employeurs, même si cette pratique est illégale.»
Lire Un système biaisé qui fait obstacle aux femmes et le témoignage d’une doctorante en génie électrique qui s’épanouit dans la Silicon Valley.
Dossier Femmes en génieUn système biaisé qui fait obstacle aux femmes
Outre les préjugés tenaces vis-à-vis des femmes en sciences, les diplômées en génie sont confrontées à un système bâti par les hommes qui leur laisse peu de place. Aperçu des obstacles auxquels elles font face.
Catherine Mavriplis dénonce un «système qui est biaisé» puisqu’il a été bâti par les hommes. «Une étude sur le leadership a démontré que les femmes préconisent un leadership transformationnel tandis que les hommes s’appuient sur un leadership hiérarchique, souligne-t-elle.
En réunion, une femme seule dans la salle ne voudra pas nécessairement se démarquer», souligne la titulaire de la CRSNG (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada) pour les femmes en sciences et chercheuse en génie mécanique à l’Université d’Ottawa. La doctorante en génie électrique Audrey Corbeil-Therrien, dont le témoignage se trouve dans la suite de ce dossier, en convient: trop souvent les femmes se laissent interrompre en réunion. «Maintenant, j’observe pour m’assurer que tout le monde parle», souligne-t-elle.
Entre autres défis auxquels les femmes sont confrontées, Catherine Mavriplis cite en premier lieu les préjugés. «Il y a environ 10 % des hommes qui vont ressentir un inconfort à être entourés de femmes ingénieures. Et s’il y a plus de 15 % de femmes au bureau, ils vont se sentir menacés», lance-t-elle à la blague.
À l’inverse, certains vont tenter de profiter de leur statut de chercheur pour approcher une femme, notamment dans les congrès et les conférences scientifiques, soulève Mme Corbeil-Therrien. «Quand on est une femme, on a toujours à se poser la question: est-ce qu’il veut juste parler de recherche ou il est en train d’essayer de scorer, ce qui fait que beaucoup de femmes se trouvent à faire moins de liens pendant les conférences parce qu’on évite ces situations qui pourraient devenir compliquées», explique-t-elle.
Il y a également le congé de maternité qui joue en leur défaveur. «Le retour n’est pas toujours facile, elles peuvent avoir été mises de côté pour les projets les plus intéressants», glisse Mme Mavriplis, soulignant que certaines d’entre elles vont venir faire leur tour une fois par mois pour s’assurer que leur place les attend.
Enfin, il y a l’aspect de la communication et de la négociation qui crée un clivage entre les hommes et les femmes. «La Chaire organise des ateliers sur les méthodes de communication plus masculines. Il y a une période d’apprentissage pour les femmes qui font face à des attentes sociales, par exemple de ne pas se fâcher en réunion.»
La touche féminine
Catherine Mavriplis estime que les femmes ont une vision différente, et qu’elles peuvent apporter un éclairage particulier sur la façon dont génie peut servir les femmes, par exemple en améliorant les diagnostics de cancer du sein. «Les femmes sont en minorité notamment en intelligence artificielle où les équipes sont peu diversifiées. Par exemple, pour les robots en soins infirmiers, les chercheurs ont-ils pensé à tout?» réfléchit-elle tout haut.
Au passage, elle salue l’initiative du Collège Algonquin qui réserve désormais 30 % de ses admissions aux femmes, une première initiative du genre au Canada. Le projet-pilote «We Saved You a Seat», d’une durée de trois ans, vise à accroitre le nombre d’inscription dans les quatre programmes en technologies les plus populaires, dont technique de génie électrique et génie électromécanique. Au-delà d’une place dans le programme, l’établissement promet de les soutenir avec des bourses spécialement dédiées aux femmes et un accès à des mentors dans l’industrie et dans le milieu de l’éducation.
De son côté, Ève Langelier se réjouit de l’objectif d’Ingénieurs Canada qui, avec l’initiative 30 en 30, souhaite atteindre 30 % d’ingénieures nouvellement inscrites dans leur ordre professionnel partout au Canada, d’ici 2030. Au Québec, en date du 31 décembre 2017, elles étaient 17,2 %. Leur représentation a augmenté d’un faible 1,2 % entre 2014 et 2016.
Le génie pour aider la société
Catherine Mavriplis a participé en tant que conférencière au plus récent congrès de l’ACFAS qui avait lieu cette année à l’Université du Québec en Outaouais. Elle coanimait la conférence Cinq Engagées pour le génie au service des femmes: quel leadership hier, aujourd’hui et demain, sous le thème Le génie au service des femmes et de la société. Elle y présentait une étude pancanadienne auprès d’ingénieure et de futures ingénieures à laquelle elle participe depuis deux ans.
Ces femmes ont été sondées sur leur conception du génie et l’importance qu’elles accordent à la contribution des femmes dans ce secteur. Selon les résultats préliminaires obtenus, après plus de 70 entrevues, les femmes sont davantage portées vers les arts et les types de génie qui peuvent aider la société, comme les technologies vertes et relatives à l’environnement ou encore l’utilisation des moyens de transport. «Elles veulent contribuer à la société, régler les problèmes sociaux», soulève-t-elle.
Ève Langelier croit que c’est la société qui amène les femmes à vouloir aider la société. «Ce qu’elles ne savent pas, c’est que le génie a un impact positif sur la société, mais les filles aiment davantage la biologie et la chimie. Elles veulent travailler en équipe. Mais ce n’est pas vrai que l’ingénieur travaille seul dans son labo. Pour les initier au génie, nous les faisons collaborer, toucher, et non seulement prendre des notes. On leur enseigne que ce n’est pas grave de se tromper, qu’il faut simplement recommencer.»
Les emplois les plus difficiles à décrocher pour une femme, selon Mme Langelier, sont encore dans le milieu de la construction, mais également en enseignement – un créneau combiné à la recherche souvent réservé davantage aux hommes.
Lire À peine 11 % de femmes étudient en génie électrique et le témoignage d’une doctorante en génie électrique qui s’épanouit dans la Silicon Valley.
Dossier Femmes en génieAudrey Corbeil-Therrien s’épanouit en génie électrique dans la Silicon Valley
Audrey Corbeil-Therrien est la preuve vivante que le génie électrique mène vers toutes sortes d’avenues parfois inusitées. Mordue des sciences dès l’adolescence, elle s’est intéressée dès le cégep, en sciences naturelles, à la précision requise par son cours d’électricité. Portrait d’une femme épanouie qui s’accomplit quotidiennement dans le domaine pointu des détecteurs de radiation, de la lumière visible aux rayons gamma.
Native de Val-d’Or, en Abitibi, Audrey a migré avec sa famille vers Sherbrooke au tournant des années 2000. Après un baccalauréat, une maîtrise et un doctorat en génie électrique à l’Université de Sherbrooke, Audrey travaille aujourd’hui au SLAC National Accelerator Laboratory, un laboratoire de physique du département de l’Énergie des États-Unis géré par l’Université Stanford.
Une chance unique de raffiner, au postdoctorat, son expertise sur la chaîne d’acquisition du signal, de la conversion du photon d’une particule jusqu’au signal électrique, devenu un signal numérique, qui contient l’information du temps et de l’énergie. «Les doctorants en génie électrique sont extrêmement en demande en ce moment dans Silicon Valley», glisse-t-elle en entrevue.
Bien qu’il lui reste 11 mois pour accomplir son postdoctorat dans ce technopôle qui a vu naître de nombreuses PME en haute technologiques et qu’elle croule sous les offres d’emplois de l’Université Stanford, Facebook, Google et Huawei, Audrey aspire à revenir au Québec, où elle aimerait éventuellement décrocher un poste de professeur et poursuivre ses ambitions de chercheuse.
La recherche dans sa mire
«Présentement, avec le climat politique aux États-Unis, particulièrement en recherche, ce n’est pas très prometteur. C’est l’une des raisons pour lesquelles je vais retourner au Canada, qui investit énormément en recherche depuis deux ans et ça s’annonce pour continuer. […] J’adore la recherche et l’enseignement, et le seul emploi qui me permettrait de faire les deux de manière intrinsèquement liée, c’est professeur», souligne Audrey, qui sait pertinemment qu’il s’agit d’un poste difficile à obtenir.
La jeune femme est surprise qu’au Québec, contrairement aux États-Unis, le milieu universitaire valorise l’aspect écologique de ses activités de recherche, qui visent à réduire la quantité de données et d’électricité que ces données consomment. «À notre université, on ne mise pas nécessairement sur le fait que notre recherche aide l’environnement, ce n’est pas vendeur, tandis que l’Université de Sherbrooke, par exemple, veut former des ingénieurs écoresponsables», compare-t-elle.
Si elle avait carte blanche et tout le financement nécessaire, Audrey aimerait démarrer un projet de recherche pour faire des puces neuromorphiques quantiques. «Je travaille sur des chaînes d’acquisition. On se retrouve maintenant à la limite de ce que les puces en silicium classiques sont capables de faire. C’est pour cela que ça fait plusieurs années que la fréquence des ordinateurs n’augmente pas, que leur puissance reste similaire. Le parallélisme, soit de mettre plus d’ordinateurs en parallèle, est le seul chemin qu’il nous reste pour augmenter leur puissance.»
Sachant cela, Audrey se pose la question: pourquoi ne pas combiner les ordinateurs quantiques pour faire des puces basées sur la physique quantique, qui permettent de faire des calculs de manière différente et plus rapide, avec l’intelligence artificielle ou l’apprentissage-machine (en anglais machine learning), procédés de plus en plus en demande.
L’objectif: convertir des neurones en puces quantiques afin de faire une puce neuromorphique, qui ressemble à un réseau de neurones, basée sur les nouveaux bits quantiques. «Pourquoi pas! Maintenant, comment je me rends là, je ne sais pas! Sinon, ce ne serait pas de la recherche!», lance-t-elle enthousiaste.
Contribuer à la médecine avec le génie électrique
Alors que ses collègues étudiants l’encourageaient à faire sa médecine, Audrey n’était pas du tout intéressée par le côté pratique de cette profession. «En général, les femmes aiment aider leur prochain, et en génie électrique, cette relation-là est plus subtile. On aide moins directement les gens, mais on aide les gens à aider les gens. À la maîtrise en génie électrique, je me suis finalement dirigée vers la médecine, mais en imagerie médicale. C’est très concret, on aide les médecins à donner de meilleurs diagnostics.»
Le projet de recherche qui l’a allumée impliquait autant le génie électrique que la programmation informatique, la médecine et la physique nucléaire. «Sur ce projet, j’ai travaillé en tomographie d’émission par positrons, une manière de faire une image d’une molécule spécifique qu’on va injecter dans le corps. Par exemple, on va être capable de faire une image d’un sucre qu’on a modifié. Ce qui consomme le sucre dans le corps humain: le cœur, le cerveau et les reins – et la tumeur cancéreuse.»
Candidate à la maitrise, elle a travaillé sur les détecteurs de signal radioactif qu’émet une molécule, ce qui permet de savoir où le cancer se situe dans le corps, et comment il est actif. «Il y a une nouvelle manière de voir la lumière élaborée au cours des dernières années qui permet de détecter un photon, donc une unité de lumière à la fois. C’est extrêmement sensible comme système, mais ça n’avait jamais été fait dans un scanneur de tomographie d’émission par positrons. Il fallait donc réinventer toute la chaîne d’acquisition du signal.»
Une femme dans un univers d’hommes
La recherche en génie électrique étant une chasse gardée masculine, Audrey se rappelle avoir été confrontée à certains préjugés à partir du doctorat de la part de collègues. Par exemple, elle cite avoir vécu du rejet de la part de certains collègues chercheurs. «Des chercheurs à qui je parlais de ma recherche qui, tout d’un coup, se désintéressent de ce que je dis, pour aller parler à un collègue masculin, qui pouvait être de quatre ans mon junior». Elle insiste sur le fait que ces incidents – il y en a eu à quelques reprises – ne se sont pas produits au Québec, mais à l’international.
Autre «risque» pour les femmes, dont elle se dit consciente, est le fait d’être approchée en conférence par un homme, un chercheur, pour aller prendre un verre et discuter de recherche. Elle a notamment été mise en garde par des collègues et son directeur de recherche contre certains chercheurs dans les conférences ayant la réputation d’être des coureurs de jupons.
«C’est frustrant, car on ne veut pas être obligée de penser à ça, de s’inquiéter pour notre sécurité et notre réputation. […] De plus, c’est là où se font les relations en recherche, autour d’un verre. Je ne me suis jamais empêchée d’y aller, mais je m’organisais pour qu’il y ait d’autre monde avec moi. J’ai été très chanceuse de ne pas me retrouver dans une situation problématique, mais j’ai entendu des histoires de certaines femmes qui, après avoir vécu une situation inconfortable avec un homme, évitent ensuite des situations sociales avec lui, donc évitent des opportunités de se créer un réseau.»
Lorsqu’Audrey était chargée de cours à l’université, parfois des étudiants masculins ont essayé de la rendre inconfortable, en testant ses limites. «À mon tour, je les rends encore plus inconfortables, et je gagne! La meilleure manière de dealer avec les étudiants est de faire la blague avant eux. J’ai grandi dans une famille de hockey qui était souvent à l’aréna, et j’ai compris assez vite la psychologie des hommes à ce niveau-là. Ils veulent une réaction, ce n’est pas mesquin, mais il faut faire la blague avant eux – et c’est comme ça que j’ai gagné du respect.»
Ayant tendance à être une tête forte en réunion, Audrey a plus tendance à interrompre – ce qu’elle essaie de corriger! – qu’à se taire. «Mais j’ai remarqué que d’autres femmes se taisent, se laissent interrompre. Il faut observer, et se faire des alliées. J’essaie d’aller chercher ces personnes qui ont l’air de vouloir parler, mais qui se retiennent pour une raison quelconque. S’il y a quelque chose de pas correct autour de la table de réunion, je vais le dire.
Allumer la fibre du génie chez les filles
Audrey Corbeil-Therrien croit que les jeunes filles sont confrontées dès leur plus jeune âge à un double standard: filles qu’elle entend souvent répéter «Je ne suis pas assez bonne».
Pour encourager ces filles vers les métiers du génie, Audrey s’est impliquée plusieurs années dans l’initiative Les filles et les sciences à Sherbrooke et participe à Stanford aux camps d’été SAGE-S – un acronyme pour SLAC Accelerating Girls’ Engagement in STEM (STIM en français, pour sciences, technologies, ingénierie et mathématiques). « On invite les filles du secondaire à travailler avec nous au labo pendant une semaine, il y en a eu 40 cette année et 20 l’an passé. Pour l’activité d’une journée Les filles et les sciences, j’ai été guide et chef d’équipe pendant cinq ans avant de faire ma propre activité en génie électrique. »
Elle leur proposait de monter un circuit d’une calculatrice binaire, avec une résistance et une puce, expliqué à l’aide d’un schéma électrique qu’elles devaient lire et comprendre.
«J’aimerais qu’il y ait plus de femmes dans toutes les sciences, mais c’est sûr que c’est en génie électrique où elles sont moins présentes qu’il y a le plus de travail à faire. On sous-estime comment le génie électrique nous permet de faire n’importe quoi. Tout est électrique maintenant», souligne Audrey qui aimerait aller «jaser avec les filles au primaire, alors qu’elles ont encore cette curiosité de la nature.»
Elle veut leur dire qu’elles ont droit à l’erreur, le droit de détruire un objet pour le décortiquer et voir comment il fonctionne. Son message aux filles: «La science, c’est ce qui fait le monde autour de nous. Vous pensez que vous n’êtes pas capable, mais avez-vous essayé? Soyez curieuse, asseyez!»
Sur la photo d’introduction, Audrey a eu l’occasion au doctorat de faire un stage de quatre mois au CERN, laboratoire européen pour la physique des particules, à Genève en Suisse. Elle pose devant le détecteur Compact Muon Solenoid (CMS) du Large Hadron Collider.
Lire notre dossier sur les femmes en génie: À peine 11 % de femmes étudient en génie électrique et Un système biaisé qui fait obstacle aux femmes.
Ma thèse en 180 secondes!Élodie Nguena gagne sa place pour la finale internationale
C’est une chose d’étudier et de comprendre les disciplines du génie, mais c’en est une autre de vulgariser au grand public des notions complexes consignées dans une thèse de doctorat. La doctorante en génie électrique et en génie informatique, Élodie Nguena, a réussi ce tour de force à deux reprises en remportant la finale locale et nationale du concours Ma thèse en 180 secondes, décrochant à chaque occasion le prix du public.
Élodie a su vulgariser avec dynamisme et humour – en faisant le lien avec le film Terminator –, mais surtout dans les temps, son projet de thèse de doctorat qui explore la réduction des déchets électroniques en usine. Le titre de sa thèse: Fragilisation par gallium liquide des brasures à base d’étain pour la reprise de puces microélectroniques à interconnexions à pas fins. (Pour voir Élodie Nguena à l’œuvre lors de sa présentation orale.
Grâce à la prestation de Mme Nguena, l’Université de Sherbrooke remporte pour une deuxième année consécutive la finale de ce concours, qui se concluait lors du 87e congrès de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS).
Élodie Nguena décroche pour sa part une place à la finale internationale du concours qui aura lieu à la fin septembre à Dakar, au Sénégal.
Prix du QuébecSecteurs du génie, de l’innovation et de la fabrication : préparez vos candidatures
Les scientifiques et les chercheurs dans le secteur du génie électrique ont jusqu’au 25 mars pour déposer leur candidature à l’un des sept prix de science des Prix du Québec 2019, la plus haute distinction en culture et en science décernée par le gouvernement du Québec.
Outre le secteur du génie, toute personne touchant à l’innovation ou à la fabrication peut être admissible à l’un des prix. Le prix Marie-Victorin récompense une personne qui a mené une carrière remarquable en recherche dans le domaine des sciences naturelles et du génie, mais dont les travaux ne relèvent pas du secteur biomédical.
Les sciences de l’ingénierie et technologiques sont souvent reconnues dans cette catégorie. Yoshua Bengio, professeur d’informatique à l’Université de Montréal, chercheur reconnu pour sa contribution scientifique dans le domaine de l’intelligence artificielle et pionnier de l’apprentissage profond, a décroché ce prix en 2017.
Le prix Wilder-Penfield offre une reconnaissance similaire aux disciplines du génie et des technologies, mais exclusivement dans le domaine biomédical. Le prix Lionel-Boulet s’adresse pour sa part aux professionnels œuvrant en recherche dans le domaine industriel, peu importe leur secteur d’activité.
Le prix Armand-Frappier félicite une personne qui a mené une carrière en recherche et qui a contribué au développement d’une institution de recherche ou qui s’est consacrée à l’administration ou à la promotion de la recherche, tout en favorisant la relève scientifique et en suscitant l’intérêt du public pour la science et la technologie.
Enfin, le prix Relève scientifique est remis à une personne de 40 ans ou moins s’étant distinguée par l’excellence de ses travaux de recherche et ses aptitudes à établir et à maintenir des liens avec le milieu de la recherche, toutes disciplines confondues.
Les Prix du Québec sont assortis d’une somme de 30 000 $, d’une médaille en argent créée par un artiste québécois et d’un parchemin calligraphié signé par le premier ministre. Les noms des lauréats seront dévoilés à l’automne.
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