Le véhicule électrique, c’est un tout nouveau monde. On pourrait même dire qu’il y a autant de différence entre un véhicule électrique et un véhicule conventionnel, qu’il y a de différence entre une dactylo et un ordinateur. La presque totalité des paramètres est différente. Mais avant de passer à l’aspect technique et à l’aspect global du véhicule électrique, regardons un peu autour de nous pour voir si les gens qui gagnent leur vie dans le monde de l’électricité ont fait le virage vers le véhicule électrique. Peu l’ont fait, effectivement, et pour de nombreuses raisons. Mais quelques-uns sont des « early buyers », dont Denis Ricard, de l’agence manufacturière Laplante, Ricard & associés, ainsi que Patrice Lacombe, de Schneider Electric, formateur dispensant les formations sur la sécurité en matière d’électricité au travail (Norme Z462), organisées par L’Institut Électricité Plus.
Du côté de Patrice Lacombe, les déplacements sont généralement courts, autour de la région de Montréal. La Nissan Leaf et ses quelque 130 km d’autonomie suffisent amplement. La satisfaction qu’il démontre à l’égard de son véhicule ne dément pas. Le seul bruit qu’on entend est celui des pneus; aucune comparaison avec les voitures conventionnelles, mêmes les plus silencieuses d’entre elles. Question de pouvoir, sa Nissan Leaf en a à revendre : « j’ai toujours pu avoir l’accélération que je désirais » dit-il. En plus, les frais d’entretien sont tellement réduits; et bien sûr, son cout d’énergie n’est qu’une toute petite fraction de ce que coute l’essence.
Plusieurs joueurs sont perdants avec le véhicule électrique. La longue liste commence avec les pétrolières, et l’ajout de quelques milliers de véhicules électriques sur les routes du Canada chaque année commence à peser. Selon Denis Ricard, compte tenu du kilométrage qu’il parcourt dans une année, sa facture d’énergie est passée de 6 000$ à 500$ par année ! Bien plus : une recharge d’électricité à la station Tesla de Drummondville coute… 0$. Quant au service d’entretien? Contrat de quatre ans pour 2 000$. Tesla vient chercher sa voiture… et lui en apporte une en attendant. Pris quelque part au loin? Pas de problème, Tesla s’est assuré la complicité de partenaires locaux et régionaux qui peuvent dépanner généralement très rapidement l’automobiliste en panne ou victime d’accident.
Automatiquement, les gouvernements y perdent énormément, car ils ne sont pas encore rendus au point de taxer l’électricité utilisée par ces véhicules; les milliards qu’ils touchent avec les taxes sur les produits pétroliers et le gaz devront éventuellement être récupérés ailleurs s’ils veulent équilibrer leurs budgets. Peut-on s’imaginer combien le gouvernement encaisse chaque matin et chaque soir au pied des ponts des grandes villes? Combien d’argent le gouvernement encaisse-t-il dans chaque bouchon de circulation? De son côté, lorsqu’il est arrêté, le véhicule électrique ne consomme rien, niet!
Puisque ces véhicules demandent moins d’entretien, les ateliers de mécanique y perdent également. Il y a tellement moins de pièces de toutes sortes dans un véhicule électrique. Les moteurs électriques ne requièrent pas d’huile ni d’entretien, même si les fabricants les vérifient régulièrement. Les freins de la Tesla, fabriqués principalement d’aluminium, sont prévus pour durer au moins quatre fois plus longtemps; la proportion d’acier est d’à peine 4% et n’est pas exposée à l’air libre. Sans compter que les mécaniciens automobile ne sont pas habitués à travailler avec l’électricité, donc certains pourraient perdre leur emploi au profit d’électriciens qui apprendront la mécanique simple des véhicules électriques.
De leur côté, les compagnies d’assurances exigent moins pour un véhicule électrique, car il est démontré que les réparations coutent moins cher lors d’accident, puisqu’il y a tellement moins de mécanique à réparer ou remplacer. Le cout est presque 50% moindre chez la plupart des assureurs.
Denis Ricard nous dit : « les problèmes, les réparations, connais pas. Un cout d’un gros zéro en 13 000 kilomètres parcourus ». Et son grand sourire en mentionnant ceci vaut plusieurs longs discours! Sa satisfaction vient de plusieurs autres volets. Grand fervent de voitures de luxe depuis longtemps, Denis roule Tesla depuis octobre 2014, donc depuis huit mois au moment de l’entrevue. Sa satisfaction lui vient d’abord du silence; plus besoin d’avoir la radio à un degré élevé car l’auto est bien insonorisée, en plus d’être elle-même silencieuse. Puisqu’un moteur électrique réduit sa force lorsqu’on cesse de l’approvisionner, c’est une voiture qui se conduit d’un seul pied. Sa puissance : 0 à 100 km/h en 3,8 secondes! Qui dit mieux? Même pas une Formule 1 ! La climatisation et le chauffage utilisent seulement de 15 à 25% de l’énergie emmagasinée; remarquable pour un véhicule qui ne produit pas suffisamment de chaleur lorsque le chauffage est éteint.
Les amateurs de technologies sont servis à souhait. L’écran tactile grand format (17’’) permet tous les contrôles imaginables, sert de GPS, indique l’énergie disponible et le kilométrage possible avec cette réserve compte tenu des habitudes de conduite du chauffeur. Il permet surtout de repérer rapidement les stations de recharge, qu’elles soient de Tesla, du Circuit Électrique ou du RéseauVER.
Et c’est comment, Denis, la transaction avec Tesla? « Pas de problème là non plus. On commande par internet et l’auto est livrée soit chez le dépositaire local ou est livrée à domicile, à notre choix. La facilité de choisir les options suite aux explications vues à l’écran agrémente l’achat. Tout est d’une simplicité déconcertante. »
Au Canada, Tesla a vendu 333 véhicules entre le 1er janvier et le 30 juin 2014, selon l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ). Pendant la même période en 2015, Tesla a livré 564 véhicules au Canada. Simplement au cours du premier trimestre de l’année, probablement la période la plus tranquille de l’année, Tesla a livré 10 030 véhicules à travers le monde.
Toutes marques confondues, il s’est vendu 2 165 véhicules électriques au Canada entre le 1er janvier et le 30 juin 2015. Ça commence à paraitre. Les propriétaires de Tesla au Québec, estimés à environ 450, sont presque tous membres du Club Tesla Québec, avec site qu’on peut consulter en cliquant ici. Le rassemblement Branchez-vous 2015 a réuni 85 voitures Tesla pour le défilé sur l’Île Sainte-Hélène, à Montréal, en avril dernier.
Parler de véhicules électriques avec Patrice Lacombe et Denis Ricard stimule l’envie d’en posséder un!