Le volet Excelle Science du concours organisé par le gouvernement du Québec « Chapeau, les filles! » a désigné 66 lauréates dans le cadre de sa 25e édition. Le concours Chapeau, les filles! et son volet Excelle Science soulignent la volonté et le travail des femmes qui, inscrites à un programme de formation professionnelle ou technique ou au baccalauréat au Québec dans une discipline des sciences et des technologies, se dirigent vers l’exercice d’un métier traditionnellement masculin. Parmi les gagnantes, soulignons celles-ci liées au domaine de l’électricité, qui ont toutes remporté une bourse de 2 000 $ :
Lauréates
Plessisville et Montréal sacrées Villes électromobiles
Plessisville et Montréal ont reçu le titre de Ville électromobile dans les catégories respectives Municipalités de moins de 50 000 habitants et Municipalités de 200 000 habitants lors de la première remise de ces prix tenue dans le cadre de la conférence EV2019VÉ de Mobilité électrique Canada, le 8 mai.
Le jury a été impressionné par le leadership et la capacité d’innovation de Plessisville en matière d’électrification des transports surtout considérant sa petite taille. La municipalité a notamment pris part au premier projet-pilote Système d’autopartage avec véhicule électrique en région (SAUVéR), dont le dévoilement des résultats a été reporté à l’automne. Elle s’est aussi illustrée pour avoir mis à la disposition de ses employés municipaux deux véhicules électriques ainsi qu’une trottinette électrique GeeBee pour les déplacements estivaux.
Le nombre de bornes de recharge sur le territoire de la municipalité de quelque 6000 habitants (deux bornes publiques 240 V, une borne rapide et deux bornes privées réservées aux véhicules municipaux) a également fait pencher le jury en sa faveur.
« Cette récompense souligne de belle façon le rôle positif que joue Plessisville dans la promotion des modes de transport durable. De voir nos efforts ainsi salués sur la scène nationale nous pousse à poursuivre notre travail afin de positionner Plessisville comme une ville verte et un chef de file en matière de réduction des GES », a réagi par voie de communiqué le maire Mario Fortin.
Montréal en transition électromobilité
Montréal, qui cultive l’objectif ambitieux de déployer 1000 bornes de recharge sur son territoire d’ici 2020 – elle en compte présentement 800, selon le recensement de Circuit électrique –, a également raflé le prix Ville électromobile.
La stratégie d’électrification des transports de la ville implique le remplacement graduel de son parc de véhicules par des véhicules électriques, ainsi que l’électrification de ses autobus. Trois autobus électriques sont à l’essai sur la ligne 36-Monk jusqu’en décembre 2019. Quatre autres bus à recharge rapide, récemment commandés à BYD, s’ajouteront pour électrifier complètement cette ligne.
En aout 2018, Montréal a annoncé l’achat de 30 bus électriques de 40 pieds à recharge lente à New Flyer, et indiqué qu’elle achètera uniquement des bus électriques d’ici 2025.
Les municipalités candidates étaient évaluées en fonction de la part du budget municipal consacré à l’électromobilité; le pourcentage de la flotte de véhicules légers et d’autobus convertie à l’électricité; des mesures pour encourager la conversion de flottes en autopartage; du déploiement d’infrastructures de recharge et des incitatifs à l’adoption du véhicule électrique par les résidents ou entreprises.
Le prix de la catégorie Municipalités de 50 000 à 200 000 habitants a été remis à la Ville de Kingston, en Ontario.
Sur la photo d’introduction, Catherine Kargas, présidente du conseil de Mobilité électrique Canada, Alain Desjardins, directeur général de Plessisville, lauréate du prix, Michaël Houle, ICLEI Canada, et Heather Ferguson, Ontario Power Generation.
Éclair de génie électrique au concours Chapeau, les filles!
« Les filles veulent souvent s’investir dans les disciplines humanitaires, par exemple en santé, mais en génie, nous pouvons apporter quelque chose, développer une technologie en santé qui sauve des vies, c’est aussi une manière d’aider », lance Célia-Nour Mahrour-Venturelli, étudiante en génie électrique de 21 ans, l’une des lauréates du 22e concours Chapeau, les filles!
Le concours Chapeau, les filles! récompense annuellement les efforts et la réussite de femmes qui choisissent un métier traditionnellement masculin. Sur les 63 récipiendaires félicitées en 2018, trois étudient en génie électrique, deux en électronique des systèmes automatisés et une en montage de lignes. Électricité Plus cède la parole à deux de ces femmes pleines d’ambition, qui font un pied de nez aux métiers considérés traditionnellement masculins.
Étudiante de troisième année à l’École de technologie supérieure (ÉTS), Célia a choisi la discipline du génie électrique après qu’un test d’orientation professionnelle lui eut diagnostiqué qu’elle excellerait dans un emploi de… gestionnaire d’hôpital! « J’étais bonne en mathématiques et en physique, alors j’ai décidé de faire le tour des écoles d’ingénierie lors des journées portes ouvertes pour voir concrètement ce qu’était le génie », explique cette fille d’une mère avocate et d’un père microbiologiste.
Célia admet d’emblée avoir été inspirée par l’astronaute Julie Payette, qui anime à l’émission Découverte des capsules de vulgarisation scientifique, et dont la formation de base est justement le génie électrique. « Les technologies environnementales m’inspirent beaucoup, dévoile-t-elle. Dans mon stage deux, j’ai travaillé sur la technologie des éoliennes chez Hydro-Québec, et dans mon stage trois, je prévois m’investir dans les technologies ferroviaires. »
Pour Camille Bolduc, étudiante de première année en génie électrique également à l’ÉTS, l’histoire est toute autre : son père est électricien de métier. « Je l’ai toujours vu faire, j’aime que l’électricité soit quelque chose d’abstrait, qu’il faut essayer de comprendre ce qu’on ne voit pas », confie la jeune femme de 21 ans originaire de Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean. Elle a été initiée au domaine de l’électricité tant par son père que son grand-père qui étaient « des patenteux de garage », et dont elle garde de nombreux bons souvenirs.
Camille voulait d’abord éviter d’aller à l’université jusqu’à ce qu’elle « tombe en amour » avec le domaine de l’ingénierie en suivant une technique d’électronique industrielle au Cégep de Jonquière. L’un des projets étudiants qui l’a marquée : la fabrication d’un banc de scie automatisé. Le déclic s’est alors produit dans sa tête : il fallait qu’elle s’inscrive à l’ÉTS.
Prix Transport et Fais briller ta région!
Au concours Chapeau, les filles!, Célia-Nour Mahrour-Venturelli a remporté le prix Transport, dans le volet Excelle-Science, assorti d’une bourse de 2000 $. Elle utilisera son prix en argent pour financer une session à l’étranger, à Polytech Marseille. Il reste encore quelques détails à ficeler pour son voyage, mais elle a été acceptée au programme.
« Au Québec, nous avons l’électricité la moins chère, et je trouve bizarre que nous n’ayons pas plus de transport électrique. Je crois que c’est une question de culture et un enjeu économique. Également, il faut poursuivre le développement des panneaux solaires qui, encore là, n’est pas très inculqué dans notre culture, mais qui sera rentable dans quelques années. En tant qu’ingénieur, on a la force de prendre des décisions, le choix d’une technologie nous appartient. C’est notre job de convaincre les entreprises de passer à l’acte. »
Pour sa part, Camille Bolduc a raflé le nouveau prix Fais briller ta région!, dans le volet Excelle-Science. Dans son dossier de candidature, elle devait expliquer comment sa formation lui permettrait de faire rayonner sa région ou contribuer au développement d’un projet régional. « Je viens de Saint-Félicien, et autant j’avais hâte de partir pour Montréal, autant ma région me manque chaque jour, avoue-t-elle. Ce qui m’intéresse, c’est surtout les énergies renouvelables, alors j’ai parlé de la construction de parc éolien dans une région où il n’y en a pas encore. Pourtant, nous avons les grands espaces et tout ce qu’il faut pour en faire. »
Encore des préjugés
Interrogée sur les préjugés qui persistent à l’égard des filles en génie dans le milieu universitaire, Célia indique que les filles représentent 4 % des étudiantes inscrites à son programme. « Ça m’est déjà arrivé d’être la seule fille dans un cours, et de lâcher le cours. Quand on est une fille en génie, on est une minorité très visible. Dès qu’on pose une question ou qu’on manque un cours, on te remarque. Lors de travaux d’équipe, les filles se font souvent donner le rôle de secrétaire. »
Elle raconte qu’un gars lui a déjà servi le discours ‘‘ tu as trouvé ce travail parce que tu es une fille, sinon tu n’aurais pas été engagée’’. « Beaucoup de gens pensent réellement que tu as des privilèges simplement parce que tu es une fille, et pas parce que tu es très impliquée. Moi, je m’implique dans trois clubs étudiants, dont le club Les INGénieuses, qui milite pour l’intégration des femmes dans le génie, ce qui me prend de 10 à 15 h par semaine, je suis quatre cours et j’ai un travail à temps partiel. Je travaille sept jours sur sept. »
Camille, de son côté, indique que les préjugés sont beaucoup moins communs à l’ÉTS qu’au cégep où elle a étudié. « J’étais toujours toute seule dans les travaux d’équipe. Le milieu universitaire est plus ouvert, même si nous sommes seulement quatre filles sur 80 dans ma cohorte. » Le prix qu’elle a remporté au concours Chapeau, les filles! lui a fait vraiment plaisir. « J’étais fière de me retrouver parmi ces femmes au parcours inspirant. Moi, je suis seulement en première année de mes études, mais je suis contente de faire partie de ce groupe de filles. »
La jeune femme aspire à travailler dans le domaine des énergies renouvelables ou dans le développement des véhicules électriques, peut-être dans sa région. Elle « ne ferme pas la porte », mais elle verra les occasions d’emploi qui s’offriront à elle.
Pour Célia, il lui reste encore un an à réfléchir à la profession qu’elle souhaiterait exercer. Encore indécise, elle a toutefois suivi un cours d’entrepreneuriat qui l’a particulièrement allumée, ne reste qu’à trouver l’idée de génie qu’elle pourrait exploiter. « Mon plus grand rêve serait de trouver une idée comme l’entreprise américaine Tesla avec le moteur électrique, et fonder mon entreprise au Québec, songe-t-elle. Ce serait vraiment une fierté. »
Les autres lauréates sont Julie Maince, étudiante en électronique de systèmes automatisés au Centre régional intégré de formation de Granby (prix Santé et sécurité au travail de la CNESST); et Marie-Hélène Deschamps, étudiante en électronique de systèmes automatisés au Centre d’études professionnelles Saint-Jérôme (prix Arts du ministère de la Culture et des Communications); Valérie Gauthier, étudiante en génie électrique, électronique et des communications à l’Université de Sherbrooke (prix Excelle Science du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur) était absente lors de la prise de photo.
Toutes les photos sont une gracieuseté du concours Chapeau les filles!
Des filles allumées par l’électricité
Elles sont persévérantes, déterminées, audacieuses, mais surtout, elles ont choisi un métier qui les passionne. Le 21e concours Chapeau, les filles! a récompensé les étudiantes qui ont choisi d’entreprendre un parcours scolaire dans un métier traditionnellement masculin. Parmi les 58 lauréates du concours 2016-2017, huit récipiendaires s’illustrent dans le domaine de l’électricité.
Électricité Plus s’est entretenu avec deux des gagnantes, qui lorgnent un avenir prometteur en électricité. Marie Esther Bedard, 29 ans, a été parmi les jeunes femmes récompensées. Technicienne de scène pour des évènements dans la capitale québécoise, elle s’est inscrite au diplôme d’études professionnelles (DEP) en électricité au Centre de formation professionnelle (CFP) Gabriel-Rousseau de St-Romuald.
« Au début, c’était surtout pour me perfectionner, je visais un poste de chef-éclairagiste et obtenir plus de compétences. Puis, je me suis laissée prendre à mon propre jeu. J’ai commencé à aimer l’automatisation, un aspect plus futuriste du métier d’électricien. Je voulais aller chercher un diplôme pour me donner un plan B. » Son expérience en tant que technicienne de scène l’a beaucoup aidée dans son parcours scolaire puisqu’elle connaissait déjà des techniques de gréage, soit l’utilisation d’équipement de levage, de tension et de connexion et savait comment monter et démonter des installations en hauteur.
En montrer aux gars
« J’étais la seule fille de ma cohorte, et j’en montrais aux gars, explique-t-elle au bout du fil. J’avais d’excellentes notes, dans certains cours, j’avais uniquement des 100 %. C’est sûr qu’au début, comme seule fille, il faut faire ta place. Puis, j’ai eu la chance qu’une autre fille s’inscrive au programme, et j’ai pu travailler en équipe avec elle. Nous avons participé aux Olympiades des métiers, et nous nous sommes rendues jusqu’aux régionales. »
L’une des embûches qu’elle a rencontrées en tant que femme a été surtout de faire face à des commentaires sexistes d’un professeur. « J’ai même eu à intervenir, car je sentais que ma collègue n’avait pas apprécié la « blague » de ce professeur. Même les gars de notre classe ont réagi, ce qui m’a donné la tape dans le dos nécessaire pour faire quelque chose. J’en ai parlé au responsable du programme qui est intervenu auprès de l’enseignant. Cela l’a fait réfléchir. »
Aller plus loin
Cette mésaventure n’a pas découragé Marie Esther, loin de là! Celle qui a terminé son DEP en décembre 2016 se dirige maintenant au collégial vers une technique de l’électronique industrielle au Cégep de Limoilou, en septembre. « J’ai eu une offre dans une entreprise d’automatisation dans le secteur industriel pharmaceutique, mais je vise même de travailler pour Hydro-Québec ou pour le gouvernement, dans les hôpitaux, par exemple. »
Marie Esther rêve de « révolutionner le monde de l’autosuffisance énergétique ». Elle dit avoir en tête plusieurs idées pouvant correspondre au principe de maisons autosuffisantes, dont elle doit taire le secret pour le moment.
Marie Esther a été récipiendaire du prix à une élève de la formation professionnelle francophone.
Curieuse de maintenance
De son côté, Tracy Boivin-Nadeau, 28 ans, a eu le déclic pour un métier en électromécanique de systèmes automatisés en travaillant comme opératrice à l’usine Meubles Foliot de Saint-Jérôme. En regardant l’équipe d’électromécaniciens intervenir sur un bris, sa curiosité pour ce métier spécialisé a tout de suite été piquée. Elle a beaucoup hésité, mais s’est finalement inscrite dans ce domaine au CFP des Moulins, à Terrebonne. « Il faut faire sa place en tant que femme, dit-elle, en écho aux propos de sa consœur ci-haut. Le métier est exigeant, surtout physiquement. Il faut leur montrer que ce n’est pas parce que je suis une fille que je vais être moins rapide ou moins forte. »
Résoudre des problèmes, réagir avec promptitude et efficacité sur une chaîne de production, rien de cela ne l’effraie. « Le travail sous pression ne me dérange pas. J’ai l’intérêt de comprendre le fond des choses », admet-elle. Les métiers traditionnellement masculins, Tracy s’y connait. Elle a auparavant complété un cours en charpenterie-menuiserie, il y a cinq ans. Se consacrant à ses études à temps plein, elle terminera sa formation en février 2018 et espère rejoindre une équipe de maintenance comme celle qu’elle a vue à l’œuvre dans son emploi précédent – « pour boucler la boucle », dit-elle.
Éventuellement, elle aimerait surtout vivre l’expérience d’exercer son métier dans le fond d’une mine. « Parce que c’est hors du commun, je veux aller plus loin. Je suis une curieuse de nature! »
Tracy Boivin-Nadeau a remporté le prix Technologies de pointe à l’instar d’Amélie Richard, étudiante en technologies de l’électronique industrielle.
Autres lauréates
Les autres lauréates du domaine de l’électricité sont Tricia St-Amand-Loranger, étudiante en électricité au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité à LaSalle (prix Équité); Chloé Mireault-Lecourt, étudiante en génie électrique à l’Université de Sherbrooke (prix Excelle Science); Vicky Lemaire-Ouellet, étudiante en électricité au Centre d’études professionnelles de Saint-Jérôme (prix Mixité en chantier); Kariane Gélinas-Flageole, étudiante en électricité de l’école professionnelle des Métiers de Saint-Jean-sur-Richelieu (prix Santé et sécurité au travail); et Laurie Marceau, étudiante en génie de la production automatisée de l’École de technologie supérieure (ÉTS) de Montréal (prix Transports).
Les photos sont une gracieuseté du concours Chapeau les filles!