Les écofrais ont soulevé beaucoup de protestations, tout comme la fameuse « taxe » pour le recyclage des magazines provoque des levées de bouclier : faisant face à une facture de plusieurs millions de dollars, les quatre plus gros éditeurs ont décidé de contester la légalité de cette taxe devant les tribunaux. « En imposant une « taxe » exorbitante et injuste aux magazines québécois pour payer en partie la collecte municipale des matières recyclables, le ministère québécois de l’Environnement menace la survie de plusieurs magazines et nuit grandement au développement des autres, cela à un moment où l’industrie du magazine peine à se remettre de la crise économique », affirme Robert Goyette, président de l ‘Association québécoise des éditeurs de magazines (AQEM). « Le ministère déshabille St-Pierre pour habiller St-Paul, une très mauvaise idée. »
C’est moins dommageable en ce qui concerne les écofrais, car ceux-ci n’entraineront pas de fermetures ni de licenciements. Au contraire, on voit plutôt des créations d’emplois et une activité économique supplémentaire (camionnage, matériel d’entreposage, équipement de traitement, etc.).
Pour plusieurs entreprises qui vendent des lampes contenant du mercure, en particulier les tubes fluorescents, les écofrais sont carrément une taxe. L’une de personnes interviewées dans le cadre du présent article définit une taxe comme étant « une somme d’argent à payer obligatoirement, imposée, sans qu’on en retire un bien ou un service dont on a fait la demande ». À leurs yeux, on vient d’augmenter le prix de ces marchandises sans obtenir un produit de meilleure qualité ou offrant une meilleure performance.
Mais le ministère du Développement durable, Environnement, Faune et Parcs pense autrement. Il l’a clairement indiqué dans un communiqué de presse publié le 28 septembre 2012 et que l’on peut consulter en cliquant http://www.mddefp.gouv.qc.ca/infuseur/communique.asp?no=2248 . Le ministère y mentionne en particulier :
Plutôt que d’imposer une taxe aux consommateurs, le gouvernement du Québec a confié aux producteurs, c’est-à-dire les détenteurs de marques et les premiers fournisseurs, la mise en œuvre de ces programmes. La responsabilité de la récupération et de la valorisation des produits visés n’est ainsi plus celle des municipalités mais bien celle des producteurs qui auront dorénavant tout intérêt à privilégier des matériaux facilement récupérables afin de réduire leurs coûts. De plus, les programmes de récupération permettront aux consommateurs d’avoir accès gratuitement à des points de dépôts lorsqu’ils se départiront de leurs appareils (de leurs lampes en fin de vie utile – ndlr).
Bien que les entreprises aient la possibilité de rendre visible le coût de récupération des produits, à titre informatif, elles ne sont pas tenues de le faire. Cependant, en aucun temps elles ne peuvent l’afficher comme un ajout au prix initial, tel les taxes de vente. Ainsi, à l’exception de la TPS et TVQ, aucun montant ne peut être ajouté au prix d’un téléviseur annoncé dans une publicité, dans une circulaire ou sur un élément d’affichage en magasin (même chose pour les lampes – ndlr).
Il semble surtout que le projet de mise en œuvre d’un système de financement pour la récupération et le recyclage des lampes contenant du mercure n’était pas ficelé au gout des grands utilisateurs et des vendeurs de ces lampes. Ce qui irrite davantage, c’est l’organisation des points de dépôts qui, eux, peuvent engendrer des dépenses supplémentaires, ce qui explique que le réseau tarde à se développer normalement. L’équipe de RecycFluo doit investir d’énormes efforts pour parvenir à faire mettre sur pied de tels points de dépôt.
Avec la façon de présenter les choses, tel qu’exprimé dans le communiqué de presse du 28 septembre 2012, plusieurs vendeurs de lampes considèrent que le ministère se cherche un bouc émissaire pour porter l’odieux de cette taxe/frais qu’il ne veut pas lui-même assumer. Le ministère aura, semble-t-il, beaucoup de travail à faire pour apaiser le malaise que ressentent les vendeurs de lampes.