Comme le titre le dit, je veux me pencher encore une fois sur le bleu, une couleur qui donne tellement d’ennuis quand on parle d’observations astronomiques.
Pour mettre les choses dans la bonne perspective, précisons : les soucis proviennent de la composante bleue du spectre visible, donc de la partie bleuâtre de la lumière blanche.
Pour être encore plus précis, rappelons que la réduction de la pollution lumineuse passe par l’intervention sur quatre paramètres d’un système d’éclairage extérieur : la quantité de lumière émise, sa direction, le temps de fonctionnement du système d’éclairage et la couleur de la lumière émise. Malgré ça, de nos jours, plusieurs continuent à crier seulement contre la couleur, c’est-à-dire contre un seul des éléments qui sont à gérer. Il a été rapidement oublié qu’à l’époque où la lumière jaune (émise par les sources au sodium à haute pression) était la championne de l’efficacité énergétique (nous parlons ici de nos 25 dernières années !), la pollution lumineuse existait.
Maintenant, la championne de l’efficacité énergétique est la diode électroluminescente (DEL). Elle nous offre une belle efficacité en émettant beaucoup d’énergie dans la partie bleue du spectre. Et le bleu se reflète le plus dans le ciel… Ça veut dire que maintenant nous devons l’éliminer ! Ce qui m’a rendu un peu nostalgique, et m’a fait pleurer le… bleu.
Je veux avouer que ma passion pour le ciel étoilé n’est pas de nature astronomique mais plutôt romantique. Le ciel étoilé m’a toujours inspiré à trouver les mots d’amour. (J’ai regardé dans un télescope pour la première fois il y a environ cinq ans seulement !).
Et la vie a voulu que j’étudie l’éclairage et que j’aie une révélation en passant près d’un terrain de soccer durant une partie disputée en soirée (c’était en 1992).
Mais ma vie, mon amour pour l’art ou pour la poésie, carburent au bleu : la période bleue de Picasso, l’immensité du ciel bleu, la beauté des profondeurs bleues des mers et océans, la belle planète bleue…
C’est pour ça qu’en écoutant tous ces détracteurs, j’ai senti le besoin de réagir, de redonner à cette couleur sa place dans nos vies.
Si on regarde l’étymologie (extrait de Wikipedia) « bleu vient de l’ancien français blef, blev, qui dérive lui-même de blanc ; du franc blao à rapprocher de l’allemand blau. […]
Dans l’augmentation progressive du nombre de termes de couleur notée dans les langues du monde, le bleu apparaît seulement en sixième, quand les langues ont déjà séparé le noir, le blanc, le rouge, le vert et le jaune. Dans les langues européennes, cette distinction est apparue au Moyen Âge. Auparavant, les bleus se décrivent soit comme des nuances de blancs, soit comme des variétés de noirs ou de verts. »
Il serait bon de continuer la lecture sur le lien mentionné plus haut pour découvrir les « 5 Utilisations/ 5.1 Signaux bleus ; 5.2 Utilisations commerciales ; 5.3 Utilisations politiques ; 5.4 Expressions et proverbes ; 5.5 Alimentation et gastronomie ; 5.6 Tissus et vêtements ; 5.7 Usages sportifs ; 5.8 Usages divers ».
Pour compléter cet article français de la célèbre encyclopédie en ligne, nous allons ajouter comme applications très utiles le livre Bleu d’Hydro-Québec, le livre Bleu de la SAAQ et le livre Bleu de la FQM.
On va se rendre maintenant dans une zone peut-être moins connue.
J’ai découvert dans les années ’80 le livre de Mary Anderson « Colour Healing: Chromotherapy and How It Works » (Guérison par la couleur : chromothérapie et comment ça marche) dans un autre pays et durant une époque où le simple fait de parler de « chakra » était vu comme un crime (oui, c’était un livre interdit !).
Même aujourd’hui plusieurs sont moins sensibles à cette approche – méridiens énergétiques, les sept corps subtils etc. – et ce n’est pas le but de ce texte de détailler la partie ésotérique (ceux qui sont intéressés peuvent trouver facilement l’information sur Internet et voir que les trois chakras du haut du corps – cou, front, haut de la tête – sont associés à trois nuances de bleu).
Récemment je suis tombé sur un document publié dans la « US National Library of Medicine / National Institutes of Health » et intitulé : « A Critical Analysis of Chromotherapy and Its Scientific Evolution » ( http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1297510/ – Une analyse critique de la chromothérapie et son évolution scientifique) par Samina T. Yousuf Azeemi et S. Mohsin Raza. Ce que les auteurs disent sur la composante bleue de la lumière semble très intéressant : des études réalisées dans les années ’50 ont démontré que l’exposition des bébés prématurés à la lumière soignait la jaunisse néonatale. Dans les années ’60, les transfusions ont été remplacées par le traitement à la lumière et un peu plus tard la lumière à spectre complet a été remplacée par la lumière bleue (qui s’est montrée plus efficace). C’est le traitement qu’on applique encore de nos jours.
En 2014, des scientifiques allemands et britanniques ont incorporé un interrupteur moléculaire synthétique, sensible à la lumière bleue dans un composé de sulfonylurée – une classe de médicaments largement utilisés pour régler les niveaux de glucose dans le sang chez les patients atteints de diabète de type 2 (Blue LED light enables control of insulin secretion – http://www.bioopticsworld.com/articles/2014/10/blue-led-light-enables-control-of-insulin-secretion.html ). Comme ça, la lumière bleue peut déclencher la production dl’insuline. Fini les seringues !
Je me suis souvenu par après de tout ce que j’avais lu sur les LASER (LASER = Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation – amplification de la lumière par émission stimulée de rayonnement). Le premier usage des LASER en médecine a été réalisé en 1962 par un dermatologue pour enlever des tatouages (Dr. Leon Goldman). Si vous voulez en apprendre davantage sur l’évolution des LASERs et de leurs applications, il est recommandé de lire « A History Of The Laser: A Trip Through The Light Fantastic – en cliquant ici ». Vous avez deviné, je veux énumérer quelques-unes des applications du LASER bleu produit dans des gaz (hélium-cadmium à 441,6 nm ou argon-ion à 458 et 488 nm) ou dans des semi-conducteurs (indium gallium nitride) : lecteurs Blu-ray, projecteurs DLP et 3LCD, équipement électronique, diagnostic médical, dispositifs de lévitation magnétique etc.
Vous vous demandez peut-être encore : pourquoi tout cet hymne à la couleur bleu ?
C’est ma réponse à cette campagne de peur lancée dans plusieurs quotidiens et qui concerne la composante bleue de la lumière visible. Sans ignorer aucun des signaux d’alarme tirés par certains professionnels, je suggère de regarder la partie positive, d’apprendre à connaitre la technologie et de l’utiliser à notre avantage.
À un moment où nous avons entre nos mains une des plus flexibles technologies d’éclairage (la revue LD+A annonce dans son dernier numéro l’éclairage routier adaptatif – page 50), tirer des signaux d’alarme peut générer du progrès. Présenter des images d’horreur, des informations incomplètes, c’est improductif et très dangereux.
Nous parlons de personnalisation dans tous les domaines, nous faisons des efforts pour acquérir plus de données pour offrir des services répondant aux besoins réels des usagers, ça veut dire que nous sommes capables de contrôler nos systèmes d’éclairage et de les accorder avec la vie.
L’éclairage d’aujourd’hui n’est plus du tout ce qu’il était il y a quelques années, ni du point de vue technique, ni du point de vue de ses effets. Le connaitre c’est le maitriser. Le maitriser c’est pouvoir l’utiliser correctement pour nos besoins.
Les vrais résultats positifs seront obtenus avec une attitude positive, constructive. Donner aux gens des outils (des normes), leur donner l’information (formation au sujet des normes), leur donner du support (informations techniques sur la technologie, financement pour des systèmes intelligents, etc.) amènera plus de résultats que tout film d’horreur transposé dans les pages des journaux.
Pour terminer :
Il est important de vous parler du mois de février chez IDA Québec : élections (donc nouveau CA) et la fin de la période de consultation publique pour la norme 4930-100 du BNQ. Deux événements qui méritent plus d’attention et auxquels je me propose de leur consacrer ma prochaine chronique.
ndlr : 1) Les informations, idées et opinions présentées dans cette chronique sont de la seule responsabilité de son auteur, M. Mihai R. Pecingina.
2) Mihai R. Pecingina, ing. est membre de l’équipe de Consultants DND. Il est aussi membre du CA d’IDA Québec et membre du CA d’IES Montréal. On peut joindre M. Pecingina à mpecingina@dndinc.ca , tél. : 514-795-0363.