La robotique collaborative, une discipline nichée au carrefour de trois secteurs de l’ingénierie (génie électrique, génie mécanique et génie informatique), aura son propre programme de formation dès la rentrée d’automne. Cette initiative, née d’une subvention de 3,5 M$ de la part du Conseil de recherches en sciences naturelles et génie Canada (CRSNG), vise à pallier à la pénurie de main-d’œuvre et à favoriser la compétitivité dans le secteur manufacturier, en pleine progression au Québec.
Le programme Enabling Technologies for Collaborative Robotics in Manufacturing – CoRoM, en abrégé – une formation interdisciplinaire unique en son genre sera offerte aux étudiants des cycles supérieurs, à la maîtrise ou au doctorat, à l’Université de Sherbrooke, à l’École de technologie supérieure et à l’Université Laval. Tout en favorisant les candidates féminines ayant un intérêt en robotique ou en ingénierie appliquée, le programme permettra aux étudiants d’effectuer des stages en industrie afin de développer sur le terrain la collaboration entre les robots et les humains.
« Les robots actuellement en poste dans les industries sont enfermés dans des cages, question de sécurité. En progressant dans le secteur de la robotique collaborative, nous voulons faire en sorte que les robots soient capables de collaborer avec l’humain de façon tout à fait sécuritaire », a expliqué Vincent Duchaine, co-chercheur du programme et professeur au Département de génie de la production automatisée à l’École de technologie supérieure.
Déjà, dix partenaires industriels ont rejoint le projet, soit GE Bromont, Magna International, Pratt & Whitney Canada, Robotiq, Exonetik, Merkur, SECM-Gt International, Kinova Robotics, AV&R et Revtech. Ceux-ci offriront notamment des opportunités de projets de recherche concrets aux étudiants, qui pourront mener éventuellement à des emplois de qualité et faire place à des transferts technologiques.
« Ce programme novateur vise à créer une synergie entre la recherche, la formation et les interactions avec la communauté. Il s’agit d’une opportunité pour ramener la production manufacturière au Canada. Ce qui est intéressant, c’est que la robotique collaborative peut s’ancrer dans plusieurs domaines manufacturiers, dont l’industriel, la logistique, l’agricole et le médical », précise le directeur du CoRoM François Michaud, professeur au Département de génie électrique et de génie informatique de l’Université de Sherbrooke.
Objectif : 160 étudiants
En six ans, le programme vise l’objectif de former 160 étudiants hautement qualifiés, qui auront été formés au minimum à 20 % en industrie. « Ce nouveau marché immense dépasse grandement le marché traditionnel de la robotique industrielle des 50 dernières années. Il s’agit d’une réalité canadienne actuelle, comme pour le reste du monde. Ce marché émergent amène une croissance importante des entreprises dans ce domaine, et une pression énorme sur le recrutement de main-d’œuvre qualifiée », a souligné Jean-Philippe Jobin, vice-président, recherche et développement chez Robotiq, l’un des partenaires industriels.
Précisons que la subvention de 3,5 M$ a été octroyée sur six ans par le biais du Programme de formation orienté vers la nouveauté, la collaboration et l’expérience en recherche (FONCER) du CRSNG. De ce montant, 1,65 M$ provient du CRSNG, 1,14 M$ des partenaires industriels et de l’organisme à but non lucratif Mitacs, qui établit des partenariats entre universités et industries, et le reste provient des universités partenaires.