Le quartier général de service du roi québécois des véhicules lourds électriques, Lion électrique, est désormais à Terrebonne pour la livraison, la réparation, l’entretien des véhicules et l’entreposage des pièces de rechange. On y retrouve également son centre de télémétrie (la technologie de gestion de flotte de véhicules Lion Beat) et les infrastructures de recharge Lion Énergie. Le centre compte aussi une équipe pour le financement des véhicules vendus, veillant à faire profiter les clients de toutes les formes de subventions possibles et des sources de financement de type bancaire au privé, de même que les solutions de location. L’inauguration officielle a eu lieu le mardi 7 septembre en présence de plusieurs clients et de représentants de la presse québécoise.
Le Centre d’expérience Lion est notamment conçu pour faire de la démonstration et de la formation, son académie. Il est le point d’attache d’une équipe composée de ses meilleures ressources en électrification des transports. Le centre a été pensé pour bien soutenir la clientèle, pour lui permettre de consacrer 100% de ses énergies à ses activités de base. Présentement, une soixantaine de personne y travaille, nombre qui pourrait grimper à une centaine dans les prochains mois, suite à la livraison des centaines de véhicules en commande.
Le Centre d’expérience est situé dans un complexe d’une superficie de plus de 48 000 pi2 doté de six baies de service, d’un important parc de bornes de recharge Lion Énergie, de quatre portes de garage pour le service, ainsi que d’un grand espace de bureaux. Cette installation à Terrebonne permet donc à l’entreprise de gagner autant d’espace à son usine de St-Jérôme. À noter que les premiers autobus scolaires électriques vendus ont déjà parcouru plus de 125 000 kilomètres, ce qui laisse soupçonner qu’ils ont besoin d’entretien.
Parlant d’entretien, certains clients consultés ont révélé que leurs couts d’entretien ont diminué de 65% par rapport à l’entretien régulier des autobus au diesel. Parmi les facteurs permettant cette réduction de couts, notons que le système de régénération d’énergie s’active dès que la personne au volant lève le pied de l’accélérateur, ce qui réduit de beaucoup le besoin de freiner, donc épargne les freins d’autant, dont la durée de vie est elle-même prolongée jusqu’à trois fois environ. Les conducteurs et conductrices sont donc appelé.e.s à modifier leurs habitudes de conduite.
Le Centre d’expérience de Terrebonne représente le modèle principal pour la poursuite du développement du réseau de Lion en Amérique du Nord. Il devient ainsi le 8e site de ce type de l’entreprise, les sept autres étant situés chez nos voisins du sud; d’ailleurs, quatre autres centres d’expérience Lion seront bientôt mis sur pied aux États-Unis, soit au Vermont, en Virginie, au Minnesota ainsi qu’au Tennessee, en plus d’en prévoir au moins un près ou dans l’usine de l’Illinois, qui entrera en production au cours de 2022.
La Société a ainsi mis sur pied le premier et le plus important réseau de centres de services zéro émission entièrement dédiée à l’électrification du transport de poids moyen et lourd en Amérique du Nord, opérationnel depuis mai dernier. Deux autres centres seront construits au Canada au cours des prochains mois, soit à Moncton et à Vancouver. Et ce n’est que le début; au fur et à mesure que des véhicules seront vendus dans différents états et différentes provinces, d’autres centres d’expérience seront mis sur pied.
Lion électrique a donc choisi, tout comme Tesla, de distribuer elle-même ses véhicules et d’assurer tous éléments liés à leur utilisation, allant du choix du véhicule idéal pour répondre aux besoins de ses clients, à la planification des installations de recharge nécessaires, à l’entretien et aux réparations, en plus de fournir des informations de fonctionnement aux clients via la télémétrie Lion Beart. Présentement, les travaux d’installation des équipements de recharge au Québec sont confiés à l’entreprise Malco électrique, de Blainville, jeune entreprise existant depuis cinq ans et embauchant quelque 25 personnes. Malco travaille en étroite collaboration avec Hydro-Québec et ensemble ils ont développé la mécanique permettant de revendre au réseau l’électricité stockée par les véhicules lourds. En revendant l’électricité aux heures de pointe, donc au taux le plus élevé possible, et en rechargeant pendant les périodes à plus faible demande globale du marché, à taux moindres, les propriétaires de ces véhicules peuvent engranger un certain profit qui vient éponger les couts de ces véhicules tout en profitant à Hydro-Québec pour amoindrir le pic de demande en heures de pointe.
Malco est déléguée par Lion électrique pour aider les clients à choisir les bornes de recharge idéales, s’assurant que les modèles choisis ne soient ni trop gros, ni trop petits. Déjà plusieurs histoires d’horreur sont connues dans ce domaine, alors que les électromobilistes ont investi beaucoup trop pour les besoins qu’ils ont à combler. Dans d’autres cas, le manque de capacité de certains équipements rallonge considérablement le temps de recharge. Reste que leur tâche principale est de planifier les centres d’énergie comme ceux de Lion elle-même et de son client dont Électricité Plus a parlé récemment, Autobus Groupe Séguin, de Laval. L’expertise de Malco est un précieux apport à l’électrification des véhicules lourds au Québec.
Au stage de la fabrication, l’entreprise Lion électrique fait appel à de nombreux sous-traitants, comme le mentionnait Yannick Poulin, chef de l’exploitation, lors d’une entrevue accordée au magazine MCI : la pénurie de main-d’œuvre est le principal obstacle à la croissance. Lion ne cache pas que cette pénurie est un des facteurs qui entraine le fabricant d’autobus et camions électriques à recourir à la sous-traitance. « La gestion de notre chaine d’approvisionnement, c’est une question qui est de tous les instants chez Lion. Nous sommes une entreprise en pleine croissance dans un marché de l’électrification des transports qui est encore très immature. On n’est pas différents des autres donneurs d’ordres. On doit se retourner [vers] une sous-traitance que l’on souhaite locale, pour des raisons d’agilité, de couts», de dire Yannick Poulin.
La question de la main d’œuvre explique d’ailleurs en partie la raison pour laquelle Lion aura, une fois son usine de batteries et son centre de recherche et développement construits, cinq installations à l’intérieur d’un triangle d’à peine 100 kilomètres : l’usine principale à St-Jérôme, le centre d’expérience à Terrebonne, ainsi que l’usine de batteries, le centre d’innovation et l’usine de minibus à l’Aérocité internationale de Mirabel. Il lui sera certainement plus facile de recruter le personnel nécessaire parmi ces municipalités et celles environnantes que d’essayer d’embaucher ses 900 employé.e.s dans une même municipalité des basses Laurentides. D’autre part, si une catastrophe quelconque se produisait dans l’une de ses installations, les quatre autres continueraient de fonctionner.
Le journaliste Richard Dufour, de La Presse, a profité de la rencontre d’inauguration chez Lion électrique à Terrebonne pour soulever la question de la tendance baissière de Lion en bourse, elle qui avait atteint 35,25$ USD au printemps (44,50$ CAD) et qui se négocie aux environs de 14,10$ CAD au moment d’écrire ces lignes le 8 septembre, soit une chute d’environ 68%. Lire l’article de La presse. Le même journaliste a publié un article le 22 aout dernier, parlant du fait que le Président-fondateur de Lion Marc Bédard a levé 900 000 actions au cours de la semaine du 16 au 20 aout au cout de 94 cents et les revendant entre 17$ et 15$, le cours chutant de jour en jour. Lire cet autre article de Richard Dufour. Il va sans dire qu’une nouvelle émission de 900 000 actions à faible cout dilue la valeur de celles-ci, ce qui a froissé certains investisseurs institutionnels. Ceux-ci n’apprécient pas ce genre de transaction au moment où la compagnie est en période déficitaire, ce qui est le cas de Lion électrique; ils ont eux aussi liquidé un certain nombre d’actions, leur confiance étant également en chute envers l’entreprise.
La photo en introduction montre les vérins hydrauliques mobiles utilisés pour soulever les véhicules par les roues, ce qui fait que ces véhicules se retrouvent en position qui leur est normale; il n’est donc pas question de mettre à contribution des composants de châssis ou autres du dessous pour soulever les véhicules et effectuer les vérifications d’usage, l’entretien, et, le cas échéant, les réparations.
NDLR: Électricité Plus a des intérêts financiers dans La Compagnie Électrique Lion.