De Montréal à Stuttgart en Allemagne, en passant par Paris, Indianapolis et San Francisco, chaque nation a buté sur des défis en chemin vers l’implantation d’un modèle innovant de transport électrique. Un panel d’experts dans le développement d’une flotte automobile électrique a partagé son expérience sur le terrain dans le cadre de la conférence « Véhicules électriques : des modèles en mobilité innovante », tenue au Symposium EVS29, le 22 juin.
Pascal Blouin, ingénieur chargé de projet pour l’Institut du véhicule innovant (IVI), et Thierry St-Cyr, directeur des opérations et affaires publiques de Taxelco, maitre d’œuvre du déploiement de la flotte Téo Taxi, ont présenté le projet-pilote lancé en novembre dernier. Les données recueillies démontrent déjà l’efficacité des modèles Kia Soul et Tesla S de la flotte. Durant les 18 premiers mois d’opération, l’IVI offre son expertise technique en plus de colliger de l’information sur la performance de la flotte à l’intérieur de différents paramètres : en fonction de la météo, du modèle de véhicule et de la longueur des courses.
M. St-Cyr a abordé les pièges au point de vue humain, difficiles à éviter, dans les modèles d’autopartage. Pour changer les habitudes de vie des Montréalais en matière de transport, il fonde ses espoirs en Téo Taxi.
Direction : l’Europe
Katja Gicklhorn, chargée de projet pour e-mobil BW, agence d’État pour le développement de solutions en mobilité électrique dans la région allemande de Baden-Württem, a cité l’avancement des technologies et le nombre croissant de joueurs sur le marché du véhicule électrique parmi les plus grands défis à surmonter. Ses résultats se montrent par contre encourageants : après 34 projets financés, la région de la capitale de Stuttgart, qui accueillera le rendez-vous d’EVS30 en 2017, dénombre 2 000 véhicules électriques, 1 000 points de charge, pour l’équivalent de 18 millions de kilomètres parcourus. « Fait important à retenir : quelque 900 000 personnes sont maintenant mieux informées sur le transport électrique », a-t-elle souligné.
Du côté de la France Jean-Luc Montfort, du Groupe Bolloré et de Blue Solutions, a présenté le service public d’automobiles électriques à succès Autolib’. Plus de 4 000 voitures bleues (Bluecar) circulent en libre-service entre les frontières de l’Île-de-France et se rechargent sur plus de 6 000 bornes électriques. « Il s’agit du plus large et plus accompli service d’autopartage de voitures électriques avec 200 000 abonnés et 90 millions de milles parcourus », a partagé M. Montfort, stipulant que le samedi était la journée la plus achalandée en terme de déplacements par Autolib’.
États-Unis
Du côté d’Indianapolis, après l’implantation du BlueIndy en septembre 2015, Blue Solutions avait l’œil tourné vers Montréal, mais le modèle ne cadrait pas avec les politiques montréalaises qui privilégient la concurrence entre plusieurs compagnies. Ainsi, l’entreprise entend prochainement courtiser la capitale d’Italie, Rome, et éventuellement électrifier d’autres flottes de transports, notamment le bateau et l’autobus.
Les leçons de San Francisco
À moindre échelle, Philip Sheehy, d’IFC International, a comparé les précédents modèles présentés à celui qui a vu le jour à San Francisco. Le directeur technique de la firme de services professionnels avait pour mandat d’examiner les projets d’autopartage financés par la Commission des transports métropolitains. Parmi les soumissions, seulement trois projets ont été retenus pour un total de 16 voitures à zéro émission. La zone métropolitaine étant relativement restreinte, les utilisateurs parcourent en moyenne sept milles en véhicule électrique. Si les Ford Focus BEV et Nissan Leaf ont bien performé, les Ford C-Max PHV n’ont pas eu les résultats escomptés.
« Nous nous sommes rendu compte que 40 à 45 % d’entre elles n’étaient pas chargées correctement par les usagers. Ce n’était pas un problème de technologie, mais un problème de comportement des utilisateurs », a expliqué M. Sheehy. Il croit qu’il reste encore du travail à faire afin de conscientiser les usagers de services d’autopartage électrique. En période de questions, répondant à un congressiste, ce dernier a par ailleurs suggéré de pénaliser les utilisateurs qui auraient omis de brancher le véhicule après s’en être servi.
« Les gens réagissent à l’argent », a-t-il conclu, faisant valoir que les services d’autopartage conventionnels disciplinent ainsi les usagers qui oublient, par exemple, de remplir le réservoir à essence ou qui ont dépassé le temps imparti de prêt de voiture.