La photo en introduction a-t-elle été prise dans le Tiers-monde, en 1950? Pas vraiment. À Montréal, en 2023! C’est à croire que les échelles étaient en grève. Comment peut-on s’imaginer qu’on puisse travailler en toute sécurité avec une pareille installation? Non seulement l’escabeau est sur un échafaud, mais celui-ci est mobile, sans cran d’arrêt aux roues. Et encore, seulement deux des quatre roues sont immobilisées par des sacs d’absorbant d’huile qui pourraient eux-mêmes, par leur poids, faire bouger l’échafaud en question. La première responsabilité d’un travailleur n’est-elle pas sa sécurité, pouvoir rentrer chez lui en fin de journée?
Risques inutiles
Quelque 700 chutes sont recensées chaque année au Québec par la CNESST; plusieurs sont mortelles. D’ailleurs, un père de deux enfants, âgé de 43 ans, Dave Sévigny, à l’emploi de S.O.S. Béton inc, de Princeville, a fait une chute mortelle à Victoriaville, le 2 décembre 2022.
Le jour de l’accident, le travailleur se trouvait sur le toit d’un édifice de cinq étages en construction pour poncer et nettoyer la dalle de béton à l’aide d’un aspirateur. Sur tout le périmètre du toit se trouvait un parapet d’environ 40 cm (16 po) de haut. Alors qu’il se déplaçait à reculons en longeant le parapet, le travailleur l’a heurté et a perdu l’équilibre. En l’absence d’un garde-corps dans cette section, et sans harnais de protection contre les chutes pour le retenir, le travailleur est tombé d’une hauteur d’environ 15 m. Il a été transporté à l’hôpital, où son décès a été constaté. Bien que ce soit trop tard pour le faire, à la suite de l’accident, la CNESST a interdit tout travail sur le toit et a exigé l’installation d’un garde-corps conforme au Code de sécurité pour les travaux de construction sur tout le pourtour du toit.
À noter que lorsque les travailleurs sont exposés à un danger de chute de plus de 3 m, l’employeur doit installer des garde-corps pour empêcher la chute ou utiliser un autre moyen assurant une sécurité équivalente. Si ce n’est pas possible, il doit s’assurer que les travailleurs utilisent un harnais relié à un point d’ancrage. C’est aussi la responsabilité des travailleurs d’exiger un milieu de travail sécuritaire. Pour consulter le Code de sécurité pour les travaux de construction, cliquer ici.
Bien que les prescriptions de sécurité dont il est question ici concernent la construction, les mêmes règles de sécurité prévalent pour les travaux d’entretien réalisés par des travailleurs hors-construction, dont, notamment, les concierges. C’est loin d’être un peureux que de se protéger adéquatement et d’exiger des mesures de protection de la part des patrons. Est-ce qu’on est assez bien payé pour faire face à des risques pour notre santé et même notre vie?
D’autre part, on doit connaitre un équipement avant de l’actionner d’une manière ou d’une autre. Surtout, on doit cadenasser un équipement pour empêcher toute action de l’appareillage sur lequel on travaille. À Causapscal, le 8 novembre dernier, Monsieur Camil Pouliot, 60 ans, a perdu la vie parce que le convoyeur sur lequel il travaillait n’était pas cadenassé et qu’un autre employé a actionné un appareil sans, semble-t-il, en connaitre les conséquences. C’est le deuxième accident suite à un problème de cadenassage à se produire chez Cedrico, l’autre ayant eu lieu en 2017.