Les turbines de la centrale hydroélectrique La Romaine-3 ont commencé à s’activer au nord de Havre-Saint-Pierre, après que le premier ministre Philippe Couillard eut inauguré le projet à la mi-octobre. D’une puissance de 395 MW, la centrale a été dotée d’un réservoir de 40 km² et produira en moyenne annuellement 2 TWh d’énergie. À terme, le complexe hydroélectrique La Romaine, lancé en 2009 et prévu pour s’achever en 2020, produira 1 550 MW d’électricité sur la rivière Romaine, capable d’alimenter 450 000 foyers.
Cette inauguration survient un mois après que Philippe Couillard ait déclaré que l’ère de la construction des grands barrages hydroélectriques était bel et bien révolue, lors d’une table ronde à l’évènement Climate Week NYC, à New York. Au coup d’envoi du projet La Romaine-3, il est revenu sur ses propos en disant « il ne faut jamais dire jamais ». (Pour lire l’article de La Presse, cliquer ici)
Dans La Presse, M. Couillard a mentionné : « S’il y avait un immense projet dans le Nord du Québec ou un partenariat avec un de nos voisins, on pourrait reconsidérer, à moins qu’il y ait un besoin évident d’électricité», mais ce n’est pas le constat actuel. Le premier ministre tenait plutôt le discours qu’il fallait maintenant exporter le savoir-faire d’Hydro-Québec dans la construction de barrages à l’étranger.
« C’est vers d’autres façons de faire qu’il va falloir se tourner, notamment l’efficience énergétique et les nouvelles révolutions technologiques. On est bien placé au Québec pour tirer parti de ces changements-là », a-t-il également notamment soulevé à Radio-Canada. (Pour lire l’article de Radio-Canada, cliquer ici)
Décentralisation et fin des grands projets
À New York, M. Couillard évoquait la décentralisation de la production électrique, qui permettrait à des propriétaires de devenir des autoproducteurs d’électricité et de négocier avec les services publics, comme Hydro-Québec, pour vendre ses surplus d’électricité. «Nous commençons à observer une véritable révolution centrée sur des prix décents au niveau du consommateur, du propriétaire d’habitation, en interaction avec le réseau électrique d’une manière transactionnelle. Des réseaux électriques intelligents, davantage d’énergies renouvelables et davantage de stockage», a-t-il été cité dans La Presse.
(Pour lire l’article dans La Presse concernant la fin des grands projets hydroélectriques, cliquer ici)
Le premier ministre ainsi que le président-directeur général d’Hydro-Québec, Éric Martel, ont profité de la tribune à l’inauguration pour rendre hommage à la mémoire de quatre travailleurs décédés sur le chantier de la rivière La Romaine depuis ses débuts.
Vers La Romaine-4
Pour ce qui est des travaux de construction du projet de La Romaine-4, dernière phase du vaste complexe hydroélectrique, ils se poursuivent après avoir pris une pause au mois d’avril, en raison de problèmes de composition du sol nuisant aux travaux d’excavation. Le chantier a repris ses activités, en septembre, à la suite de quelques travaux d’ingénierie. Malgré ce délai, Hydro-Québec affirme être en mesure de respecter l’échéancier du projet qui devrait aboutir en 2020. Ce projet hydroélectrique de quatre centrales coutera 6,5 G$.
Loin d’être en faveur du projet, Normand Mousseau, ancien coprésident de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec, qualifie le projet hydroélectrique d’erreur qui coutera cher aux Québécois. Coauteur du rapport Maîtriser notre avenir énergétique réitère, il a rappelé les conclusions de 2014 indiquant que le projet ne serait pas rentable. « On s’appauvrit collectivement avec un tel projet. Nous allons devoir payer ce projet, que ce soit comme consommateur ou comme contribuable », a-t-il martelé dans Le Devoir.
Pour lire l’article du Devoir, cliquer ici)
De son côté, Hydro-Québec croit dur comme fer que le projet sera rentable puisqu’il bénéficiera aux Québécois, mais profitera également à la Nouvelle-Angleterre, où la société d’État a récemment répondu à un appel d’offres déposant « la plus importante soumission de son histoire », ainsi qu’à l’État de New York. « Cette nouvelle centrale, en plus de répondre aux besoins énergétiques du Québec pour les 100 prochaines années, nous permettra d’offrir une énergie fiable, propre et renouvelable à nos voisins des États-Unis », a conclu Éric Martel, président-directeur général d’Hydro-Québec.