ndlr : Suite à la publication de cet article, Hydro-Québec a tenu à ajouter certains éléments aux informations publiées, question de justifier ses décisions et de préciser certains points, tout en ajoutant des détails qu’elle juge importants. Question de bien respecter ce qui a été mis en ligne, le texte reste dans sa forme originale et la position d’Hydro-Québec est présentée sans retouche à la suite de l’article.
La facturation d’Hydro-Québec n’est pas toujours facile à comprendre et les propriétaires de véhicules électriques peuvent avoir de très mauvaises surprises. La plupart des foyers comptent deux véhicules ou plus, donc s’ils sont électriques, ils consomment de bonnes quantités d’énergie.
La plupart des foyers sont dotés d’une entrée de 200A. Ils profitent alors du tarif D, c’est-à-dire 5,82 cents le kWh pour les premiers 33 kWh par jour (calculé mensuellement) et 8,92 cents le kWh pour les kWh excédentaires. À cette somme s’ajoute la redevance d’abonnement (cout fixe du fait qu’on soit abonné) de 40,64 cents par jour.
Lorsqu’un client domestique a une entrée de 325A et dépasse des périodes de 65 kW de puissance appelée, il bénéficie automatiquement du tarif DP (tarif apparu le 1er avril 2017). Ce tarif s’applique à l’abonnement pour usage domestique dans un logement dont l’électricité est mesurée individuellement et dont la puissance maximale appelée a été d’au moins 65 kW au cours d’une période de consommation comprise dans les 12 périodes mensuelles consécutives prenant fin au terme de la période de consommation visée (une période de consommation est de 15 minutes pour le calcul de la puissance appelée – énergie utilisée à un moment donné). Dans ce cas, la redevance d’abonnement est calculée au mois, à 6,09 $, soit en moyenne 20 cents par jour. Les premiers 1 200 kWh utilisés par mois sont facturés à 5,77 cents et le surplus à 8,77 cents. À noter que la puissance appelée maximale possible d’une entrée de 325A est de 78 kW. Ce tarif est l’un des grands bénéfices d’Hydro-Québec découlant de l’installation des compteurs intelligents qui calculent la puissance appelée en plus de calculer l’énergie consommée. Les abonnés résidentiels qui ont refusé le compteur intelligent paient uniquement sur le barème de l’électricité consommée.
Cependant, et c’est là le hic, c’est que si au cours d’une période de 15 minutes le client a utilisé une puissance appelée de plus de 50 kW, le prix au kWh peut être multiplié par plus de 52 fois, à 4,59 $ le kWh en période d’été, et par près de 71 fois, à 6,21 $ le kWh en période d’hiver. Ça se comprend… peut-être, mais là où le bât blesse, c’est que le tarif « de pénalité pour utilisation excessive » est facturé non pas uniquement pour les 15 minutes au cours desquels la puissance appelée a dépassé 50 kW, mais pendant les 12 prochains mois. Exemple : si au cours d’un 15 minutes, disons pour les besoins de l’exemple, la veille de Noël alors que la cuisinière est utilisée au maximum, les décorations de Noël sont toutes allumées, l’éclairage intérieur est aussi au maximum, le chauffe-eau est appelé à contribution pour alimenter le lave-vaisselle et le bain, pendant que le sèche-linge roule à plein rendement, que la télé ainsi que l’ordinateur sont utilisés, que le chauffage combat les -25°C et que les deux voitures électriques sont en recharge, on atteint le maximum possible de 78 kW de puissance appelée (en rappelant que la plupart des ménages Québécois ont deux véhicules ou plus). Le calcul pour l’énergie excédentaire utilisée est le suivant : 28 kWh excédentaires à 6,21 $ = 173,88 $ + taxes 26,04 $, pour un grand total de 199,92 $.
À cela s’ajoute le calcul de « la pénalité pour utilisation excessive » qui se fait alors ainsi : 78 kWh x 65 % = 51 kWh, soit 1 kW d’utilisation excessive à 50 kW, à 6,21 $. Cette somme est donc facturée chaque mois, pendant les 12 prochains mois, pour un total de 74,52 $ + taxes 11,16 $ = 85,68 $ + 199,92 $ d’énergie excédentaire, devient un surplus de 285,60 $ pour 15 minutes d’excès d’utilisation! Ça vient d’augmenter le cout du réveillon de cette année! Si l’entrée électrique est de 400A, ce qui est de plus en plus le cas, la puissance appelée peut se rendre à 96 kW, donc jusqu’à 46 kWh d’énergie excédentaire possible.
Pour plus de détails concernant la règle du 65 %, voir les articles 2.19 et 2.20 en page 18 du document d’Hydro-Québec Tarifs d’électricité En vigueur le 1er avril 2017, en cliquant ici. Avis aux intéressés : il n’est peut-être pas nécessaire d’avoir un doctorat en droit pour lire le document d’Hydro-Québec, mais ça aiderait…(sic).
Toutes ces informations concernant les tarifs d’Hydro-Québec et les différentes règles les régissant sont bel et bien publiés sur le site internet de la Société d’État. Il faut simplement être habile en informatique pour arriver jusqu’à ces informations. Mettons que peu d’abonnés se rendent aussi loin dans leur recherche de savoir et qu’Hydro-Québec n’investit pas trop d’efforts pour renseigner ses abonnés. Une lettre est adressée habituellement aux consommateurs ayant dépassé pour la première fois la puissance appelée pour les prévenir que la prochaine fois l’avertissement sera remplacé par une prime de puissance (comprendre : pénalité pour utilisation excessive, soit 4,59 $ le kWh l’été et 6,21 $ l’hiver. À noter que la période d’hiver va du 1er décembre au 31 mars). C’est justement ce manque de diffusion de l’information qui est l’un des facteurs amenant ce joyau de la Société Québécoise à être mal aimé de la population (et des médias de masse), manquement qui est souvent qualifié d’opacité.
Ne serait-il pas normal qu’Hydro-Québec oblige les entrepreneurs électriciens à informer les consommateurs lors de l’installation d’une borne de recharge? Ou les entreprises qui vendent des véhicules électriques de faire de même? Ces entreprises devraient peut-être avoir un document produit par Hydro-Québec, rédigé dans un style concis et digestible par Monsieur et Madame Tout-le-Monde, expliquant les conséquences possibles de l’acquisition d’un véhicule électrique. Pour paraphraser le psychologue et humoriste Pierre Légaré : J’dis ça d’même…
Les jeunes propriétaires de l’entreprise Lavalloise RVE (recharge véhicule électrique), David Corbeil et sa sœur Marie-Pier, ont développé en complicité avec le manufacturier et concepteur Montréalais Thermolec un système de contrôle de charge (puissance appelée) afin justement de contrôler la puissance appelée de l’abonné. Ainsi, toujours en suivant l’exemple de la préparation du réveillon de Noël, leur régulateur de puissance appelée (nommé DCC pour Demand Charge Control) retardera la recharge des véhicules électriques jusqu’à ce que la puissance appelée diminue, afin de ne jamais dépasser les 50 kW; lorsque certains équipements électriques cesseront d’être utilisés, le contrôleur permettra alors au véhicule de se recharger.
Dans le cas des condos, la plupart ont des entrées de 100A, 125A ou 150A. Donc pour une entrée de 100A, la charge de base, plus la cuisinière, le sèche-linge, le chauffe-eau et le chauffage totalisent tout près de 24 kW, ce qui fait que la charge totale est au maximum. Si cet abonné devait acquérir une voiture électrique, il devrait alors faire grossir son entrée, ce qui coute une petite fortune. En installant un système de contrôle de charge, il n’aurait pas à augmenter la capacité de son entrée. Ce qui n’empêche pas le distributeur d’électricité de facturer l’énergie utilisée puisque l’équipement en question est installé entre le compteur et l’entrée de l’abonné; c’est à partir de ce contrôleur que l’alimentation est dirigée vers la borne de recharge.
D’autre part, en prenant comme exemple un édifice qui compte, disons, 100 condos et que 50 d’entre ces abonnés avaient une voiture électrique, alors c’est l’entrée principale de l’édifice qu’il faudrait changer, à très grands frais. Dans les condos, l’avantage principal du contrôleur de charge est justement d’éviter des frais de modification des entrées électriques. Un contrôleur de charge et son installation coutent présentement au maximum 1 750 $; la borne de recharge est évidemment en surplus.
Dans une résidence, passer l’entrée d’électricité de 200A utilisée à pleine capacité ou presque à 325A coute aux environs de 6 000 $; le contrôleur de charge devient donc une solution exceptionnelle au niveau des couts, tout en étant parfaitement règlementaire – le dispositif est homologué CSA.
On peut joindre RVE à www.rve.ca.
L’acquisition d’un véhicule électrique doit prendre en ligne de compte de nombreuses considérations. L’économie réalisée et la philosophie conduisant à vouloir éviter l’émission de gaz à effet de serre (GES) peuvent devenir des cauchemars si l’information du consommateur est insuffisante ou incomplète. Les différents salons de l’auto, comme le Salon des véhicules électriques de Montréal ayant eu lieu pendant la dernière fin de semaine de mai, devraient permettre à Hydro-Québec et aux autres distributeurs d’électricité de diffuser les informations complètes; en fait, c’est leur devoir moral de le faire.
Mise au point d’Hydro-Québec
Tarif DP
- Le tarif DP est effectivement un nouveau tarif, mais c’est une migration d’anciens critères en vigueur avant le 1er avril 2017 au tarif D. Votre article semble indiquer que le tarif DP introduit la notion de facturation de la puissance, mais cette portion tarifaire était déjà présente au tarif D. Hydro-Québec a choisi d’ajouter ce tarif afin de simplifier le tarif D qui est le tarif principal de sa clientèle résidentielle et de limiter la puissance disponible à ce tarif à 65 kW.
- En date du 31 décembre 2015 (avant l’application du tarif DP), on comptait 3 485 167 clients résidentiels au tarif D dont seulement 2 830 admissibles étaient admissibles au tarif DP (soit seulement 0,08%)
- Hydro-Québec a publié un document explicatif facilement accessible expliquant le nouveau tarif DP : http://www.hydroquebec.com/data/residentiel/espace-clients/pdf/depliant-tarif-dp-fr.pdf
Profil des clients résidentiels
- Tel qu’indiqué précédemment, la très grande majorité des clients résidentiels ne dépasse jamais la limite de 50kW. Nous n’avons pas de statistique nous permettant d’évaluer le nombre de clients utilisant un panneau de plus de 200A, mais nous estimons que cette occurrence est très faible. Nous estimons aussi qu’avec un panneau de 200A et une résidence de grande taille consommant 40 000 kWh, le panneau a la capacité requise pour l’installation d’un disjoncteur supplémentaire sans nécessiter de changement.
Recharge des véhicules électriques
- Le document suivant préparé par le gouvernement du Québec confirme la puissance des bornes disponibles sur le marché: http://vehiculeselectriques.gouv.qc.ca/pdf/la-recharge-a-domicile-pour-un-vehicule-electrique.pdf
- La grande majorité des bornes actuelles ont une puissance de 3,6 kW et les plus gros modèles ont une puissance de 7,2 kW. A titre de comparaison, un chauffe-eau de 60 gallons a une puissance de 4,5kW. C’est une charge importante mais elle ne nécessite pas de travaux majeurs d’installation.
- La grande majorité des bornes ont également un contrôleur de charge intégré pour justement prévoir la charge pendant la nuit à l’extérieur des périodes de pointe. Ce n’est pas le cas au Québec, mais plusieurs autres distributeurs nord-américains et européens ont des tarifs différenciés dans le temps ce qui permet aux utilisateurs de faible puissance (sous 50 kW) de faire des économies.
Marc-Antoine Pouliot
Chargé d’équipe/Porte-Parole
Affaires publiques et médias
Hydro-Québec
ndlr :
- Hydro-Québec étant le principal fournisseur d’électricité au Québec, le journaliste a pris en ligne de compte ses tarifs et ses règles uniquement et n’a pas comparé avec les 10 autres distributeurs d’électricité de la province.
- David Corbeil détient un baccalauréat en administration des affaires et est apprenti électricien de 4e année, alors que sa sœur Marie-Pier est doctorante en design stratégique à l’université de Montréal, après des études de cycle précédent à l’université Concordia, aussi de Montréal. Les deux seraient nés, semble-t-il, entre le compteur et l’entrée principale de leur résidence (sic). Ils sont les enfants d’un entrepreneur électricien, Pierre Corbeil, de Lilco Électrique de Laval et président de la section Laurentides de la CMEQ, dont l’épouse Linda est le pilier administratif de l’entreprise.
- Cet article a pour but de présenter une invention québécoise économique et ne constitue en rien un publireportage.