Le physicien et chercheur du domaine des matériaux quantiques et de la supraconductivité, Louis Taillefer, a reçu en juin le Prix d’excellence 2019 du Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT). L’obtention de ce prix fait suite à une découverte majeure du professeur de l’Université de Sherbrooke sur le point critique de la phase pseudogap permettant de mieux comprendre le comportement des électrons dans les cuprates supraconducteurs. Ces travaux ont été publiés au printemps dans la revue Nature.
Ce prix, assorti d’une bourse de 10 000 $, s’ajoute à de prestigieuses distinctions, dont le prix Marie-Victorin du gouvernement du Québec, le prix Simon Memorial, le prix Kamerlingh Onnes et le prix Killam.
«L’orientation stratégique du Département de physique vers les disciplines quantiques et la création de l’Institut quantique ont fait de l’Université de Sherbrooke l’un des principaux pôles de recherche en matériaux quantiques au Canada. J’ai pu y monter un laboratoire de pointe pour sonder les propriétés électroniques des matériaux à très basses températures et m’entourer d’une excellente équipe de jeunes chercheurs très motivés», a soulevé par communiqué Louis Taillefer, titulaire de la Chaire du Canada en matériaux quantiques.
Révolutionner la transmission d’énergie
Les recherches du Pr Taillefer et de son équipe s’articulent autour du comportement des électrons dans les cuprates supraconducteurs, des matériaux à base d’ocxyde de cuivre, qui transportent de l’électricité sans aucune résistance à des températures très élevées. Le domaine de la supraconductivité vise à révolutionner les secteurs de la transmission d’énergie, de la médecine et des communications.
«Dans plusieurs autres familles de matériaux, il été observé qu’un point critique quantique associé à un ordre magnétique peut causer la supraconductivité, […] Mais dans les cuprates, il n’y a pas de magnétisme, et donc identifier la nature de l’ordre inhabituel associé au pseudogap devient maintenant la grande question», explique dans un article le chercheur Nicolas Doiron-Leyraud, membre de l’équipe du Pr Taillefer.
La découverte provient de mesures de chaleur à très basse température, accessibles en supprimant la supraconductivité avec de puissants aimants du Laboratoire national des champs magnétiques intenses de Grenoble, qui collabore aux travaux de recherche. «À Sherbrooke, nous avons exploré la phase pseudogap avec plusieurs sondes, mais l’observation du point critique quantique reposait sur l’expertise de Thierry Klein et Christophe Marcenat pour mesurer la chaleur spécifique à forts champs magnétiques», mentionne le Pr Taillefer.
(Pour trouver la publication dans la revue Nature.)
Le Pr Louis Taillefer partage le Prix d’excellence 2019 du FRQNT avec l’éminent chercheur Yoshua Bengio, spécialiste de l’intelligence artificielle. Le fondateur de l’Institut québécois d’intelligence artificielle, Mila, a été récompensé pour ses travaux sur l’apprentissage profond et ses avancées dans les domaines de la reconnaissance et synthèse de la parole; de la vision informatique et de la modélisation du langage naturel. Le titulaire de la Chaire de recherche du Canada en algorithmes d’apprentissage statistique est considéré comme le «Nobel de l’informatique» après avoir remporté le Prix Turing de l’Association for Computing Machinery 2019.