Pour la première fois au Québec, un projet immobilier misera sur la production d’énergie solaire à l’aide de 500 panneaux solaires ainsi que sur des jardins urbains installés sur le toit de 148 résidences de type maison de ville. Le projet Jardins solaires s’élève à Candiac, sur la Rive-Sud de Montréal, où se bâtit selon les principes d’aménagement POD – pour Pedestrian Oriented Development (développement axé sur le piéton) – le projet résidentiel multigénérationnel Pür Urbain, qui se développe depuis 2016.
Entrepreneur en électricité, Michel Gagné confie qu’il a réalisé beaucoup de démarchages pour convaincre le promoteur du projet du bien-fondé d’installer des panneaux solaires et jardins urbains sur le toit des maisons. « J’ai persisté, et ç’a fonctionné, explique-t-il au bout du fil. La municipalité a également adoré l’idée et a décidé d’appuyer le projet. »
Le président de l’entreprise Bordeaux électrique, qui a fondé Bordeaux Solar en Jamaïque, une entreprise installant des panneaux solaires dans les Caraïbes, prêche depuis plusieurs années en faveur de l’énergie solaire et se réjouit de voir naître le premier projet immobilier en ce sens au Québec. Pour développer le concept de maisons avec jardins solaires, l’entrepreneur s’est associé à Nicolas Ste-Marie, propriétaire de La Shop agricole, qui conçoit les systèmes d’agriculture urbaine.
La moitié des toits des nouvelles maisons de ville comptera chacun six panneaux solaires de 1,5 kW tandis que l’autre moitié hébergera un panneau solaire de 275 W aux côtés de potagers biologiques, dont les pousses seront vendues à des restaurants locaux, marchés publics et directement aux citoyens. Quant à la production d’énergie solaire annuelle, chacun des 74 toits produira près de 2000 kWh d’électricité, soit l’équivalent de la consommation en énergie d’un mois pour une famille.
D’ici deux ans, des bornes de recharge pour véhicules électriques pourraient être raccordées à l’alimentation des panneaux solaires, croit M. Gagné, qui dit avoir présenté cette option à la Ville de Candiac qui aurait démontré de l’intérêt.
Alléger la facture
L’ensemble des résidences fournira une production globale de 148 000 kWh d’énergie solaire par année, en considérant qu’un panneau génère en moyenne 300 kWh par an. Pour les toits dotés de six panneaux situés à hauteur de la mezzanine, cette production d’énergie permettra au ménage d’alléger leur facture énergétique d’un douzième, soit une économie de 200 $ par année, estime Michel Gagné. Pour les autres, qui disposent d’un potager et d’un seul panneau solaire, l’énergie produite servira à rentabiliser les frais de condos.
Lorsque la production d’énergie solaire excède la consommation, le propriétaire, en revendant son électricité à Hydro-Québec, obtient des crédits sur sa facturation.
L’énergie solaire produite se destine à l’éclairage des logements et à l’alimentation des prises de courant de 120 V. Plus encore, les résidents pourront suivre en temps réel leur production et consommation d’énergie par une application sur leur téléphone intelligent. L’outil permettra de déceler les pointes d’utilisation de même que les moments où les panneaux solaires ne suffisent pas à la tâche. « Quand le consommateur voit en temps réel son utilisation, il est plus conscientisé, par exemple à fermer les lumières ou prendre une douche de cinq minutes au lieu de dix », explique Michel Gagné.
« L’agriculture et la production d’énergie sur les toits sont la voie de l’avenir, a assuré Normand Dyotte, maire de Candiac. Au total, une superficie équivalente à deux terrains de football sera consciencieusement exploitée plutôt que de rester inutilisée ». M. Gagné se dit d’ailleurs témoin de l’engouement des gens envers les énergies vertes. Alors qu’il faisait environ deux installations solaires sur toit par année, il a déjà, à la première semaine de 2018, trois contrats résidentiels et deux contrats commerciaux qui garnissent son carnet de commandes.
« C’est certain qu’il y aura bientôt d’autres projets de développement résidentiel avec des toits solaires au Québec », prédit-il.