Le 13e colloque annuel du centre de recherche appliquée Nergica qui se tenait Matane, du 10 au 12 juin, a permis aux participants d’en apprendre davantage sur les changements climatiques et leur impact sur le givre et les régimes de vent, en plus de créer des liens lors d’une soirée réseautage en plein air aux Jardins de Métis, autour d’une exposition de photos d’éoliennes.
Des conférences ont également abordé le rééquipement des parcs éoliens, une réalité qui s’imposera au Québec dès 2025-2026, de même que l’intelligence artificielle pour augmenter la productivité et assurer une prédiction fiable des conditions climatiques. Des ateliers stimulant les échanges entre participants ont exploré la maintenance et l’optimisation des parcs éoliens, les enjeux de santé et sécurité ainsi que le Big Data.
«Je dirais que le marché éolien est dans une phase de maturité, d’opération et de maintenance, estime Frédéric Côté, directeur général de Nergica. Il reste de petits projets en réseaux autonomes, comme aux Îles-de-la-Madeleine, à réaliser, mais c’est tout.» M. Côté affirme regarder activement la situation du marché de l’électricité au Québec, dont les surplus énergétiques s’effritent inexorablement avec l’octroi de blocs d’énergie aux secteurs du Bitcoin, du forage de la chaîne de blocs et à l’industrie du cannabis.
«Il pourrait y avoir des opportunités potentielles pour l’industrie éolienne», avance-t-il, tout en sachant qu’il n’y aura pas de sitôt de grands appels d’offres en énergie éolienne comme l’industrie a connu par les années passées.
Le solaire s’enflamme
Interrogé à savoir si l’énergie solaire, qui connait actuellement un fort engouement, fait de l’ombre à l’industrie éolienne, Frédéric Côté mentionne plutôt que l’énergie solaire fait partie de la solution, en complémentarité avec l’éolien. «Je ne vois pas le solaire comme une menace pour l’éolien. On voit plutôt des entreprises en éolien qui développent le solaire, mais nous nous dirigeons vers un futur qui intègre les deux. L’éolien est toujours la forme d’énergie la moins chère sur le marché», rappelle-t-il.
En effet, la plus récente analyse de la firme Lazard révélait que le prix médian de l’éolien était à 42 $US/MWh, comparativement à 43 $US/MWh pour le solaire photovoltaïque. Au Canada, après un prix plancher historique de 37 $/MWh en 2017, les nouveaux contrats éoliens oscillent autour de 40,50 $/MWh. Le cout des contrats d’approvisionnement entre Hydro-Québec Distribution et les petites centrales hydroélectriques est négocié en moyenne à 90 $/MWh.
(Pour retrouver notre article sur la dernière analyse de Lazard.
Des hauts et des bas en Gaspésie
L’industrie éolienne ayant atteint un plateau dans son développement, les entreprises sont bien positionnées pour l’exportation, souligne Frédéric Côté. Tandis que certaines entreprises en Gaspésie affichent une saine croissance, comme LM Wind Power, d’autres périclitent comme Enercon qui loue actuellement ses locaux vacants à une entreprise de maintenance de parcs éoliens, X Wind Services.
«Il y a eu des pertes d’emplois à certains endroits, et des gains à d’autres, ce qui compense. Au net, dans le secteur éolien manufacturier, je dirais que c’est plutôt stable, et même qu’il y a une légère croissance des emplois. L’entreprise Marmen [qui œuvre notamment dans l’usinage de tours d’éoliennes] fonctionne très bien, par exemple, et il y a toujours de bonnes cohortes de finissants en maintenance d’éoliennes», conclut Frédéric Côté.
Sur la photo d’introduction, la soirée de réseautage avait lieu à l’intérieur d’une ancienne structure d’éolienne, qui abritait une exposition de photos.