Face au départ de son président, Hydro-Québec a embauché une firme pour lui trouver une succession, qui devra réussir à mobiliser des milliers d’employés autour d’une mission définie, tout en saisissant les occasions commerciales qui se présentent.
Éric Martel a annoncé le 11 mars dernier qu’il quittait la direction de la société d’État à quelques semaines de la fin de son mandat de cinq ans. Il retourne chez Bombardier, où il a déjà dirigé la division des avions d’affaires, à titre de président et chef de la direction de Bombardier. Il entrera en fonction le 6 avril. D’ici là, il assurera la transition au sein du comité de direction d’Hydro-Québec.
Le départ d’Éric Martel a créé la surprise chez Hydro-Québec puisqu’il ne donnait pas l’impression de vouloir quitter, alors que la société est en phase de développement. Elle vient notamment de signer une entente pour commercialiser les recherches du prix Nobel de chimie sur les batteries et de s’allier avec Innergex dans le secteur des énergies renouvelables.
Qui prendra la relève ?
Une firme de recrutement a été embauchée pour accompagner le conseil d’administration d’Hydro-Québec dans le choix d’une succession. La personne choisie devra à la fois avoir des compétences techniques, une bonne connaissance du secteur et un leadership mobilisateur, a indiqué le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, en soulignant que l’exportation d’hydroélectricité est un enjeu important pour le gouvernement.
Le nom de Sophie Brochu, qui a récemment quitté Énergir, a été avancé pour prendre la direction de la société d’État. Elle a dirigé la principale entreprise de distribution de gaz naturel au Québec pendant 12 ans et jouit d’une bonne réputation dans le monde des affaires. Le ministre Julien a souligné que Mme Brochu avait un profil intéressant, qu’elle connaissait bien le secteur de l’énergie, mais qu’il y aurait plusieurs autres candidats sur les rangs.
David Murray, chef de l’exploitation d’Hydro-Québec, et Pierre-Luc Desgagné, délégué général du Québec à Bruxelles, seraient également des candidats potentiels.
En point de presse à l’Assemblée nationale, le ministre a ajouté avoir discuté avec Éric Martel pour éviter un départ massif des hauts gestionnaires d’Hydro-Québec vers Bombardier. Le Journal de Montréal révélait, au début du mois de mars, que 56 cadres de Bombardier avaient quitté l’entreprise depuis 2015 pour travailler à la société d’État.
En attendant que le gouvernement nomme la personne qui succèdera à Éric Martel, le vice-président exécutif et chef de la direction financière et du risque d’Hydro-Québec, Jean-Hugues Lafleur, a été nommé président-directeur général par intérim.
Un bilan positif
Lorsque Éric Martel est arrivé chez Hydro-Québec, les revenus de la société d’État stagnaient et les critiques fusaient quant au manque de transparence de sa gestion. Éric Martel a proposé un plan de relance visant, entre autres, à diversifier les revenus de la société. Les résultats tardent cependant à se matérialiser. Il avait aussi promis d’être plus transparent et d’augmenter la satisfaction de la clientèle. Un objectif qu’il a atteint. Entre 2015 et 2018, le taux de satisfaction de la clientèle est passé de 82 % à 93 %.
Rappelons qu’Éric Martel ne faisait pas l’unanimité au sein de la direction de la société d’État, même que la presse écrite s’est un peu moquée de son intention de modifier la mentalité d’Hydro-Québec (voir l’article publié par Électricité Plus lors de sa nomination en cliquant ici).
Un retour
Chez Bombardier, Éric Martel sera en terrain connu. Il y est entré en 2002 comme vice-président de la division Transport. Quand il a quitté pour Hydro-Québec, en 2015, il présidait la division des avions d’affaires. C’est le seul secteur d’activités de l’entreprise qui reste après la vente des divisions d’avion commerciaux et ferroviaire.
Le remplacement d’Alain Bellemare survient moins d’un mois après cette restructuration. Il était devenu PDG de Bombardier il y a cinq ans avec le mandat de redresser l’entreprise. Bombardier a plutôt fait face à la décroissance avec une dette de 9 milliards de dollars américains.