Les pilotes qui atterrissent à l’aéroport Roland-Désourdy de Bromont utilisent un tout nouveau système de balisage nocturne unique au Canada. Basé sur la technologie ARCAL – pour Aircraft radio control of aerodrome lightning –, il a été sélectionné à la recommandation de la spécialiste en sécurité aérienne, Marie-Hélène Simard.
Le système d’éclairage qui s’active à distance remplace les témoins clignotants rouges qui s’allument, la nuit venue, sur les pylônes électriques qui bordent la piste. La commande d’éclairage, qui fonctionne à la demande du pilote qui effectue une approche pour se poser au sol, dure 15 minutes, puis, les balises lumineuses s’éteignent automatiquement. « Les lumières des pylônes sont branchées sur la fréquence radio de l’aéroport de Bromont, explique l’experte en sécurité. L’ARCAL est un système rigoureux utilisé depuis longtemps, mais jamais au Canada. »
De plus, côté sécurité, il ne pose pas de risque, car s’il fait défaut, ses lumières restent allumées.
Marie-Hélène Simard a été mandatée par la Ville de Bromont pour trouver solution au problème de « pollution lumineuse » déploré par les citoyens, mais surtout pour pallier au tracé d’une ligne électrique d’Hydro-Québec plutôt mal placée, qui passe très près de la piste d’atterrissage – ce qui pose un risque pour la sécurité des pilotes. « Mon intérêt est la sécurité avant tout, et dans la solution que j’allais trouver, je voulais absolument prioriser l’aviation », explique Marie-Hélène Simard.
Désormais les repères de nuit installés sur une dizaine de pylônes électriques qui bordent l’aéroport et ceux de piste d’atterrissage s’activent en simultané seulement lorsqu’un pilote qui s’approche les déclenche par la radio de l’avion, qui envoie un signal à la tour de contrôle.
Convaincre Hydro-Québec
Après avoir mené les procédures d’analyse de risques qui s’imposent, et analysé les différents scénarios de possibles accidents, Mme Simard devait convaincre les différentes instances, négociations qu’elle a menées de main de maître. Elle a d’abord présenté le projet à Transport Canada, responsable en matière d’aviation, où elle était en « terrain connu », ayant travaillé pour l’organisation de 2001 à 2014, puis, à Hydro-Québec, avec qui elle a dû user de force de persuasion, pour qu’ils déboursent des frais d’installation du système ARCAL.
« Je leur ai expliqué qu’ils mettaient en danger les gens de l’aviation. Je les ai convaincus qu’ils pourraient tirer avantage de cette solution, l’utiliser dans d’autres situations, et conserver cette expertise. Ils étaient craintifs au début, mais je les ai amenés à collaborer et ils ont embarqué dans le projet. » Si elle ne peut pas chiffrer le cout de cette installation, Mme Simard glisse que « ce n’est pas donné », car il faut considérer que toutes les lumières sont reliées par un seul fil et que le système d’alimentation doit être fiable.
L’installation a cependant pris plus d’un an, car Hydro-Québec a dû faire face à plusieurs embûches, en plus de procéder à l’enfouissement des fils électriques qui, dans les airs, auraient été trop lourds, en hiver par exemple. Le système est finalement entré en fonction au mois de décembre, soit plus d’un an et demi après l’analyse de risque initiale menée en juin 2016.
« Je crois qu’Hydro-Québec a réalisé qu’il fallait être prudent dans l’installation de lignes électriques, cette expérience leur a permis de mieux comprendre ce qui se passe sur le terrain », estime Marie-Hélène Simard.
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Les lettres d’appel de l’aéroport Roland Désourdy selon AITA sont ZBM et pour l’OACI sont CZBM.