Le co-Prix Nobel de physique en 2014 et inventeur de l’ampoule bleue à diodes électroluminescentes (DEL), Shuji Nakamura, a été l’invité d’honneur du Conseil des relations internationales de Montréal, le 20 avril. Lors d’une conférence intitulée « Illuminer le monde autrement », le chercheur a abordé les impacts planétaires de cette immense révolution dans la sphère de l’électricité parmi les plus importantes après l’invention de l’ampoule par Edison. M. Nakamura a reçu le Prix Nobel conjointement avec ses partenaires Isamu Akasaki de l’Université de Meijo (Japon), et Hiroshi Amano de l’Université de Nagoya (Japon).
En plus de la métamorphose de notre consommation quotidienne d’électricité, le chercheur et conférencier a relaté les économies substantielles engendrées par l’éclairage aux DEL qui bénéficient aux entreprises, ainsi que ses vertus en matière de développement durable. Percée majeure des années 1990, l’ampoule DEL bleue détient le potentiel d’améliorer la qualité de vie de 1,5 milliard d’humains encore privés d’électricité.
Les organisateurs et les invités d’honneurs ont pu discuter avec M. Nakamura avant la conférence. De g. à dr., Serge Leblanc, président de Lumen et l’un des commanditaires de la journée, Pierre Lemonde, pdg du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), et Dr Shuji Nakamura. Photo : Normand Gosselin
Controverse
La visite du Dr Nakamura survient alors que sévit une controverse autour de la conversion des lampadaires aux DEL à Montréal. En effet, des études reconnues par l’Organisation mondiale de la santé mettent en garde la population contre ce type de lumière qui empêche la sécrétion de mélatonine servant à réguler le sommeil et la faim, entre autres. Parmi les conséquences anticipées sur la santé, on parle d’insomnie, de dépression, de diabète et même de cancer.
La Ville de Montréal a d’ailleurs suspendu le projet jusqu’à ce que la Direction de la santé publique se prononce sur cet enjeu.
Interrogé par les journalistes sur les risques pour la santé associés aux DEL, M. Nakamura a assuré que les craintes ne sont pas fondées. « Le temps d’exposition à la lumière des lampadaires lorsqu’on marche en dessous est trop court pour avoir un effet sur la santé, se défend-il. Le temps passé devant les appareils électroniques, jeux vidéo, cellulaires, écrans d’ordinateurs est bien plus nocif. »
Quant aux désagréments associés à l’intensité de la luminosité, Dr Shuji Nakamura croit qu’ils sont davantage hérités de valeurs culturelles. Pour illustrer, il a mentionné que les Asiatiques préfèrent culturellement plus d’éclairage, ce qui leur procure un meilleur sentiment de sécurité.
En conclusion, l’ingénieur a glissé que son équipe travaillait actuellement à mettre au point une nouvelle génération d’ampoules, moins intenses que la bleue, de couleur violette. Celle-ci, composée d’un phosphore « spécial », aurait les mêmes avantages en matière de développement durable que les bleues que l’on connait, sans ses désagréments.
Petit fait inusité : les organisateurs de la conférence ont remis une pochette publicitaire à chacune des quelque 200 personnes présentes et le Dr Nakamura avait pris le soin de signer chacune d’elles, laissant un souvenir concret aux participants.