Les résultats des premiers projets pilotes du programme SAUVéR instauré en 2017 dans six municipalités montrent que le partage de véhicules électriques a de l’avenir.
Une étude de faisabilité réalisée en 2015 a mené à la mise en place du Système d’autopartage avec véhicule électrique en région (SAUVéR) afin d’aider les communautés en région à offrir du transport collectif en utilisant des véhicules tout électriques (Vé), hybrides (VH) et hybrides rechargeables (VHR), tout en réduisant les couts associés. Le projet prévoit la création d’un système de gestion de l’autopartage, l’installation de bornes de recharge, la construction d’une station d’autopartage et la conception d’une station-service électrique évolutive et adaptative.
En 2017, six municipalités ont accepté de participer à un projet-pilote. Bromont, Nicolet, Plessisville, Rivière-du-Loup, Sainte-Julienne et Témiscouata-sur-le-Lac ont reçu des subventions totalisant 260 000 $ pour ajouter un ou deux véhicules électriques à leur flotte de véhicules et acquérir des bornes de recharge. Au total, dix véhicules et une dizaine de bornes, dont une de niveau 3, ont été acquis.
Le premier bilan produit par la Société d’innovation en environnement (SIE), instigatrice de SAUVéR avec YHC Environnement, indique que «l’intégration des véhicules électriques s’est effectuée avec grand succès dans la mesure où les kilométrages effectués avec les véhicules électriques correspondent aux prévisions.»
Les données montrent toutefois que l’utilisation des Vé varie selon le type du Vé, soit la VOLT ou la SPARK, et selon la municipalité participante. La flexibilité de l’autonomie et de la consommation de la VOLT ont été appréciées et on observe que son utilisation par les trois municipalités qui en ont acheté (Plessisville, Nicolet et Témiscouata-sur-le-Lac) correspond ou dépasse les estimations initiales.
Malgré certaines réticences vis-à-vis la SPARK, son utilisation à Témiscouata-sur-le-Lac et Sainte-Julienne a dépassé les estimations annuelles initiales. Pour les quatre autres municipalités, la sous-utilisation de la SPARK en 2017 s’expliquerait par l’angoisse de la panne, particulièrement en hiver. Certaines difficultés techniques avec la SPARK auraient aussi eu une influence négative sur l’autopartage selon les municipalités participantes.
Ce qui fait dire aux auteurs du rapport qu’il est important que les Vé soient fiables si on veut optimiser l’autopartage. Pour cette raison, la SPARK ne sera probablement pas retenue pour les prochaines versions de SAUVéR, soulignent‑ils.
Réduction des GES et économies
Le projet a permis de réduire de 42 à 59 tonnes la production de gaz à effet de serre (GES) pour toute la durée de l’utilisation des Vé qui a varié entre 29 et 31 mois. Sur la même période, il a généré des économies annuelles variant entre 16 892 $ et 25 144 $, pour toutes les municipalités réunies.
Comme pour les réductions de GES, les performances en ce qui concerne les économies réalisées dépendent directement du taux d’utilisation ou du kilométrage effectué avec les Vé.
Résultats pour l’autopartage
Le bilan pour les 12 mois de 2018 montre des résultats très variables d’une municipalité à l’autre. À Plessisville, qui a agit comme municipalité «test», l’implantation de l’autopartage s’est faite graduellement et a commencé, en 2017, avec les employés comme usagers externes.
Les données montrent une baisse marquée d’utilisation des Vé pendant l’été et des hausses en février, en avril et à l’automne, avec un pic en octobre.
Pour une année, le taux d’utilisation de la VOLT est de 32,3 % à l’interne et de 5,8 % à l’externe. Quant à la SPARK, elle est utilisée à l’interne à 16,2 % et à l’externe à 8,2 %.
Le bilan du projet ne fournit toutefois pas les informations pour les cinq autres municipalités.
Dans les trois municipalités qui ont fourni des statistiques – Bromont, Plessisville et Rivière-du-Loup –, on note une hausse marquée de l’utilisation des bornes en 2018 par rapport à l’année précédente.
Municipalités participantes
Depuis le lancement du programme, deux autres vagues de projet ont été lancées. En janvier 2019, les municipalités de Varennes, Saint-Fulgence, Saint-Siméon, Saint-Charles-sur-Richelieu, Maniwaki, Îles-de-la-Madeleine, Carleton-sur-Mer, Saint-Constant, Sainte-Martine et la MRC Pontiac ont obtenu 750 000 $ pour mener à bien leur projet d’autopartage.
Et récemment, cinq municipalités du Nouveau-Brunswick ont obtenu 280 000 $ dans le cadre du projet SAUVéR. Il s’agit de Dieppe, Beresford, Saint-Quentin, Shippagan et Tracadie. Le projet a été lancé par l’Association des municipalités francophones du Nouveau-Brunswick (AFMNB).
Ces municipalités ont jusqu’au 31 décembre 2020 pour mettre en place leur service d’autopartage.
Financement
Le financement du projet provient de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), via le Fonds municipal vert (FMV) et le programme Municipalités pour l’innovation climatique (MIC), le tout étant financé par le gouvernement du Canada.
Depuis 2000, le FMV a financé plus de 1310 initiatives municipales qui auraient mené à réduire les gaz à effet de serre de 2,6 millions de tonnes, ce qui équivaut à retirer 594 000 véhicules de la circulation.