Près de 90 % des piles et des batteries récupérées au Québec sont recyclées pour qu’en soient retirés les métaux comme le nickel, le plomb, l’acier, le cadmium et le cobalt. Un exercice qui coute 4 $ du kilogramme, incluant la gestion du programme, la collecte, le tri, le traitement des matières, ainsi que les efforts de sensibilisation et d’éducation déployés. Des frais entièrement payés par les écofrais que les consommateurs paient à l’achat de ces produits.
Mais à quoi servent les métaux récupérés? « Sur le marché des commodités, le recyclage de ces métaux permet de fabriquer de nouveaux objets, comme des piles, des casseroles ou des bâtons de golf. Il y aurait énormément de gaspillage de matières premières s’il n’y avait pas de recyclage de piles et de batteries », souligne Line Bérubé, directrice pour l’Est du Canada du programme de récupération des piles et des batteries Appel à recycler.
Le nickel et le lithium servent, entre autres, à confectionner de l’argenterie et des poêles de cuisine, tandis que l’acier des piles et des batteries alcalines peut être transformé en écran solaire ou en granulats pour béton. Le cobalt, qualifié d’«or noir» du recyclage, et qui se trouve dans les batteries de véhicules électriques était très prisé jusqu’à ce que ça valeur baisse, au printemps 2018.
Le prix du cobalt sur le marché du recyclage a atteint 96 000 $US la tonne en mars 2018, après des années de hausse. Sa valeur a ensuite chuté jusqu’à un creux de 29 000 $US la tonne en mars 2019, avant de remonter à 31 000 $US la tonne en avril, selon la Bourse des métaux de Londres (LME).
Un reportage de Découverte à Radio-Canada faisait état du recyclage des batteries au lithium en 2018.
Des piles qui voyagent
En 2018, près de 1,2 million de kg de piles et de batteries ont été déposés dans l’un des 3500 points de dépôt au Québec (quincailleries, écocentres, détaillants de matériel électronique, etc.). Elles ont ensuite été envoyées dans l’un des trois centres de tri situés en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec – à l’entreprise Laurentide Re/Sources de Victoriaville –, où elles sont classées par chimie.
Les piles et batteries sont ensuite expédiées dans un des huit centres de traitement en Amérique du Nord avec lesquels le programme Appel à recycler a une entente pour en extraire les métaux. De ce nombre, un seul est situé au Québec : Terrapure, à Sainte-Catherine, qui recycle le plomb-acide et les piles automobiles (batteries d’accumulateurs au plomb). Un neuvième centre, à Osaka au Japon, reçoit les accumulateurs nickel-cadmium, des accumulateurs électriques rechargeables utilisant de l’hydrogène de nickel et du cadmium comme électrodes.
Seconde vie aux tubes fluorescents
Les ampoules et tubes fluorescents sont aussi démontés pour en extraire les métaux. « Les recycleurs trouvent une destination à chacune des composantes », indique Catherine Turcotte, directrice du programme RecycFluo au Québec. Le métal est envoyé aux ferrailleurs et le verre est recyclé dans la fabrication de nouveaux tubes fluorescents, de comptoirs en béton, de peinture phosphorescente ou de produit de sablage au jet. La poudre de phosphore et le mercure sont expédiés à des centres de traitement physique et chimique pour un enfouissement sécuritaire. « Le mercure est enfoui parce que le mercure n’est plus utilisé au Québec. Il ne se fait plus de produits qui en contiennent», ajoute-t-elle. De plus, le Canada adhère depuis 2017 à la Convention de Minamata, un traité mondial qui interdit l’exportation de mercure vers d’autres pays.
Les lampes domestiques au mercure arrivent au recyclage par l’un des 833 points de dépôt situés le plus souvent chez des détaillants, dans des quincailleries ou des écocentres municipaux. Leur traitement a couté 1,5 M$ à RecycFluo en 2017, soit 2,63 $ de l’unité récupérée. Des fonds puisés à même les écofrais payés par les consommateurs à l’achat d’ampoules qui contiennent du mercure.
(Pour plus de détails sur les écofrais et les programmes de recyclage, lire notre article sur les faibles taux de récupération des piles et ampoules.)
Les entreprises qui déposent de gros volumes d’ampoules et de tubes fluorescents passent par un point de dépôt dédié ou par un fournisseur de produits d’éclairage. « Celles qui ont des palettes de quatre pieds de 500 tubes fluorescents et plus ont droit à un service de collecte direct », souligne Catherine Turcotte.
Les produits sont ensuite envoyés chez l’un des deux recycleurs du programme : la firme Recyclage de lampes fluorescentes (RLF) à Coteau-du-Lac, et une entreprise qui a une usine de traitement en Ontario, mais dont l’adresse de livraison est au Québec.
Contrairement au programme d’Appel à recycler, RecycFluo ne mesure pas le « taux d’efficacité », c’est-à-dire le pourcentage de matières revalorisées en d’autres produits, versus le pourcentage de matières dirigées vers l’enfouissement, que ce soit la poudre de phosphore, le mercure ou d’autres matériaux pouvant être corrompus lors du processus de recyclage.
Revaloriser les batteries lithium-ion
L’un des grands enjeux des prochaines années sera la récupération et la revalorisation des batteries au lithium-ion qui propulsent actuellement les véhicules électriques. Bien qu’elles aient une longue durée de vie, leur fabrication pollue. Leur réutilisation sera essentielle pour diminuer leur impact sur l’environnement. Nissan a inauguré son usine de recyclage de batteries il y a un an et Volkswagen prépare la sienne. (Voir la chronique Électromobilité.)
L’automne dernier, la firme Seneca, spécialiste des procédés industriels de transformation de la matière annonçait la construction d’une usine de recyclage de batteries lithium-ion au Québec. D’une capacité de 200 Tm par année, l’usine devait démarrer en 2019 grâce à un financement de 3,8 M$ de Technologie du développement durable du Canada.
Le procédé de Seneca devrait permettre de revaloriser jusqu’à 95 % des composantes de la batterie, soit le cobalt, le lithium et le graphite, matériaux qui serviront à fabriquer de nouvelles batteries.
Plusieurs partenaires sont impliqués dans le projet de Recyclage Lithion, dont le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage de l’énergie d’Hydro-Québec, le Centre d’études des procédés chimiques du Québec, un centre collégial de transfert de technologie, et le programme Appel à recycler. Électricité Plus a tenté d’en connaitre davantage sur les avancées du projet, sans succès.