Les véhicules électriques ont un mode de propulsion tout à fait différent de celui des véhicules à essence, diesel ou propane. La question de leur sécurité ne se pose donc pas de la même façon et les règlementations dans ce domaine sont encore incomplètes.
Selon Érik Émond, enseignant à l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (ÉMEMM), la sécurité dans les véhicules électriques est au moins aussi bonne que dans les véhicules à combustion. « L’idée que les batteries peuvent exploser est un mythe. On parle plutôt d’une combustion qui peut survenir à de hautes températures, car les électrolytes de ces batteries sont très inflammables. »
Le terme employé est alors emballement thermique. « Il se produit une réaction en chaîne et cette combustion produit de l’oxygène, ce qui rend le feu difficile à éteindre. Ça brûle longtemps et aucun extincteur ne peut en venir à bout. La meilleure façon d’éteindre un feu de batteries est de les immerger dans l’eau », explique M. Émond.
Les batteries haute tension endommagées peuvent s’enflammer jusqu’à 22 heures après l’accident. Les remorqueurs sont même avertis de garder l’auto à l’écart des autres véhicules pour éviter les incendies.
Les incendies dans les voitures électriques sont rares. Seulement quatre cas ont été signalés à Transports Canada depuis 2017. La cause de ces feux demeure indéterminée et les enquêtes se poursuivent.
La sécurité des passagers
Le professeur estime que les occupants courent peu de risques. D’abord, les batteries sont protégées par une cage de protection en métal et le système de gestion de la température est très précis. « En cas d’accident, on a le temps de sortir du véhicule », indique-t-il. Ensuite, la possibilité d’être intoxiqué est inexistante puisque les batteries au lithium ne dégagent pas de vapeurs toxiques, contrairement à celles au plomb qui se trouvent dans presque tous les véhicules à moteur. Quant aux coussins gonflables des véhicules électriques, ils offrent le même niveau de sécurité que dans les autres autos.
Interventions d’urgence
Dans un dossier publié en 2019, Électricité Plus soulignait que la formation sur la sécurité lors d’interventions sur un véhicule électrique, prodiguée par l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal (ÉMEMM), est la plus populaire chez les premiers répondants et les employés des municipalités.
Les secouristes doivent suivre certaines règles. Ils peuvent utiliser les pinces de désincarcération, mais pas de la même façon qu’avec les véhicules à moteur. Ils doivent tenir compte du risque que présentent les câbles qui transportent le courant, bien que le châssis soit isolé. Les pompiers disposent de guides sur les composantes à haute tension et lors d’un accident, ils coupent les relais du courant.
Il est toutefois étonnant d’apprendre qu’il n’y a pas de législation au Canada sur les normes touchant l’entretien et la réparation des véhicules électriques. Les garages appliquent leurs propres normes.
« Nous faisons des démarches qui pourraient mener à l’adoption de telles normes. On se base par exemple sur les normes de l’industrie de la construction touchant le travail des électriciens. Il n’est pas normal qu’il n’existe pas de certification sur l’entretien et la réparation des véhicules électriques », indique M. Émond.
Normes canadiennes
Il existe tout de même au Canada des règles encadrant la sécurité des véhicules. C’est une responsabilité partagée entre le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux et territoriaux, ainsi que les propriétaires de véhicules et les conducteurs, rappelle Frédérica Dupuis, de Transports Canada.
Les constructeurs et les importateurs doivent respecter le Règlement sur la sécurité des véhicules automobiles qui inclut la norme 305 (déversement d’électrolyte et la protection contre les décharges électriques) la norme 208 (protection des occupants en cas de collision frontale) et la norme 214 (protection en cas de collision latérale).
Ils doivent se conformer aux mêmes normes de sécurité que les autres autos et obtenir une certification de Transports Canada. Ces exigences sont les mêmes qu’aux États-Unis et comptent parmi les plus strictes au monde.
Tests de collision
La société allemande Dekra a comparé la résistance des véhicules électriques et celle des voitures conventionnelles en faisant subir des impacts violents à trois Renault Zoé et à une Nissan Leaf (l’ancien modèle) au centre d’essais de collision de Neumünster. L’objectif était de découvrir si les voitures électriques sont plus fragiles que les conventionnelles et si le système censé couper le courant en cas d’impact est fiable.
Un troisième volet de la recherche visait un nouveau système d’extinction des batteries, qui permet aux pompiers de lutter contre l’incendie directement dans le boîtier de la batterie.
Une vidéo diffusée par Dekra montre une Leaf glisser à 75 km/h vers un poteau en acier, reproduisant ainsi différents scénarios de collisions avec un arbre. La société tire des conclusions positives de ces tests, comme l’explique Markus Egelhaaf, chercheur chez Dekra. « Les véhicules électriques de série ont confirmé leur haut niveau de sécurité. Le système haute tension des véhicules électriques a été coupé lors de l’accident et malgré la déformation massive de la batterie de lecteur, il n’y a pas eu d’incendie. »