Depuis le temps que le gouvernement du Québec parle de la filière des batteries de véhicules électriques et d’électromobilité en général, voici que les dernières semaines ont été riches en gestes concrets.
Zone d’innovation
Le gouvernement du Québec annonce la création de la troisième zone d’innovation, la Vallée de la transition énergétique, qui sera déployée entre Bécancour, Trois-Rivières et Shawinigan. Le gouvernement investit plus de 8 millions de dollars pour réaliser sept projets d’infrastructures et de recherche. Ceux-ci permettront d’accélérer le développement de la filière batterie et l’électrification des transports, de décarboner le secteur industrialo-portuaire et d’optimiser la production et l’utilisation de l’hydrogène vert dans la chaine industrielle.
Investir pour la recherche
Pour soutenir les entreprises installées dans la zone d’innovation, le gouvernement attribue une somme de 5 millions de dollars au Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies (FRQNT). Ce montant lui permettra d’appuyer les priorités de recherche définies dans la zone d’innovation et de mettre en place de nouvelles chaires de recherche axées sur l’innovation ainsi que des programmes de bourses et de subventions de recherche. Le travail se fera en collaboration avec les membres d’un comité scientifique formé dans la zone et qui soutiendra les priorités de recherche.
Ce comité scientifique sera mis sur pied pour fédérer les expertises dans le domaine du savoir et de l’innovation selon les axes prioritaires de la zone. L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) jouera un rôle fédérateur dans ce comité, qui sera composé de dix-huit membres :
- six chercheurs locaux représentant l’UQTR, le Centre national en électrochimie et en technologies environnementales, le Centre de métallurgie du Québec, Innofibre – Centre d’innovation des produits cellulosiques, et le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie d’Hydro-Québec ;
- un représentant de l’Université Concordia ;
- sept chercheurs d’universités québécoises et de regroupements de recherche et d’innovation, provenant de l’Université de Montréal, l’Université de Sherbrooke, l’Université McGill, Polytechnique Montréal, l’École de technologie supérieure, l’Institut national de la recherche scientifique, le Centre national intégré du manufacturier intelligent, le Centre interdisciplinaire de recherche en opérationnalisation du développement durable et le Réseau québécois sur l’énergie intelligente ;
- deux chercheurs issus d’entreprises industrielles présentes sur le territoire ;
- deux observateurs en provenance de la direction générale de l’organisme Vallée de la transition énergétique et du FRQNT.
Soutenir l’innovation
Un montant de 3 millions de dollars est également accordé à l’organisme Vallée de la transition énergétique pour la gouvernance de la zone d’innovation. Le conseil d’administration de l’organisme sera composé de quinze membres : sept représentants industriels et d’organisations, trois représentants des municipalités, deux représentants du milieu de l’enseignement, un représentant des Premières Nations et deux observateurs en provenance du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et d’Investissement Québec.
Des investissements totalisant 317 000 $ serviront également à appuyer la réalisation de quatre études préliminaires portant sur des projets d’implantation d’infrastructures d’innovation visant à bonifier l’offre existante, soit :
- un centre d’innovation sur la batterie et l’électrification des transports à Shawinigan ;
- un incubateur d’entreprises du secteur de l’électrification des transports au sein du Centre d’entrepreneuriat Alphonse-Desjardins de Shawinigan ;
- un centre de valorisation de la recherche sur la décarbonation industrielle et portuaire à Trois-Rivières ;
- un centre d’innovation sur l’industrialisation des minéraux critiques et stratégiques et de l’hydrogène à Bécancour (centre de formation, centre d’optimisation des procédés).
Dynamiser le secteur industriel
De plus, la zone d’innovation peut compter sur de nouveaux acteurs, soit General Motors (GM) et POSCO Future M, qui ont dévoilé le projet d’Ultium CAM. La zone d’innovation de la Vallée de la transition énergétique peut aussi compter sur des entreprises déjà bien implantées, telles qu’Air Liquide (hydrogène), Vale (nickel), Nouveau Monde Graphite (graphite), FLO (bornes de recharge), Nemaska Lithium (hydroxyde de lithium) et BASF (composants de batteries). Des discussions sont en cours avec d’autres partenaires industriels qui souhaitent s’installer ou développer de nouveaux projets dans le parc industriel et portuaire de Bécancour.
Prêt à GM/Posco
Le gouvernement du Québec attribue, par l’entremise d’Investissement Québec, un prêt de 151,87 millions de dollars à Ultium CAM, société en commandite de General Motors (GM) et de POSCO Future M, pour la construction d’une usine de production de matériaux de batterie à Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Estimé à plus de 600 millions de dollars, ce projet créera 200 emplois dans la région.
Différents composants entrent dans la fabrication des batteries aux ions de lithium, dont des cellules munies d’anodes et de cathodes. L’usine d’Ultium CAM se spécialisera dans la production de matériaux actifs de cathodes (composées de lithium, de nickel, de cobalt et de manganèse). Cette production servira à fabriquer les batteries qui s’intègreront au programme Ultium de GM, lequel vise à produire un million de véhicules électriques par an à partir de 2025.
Le démarrage de l’usine, prévu en 2025, consolidera la position du Québec comme un acteur important de la filière batterie en Amérique du Nord. L’usine d’Ultium CAM sera localisée sur le territoire de la nouvelle zone d’innovation de la Vallée de la transition énergétique, qui permettra au secteur de créer tout un écosystème autour des technologies de décarbonation.
Croissance de LeddarTech
Le gouvernement du Québec attribue une contribution financière d’un montant maximal de 15 millions de dollars américains sous forme de billets convertibles à LeddarTech. Cet investissement vise à assurer la croissance et la poursuite des activités commerciales de l’entreprise ainsi que le développement de ses technologies de pointe destinées aux véhicules autonomes et intelligents.
La contribution financière, qui s’inscrit dans le cadre d’un tour de financement d’un montant minimum de 43 millions de dollars américains auprès d’investisseurs, permettra au gouvernement du Québec d’augmenter ses intérêts en capitaux propres dans l’entreprise LeddarTech. Cette participation gouvernementale est accompagnée de clauses qui assureront le maintien du siège social, du centre décisionnel et du principal bureau d’affaires de l’entreprise, ainsi que d’une partie importante de ses actifs, au Québec.
Et Northvolt ?
La Presse mentionnait récemment que l’entreprise suédoise pensait à s’établir soit à McMasterville, sur la Rive-Sud de Montréal, ou sur la Côte-Nord. Voir l’article.
Mais la pluie de dollars du gouvernement du Québec pour attirer des industries de la filière des batteries de véhicules électrique fait que Northvolt se laisse tirer l’oreille alors que les États-Unis seraient prêts à lui consentir des subventions pouvant atteindre 9 milliards de dollars. Le Québec a-t-il les moyens de se payer ces 4 000 emplois alors qu’il y a déjà pénurie de main-d’œuvre ? Autre article de La Presse.