L’avenir du véhicule électrique autonome commence à s’écrire au Québec. L’institut de recherche et de développement FPInnovations, qui œuvre principalement dans le secteur de la foresterie, a conclu une entente avec plusieurs partenaires, dont ABB Canada, pour la création d’une navette autonome électrique destinée au réseau de transport en commun.
Le projet – dont le montant d’investissement reste à définir – vise à contribuer au développement de la filière industrielle et, particulièrement, de la Grappe industrielle des véhicules électriques et intelligents. Par ailleurs, cette collaboration entre différents acteurs incluant Motrec International, Technoparc Montréal, ABB Canada et Ericsson Canada s’inscrit dans la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation, dévoilée à la mi-mai par Dominique Anglade, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation.
Rappelons que celle-ci consacrera 585 M$ à la recherche et au développement de technologies d’avenir, dont 4,4 M$ uniquement dédiés à la Grappe industrielle des véhicules électriques et intelligents.
« C’est dans notre ADN, au Québec, de fabriquer ces véhicules électriques autonomes adaptés aux conditions hivernales et capables de déterminer par eux-mêmes le moment idéal pour se recharger », a assuré Yves Provencher, directeur du développement des affaires en transport de FPInnovations, lors d’une conférence de presse, le 13 juin, dans le quartier Griffintown, de Montréal. M. Provencher a parlé d’un échéancier « ambitieux » de trois ans pour la mise en service de ces navettes avant de pouvoir dévoiler le projet en démonstration.
La navette disposera des plus récentes avancées en matière de technologie, soit de systèmes de vision et de reconnaissance des objets, d’intelligence artificielle et de navigation, de télécommunication de véhicule à véhicule, de véhicule à usagers ainsi que de véhicule à infrastructures; il sera également doté d’un dispositif de gestion et de recharge automatique des batteries.
Idée maitresse et partenaires
Yves Provencher attribue l’idée avant-gardiste de conception d’une navette autonome à Frédéric Faulconnier, ingénieur chez FPInnovations, qui a proposé de réunir une « équipe de rêve » (dream team) autour du projet québécois après avoir remporté l’appel de proposition, avec le consortium movera, pour réaliser une flotte de 20 navettes électriques au bénéfice de l’aéroport de Calgary. Pierre Lapointe, président-directeur général de FPInnovations, a tout de suite donné son vote de confiance au projet.
La fabrication du prototype a été confiée à Motrec International, entreprise manufacturière spécialisée dans la construction de véhicules électriques industriels. Technoparc Montréal a pour sa part été identifié comme le site de prédilection pour mettre ces nouveaux véhicules autonomes à l’essai. Enfin, pour l’électrification de la navette ainsi que sa connexion à un réseau intelligent, le consortium a fait appel à l’expertise d’ABB Canada, dans le domaine des technologies de l’énergie et de l’automatisation, de même qu’à Ericsson Canada, joueur mondial en matière de connectivité et de technologies de l’information et des communications.
Électricité Plus a voulu en savoir davantage sur les couts reliés au projet, mais M. Provencher a mentionné qu’il sera d’abord nécessaire d’établir un cahier de charge, ce qui prendra environ six mois.
Volet électrification
« ABB s’occupera de tout ce qui est électrification et de la technologie « opportunity charging » (OppCharge), ou recharge automatique des batteries. Nous ne réinventerons pas ce qui existe déjà, des technologies sont disponibles pour créer un écosystème qui correspond à notre climat nord-américain, notre réalité », a exposé Nathalie Pilon, présidente d’ABB Canada.
Daniel Simounet, vice-président du secteur des transports d’ABB, s’est montré emballé d’avoir enfin l’occasion de travailler à un tel projet en électrification des transports. « C’est un rêve qui se concrétise dans un contexte où il est désormais possible de créer une synergie d’intégration avec le manufacturier Motrec », a-t-il commenté. Bien sûr, ABB aura certains enjeux de logistiques auxquels il devra faire face, notamment avec l’usage des utilités électriques d’Hydro-Québec et d’Hydro-One, en Ontario.
Contrairement au projet de navette autonome de l’entreprise NAVYA, une fabrication européenne qui sera testée cette année en contexte nordique, à Terrebonne, le projet annoncé par FPInnovations sera entièrement conçu au Québec, et élaboré en fonction de nos conditions hivernales.
À l’automne, un concours sera lancé dans les écoles de niveaux secondaire, collégial et universitaire afin de trouver un nom et une identité à la navette électrique autonome en voie de devenir le premier véhicule du genre de fabrication québécoise.
Sur notre photo principale, Mario Monette, président-directeur général de Technoparc Montréal, Nathalie Pilon, présidente d’ABB Canada, Alan DeSousa, maire de l’arrondissement Saint-Laurent, Pierre Fitzgerald, directeur principal, Services publics – Amérique du Nord d’Ericsson Canada, Pierre Lapointe, président et CEO de FPInnovations, Nadine Bernard, présidente-directrice générale de la Grappe industrielle des véhicules électriques et intelligents, Blair McIntosh, président-directeur général de Motrec International, Aref Salem, conseiller de ville de l’arrondissement Saint-Laurent et membre du comité exécutif, et Yves Provencher, directeur du développement des affaires en transport de FPInnovations.