Les propriétaires de grands immeubles déboursent plus qu’ils ne devraient pour s’assurer les services d’entrepreneurs électriciens alors qu’ils ont des électriciens hors construction à leur service, via l’entreprise qui assure l’entretien de leurs immeubles. Ils ont pourtant des électriciens compétents et expérimentés qui pourraient leur épargner considérablement d’argent. Entrevue avec un électricien de longue expérience : Louis Lussier.
Le travail de l’électricien d’entretien a bien changé aux cours des années. Électricité hors construction a rencontré un routier d’expérience dans ce domaine, M. Louis Lussier, qui œuvre présentement dans un grand édifice à bureaux du Centre-ville de Montréal. Membre de l’AcpééeQ depuis de nombreuses années, M. Lussier a aussi siégé longtemps au conseil d’administration, occupant des postes-clé, comme trésorier.
ÉHC : qu’est-ce qui a fait tellement changer la fonction d’électricien d’entretien ?
“Dans les années 70, de dire M. Lussier, l’équipe d’entretien des édifices pouvait compter de 10 à 20 employés couvrant différents domaines. Le département prenait en charge la rénovation des locaux des entreprises autant que son entretien. De la démolition à la rénovation complète, tout était fait à l’interne, sans la contribution d’entrepreneurs extérieurs .”
Et M. Lussier de continuer: “Les employés étant salariés du propriétaire de l’édifice, ils pouvaient effectuer tous les travaux, que ce soit la menuiserie, la plomberie, la ventilation, le contrôle et l’électricité. Par la même occasion, si une défectuosité était décelée, l’équipe était sur place et pouvait apporter les correctifs rapidement . Le chef d’équipe était plus souvent qu’autrement un électricien, car pour effectuer des travaux dans le respect du code électrique, il devait détenir une licence A2 (chef électricien – aujourd’hui le répondant). Rappelons que le métier d’électricien est un métier règlementé.”
ÉHC : quel a été le déclencheur de ces changements ?
“Avec la récession des années 90, les propriétaires d’immeubles à bureaux, pour des raisons économiques, ont démantelé leur département de maintenance pour en donner la gestion à des sous-traitants. Du point de vue économique, l’idée avait son bon côté : moins d’employés à gérer car les travaux étaient exécutés par un entrepreneur extérieur qui travaillait seulement lorsqu’il y avait une réparation ou une rénovation à faire. Donc le département de maintenance se résumerait à un ou quelques employés permanents, compte tenu de la superficie totale de l’immeuble . Ceci permettait à l’employeur de ne pas à avoir de bénéfices marginaux à payer et de ne plus gérer du personnel mais plutôt des projets. Cependant, l’entretien et la prévention prenaient fin du même coup et on agissait désormais en réaction plutôt qu’en prévention : la théorie du popcorn – on s’en occupe quand ça saute”.
“Pour l’électricien d’entretien des immeubles, la tâche s’est sensiblement modifiée. N’étant plus salarié du propriétaire de l’immeuble, à partir de ce moment il ne peut plus effectuer de nouvelles installations, seulement des réparations mineures. Pourtant il a la compétence pour le faire, mais, question de règlementation, il ne peut pas faire son métier au complet. Les propriétaires, surtout d’immeubles de moins de 15 étages, ne voient donc plus l’intérêt d’avoir un électricien sur place en permanence. Ils aiment mieux attendre les bris et faire appel à un entrepreneur électricien pour effectuer les travaux. Comme on sait, réparer lors d’un bris, d’une interruption de service, est toujours plus dispendieux.”
Puisque M. Lussier a choisi de travailler en entretien plutôt qu’en construction, c’est que le métier est différent. Les électriciens d’entretien sont des gens compétents, remplis de potentiel inexploité, qui pourraient rendre de précieux services et faire économiser une véritable petite fortune aux propriétaires. Le mode de fonctionnement de ces électriciens est de poser un diagnostic précis, de rechercher les différentes solutions pour éviter les interruptions de service et de garder les couts aussi bas que possible. Ils doivent donc conseiller leur patron sur les solutions appropriées à la situation et apporter les modifications avant qu’il y ait une situation d’urgence.
M. Lussier continue : “Étant donné que presque tous les propriétaires d’immeubles à bureaux confient en sous-traitance l’entretien de leurs édifices, ils peuvent faire exécuter presque tous leurs travaux de rénovation et d’entretien par le sous-traitant, sauf en électricité, ce qui comporte certains inconvénients et occasionne des couts supplémentaires. De plus, nous constatons que plusieurs sous-traitants, particulièrement dans le domaine de l’entretien ménager, font effectuer des travaux électriques par de “bons bricoleurs” qui n’ont pas toujours toute la compétence nécessaire ; c’est souvent le cas lorsqu’il y a des ballasts à changer. On sait que le code sur l’électricité exige qu’on ajoute un dispositif de sectionnement lorsqu’on change le ballast d’un luminaire fluorescent alimenté par du courant de 150 volts ou plus, ce qui est courant dans les immeubles à bureaux où le 347 volts est à l’honneur. Là, il n’y a pas de doute, c’est un travail d’électricien”.
Malgré toutes ces années passées et la réduction de tâche, on voit toujours la passion dans les yeux de M. Lussier. “J’ai le plaisir de travailler dans les édifices à bureaux depuis plus de 20 ans et j’ai été salarié seulement pendant 2 années pour le propriétaire d’un édifice. Depuis, je suis toujours employé d’entreprises d’entretien de bâtiments.”
“Même en travaillant pour l’entreprise qui a la gestion électromécanique de l’édifice, j’ai rendu d’énormes services aux propriétaires des immeubles. Que ce soit la vérification des installations électriques pour déceler des anomalies qui pourraient devenir onéreuses en cas de bris, de vérifications des plans électriques avant les réaménagements (toujours moins coûteux de faire des changements sur les plans que lorsque les travaux sont terminés) ; ou encore la vérification des nouvelles installations électriques réalisées par les entrepreneurs électriciens, pour valider s’ils se sont conformés au code électrique, surtout aux derniers changements du code – car l’électricien d’entretien doit se faire un devoir de suivre des formations d’appoint, surtout pour les changements au code électrique – ; puis aider les mécaniciens de machines fixes dans la compréhension et l’analyse de problèmes causés par une défaillance des contrôles électriques ou autres. À chaque fois, les économies générées par de telles interventions sont des plus profitables aux propriétaires des édifices.”
La solution proposée par M. Lussier est toute simple
“Il suffirait que ces firmes de gestion et d’entretien de bâtiments détiennent une licence d’entrepreneur électricien, ce qui leur permettrait d’utiliser pleinement les compétences de leurs électriciens d’entretien. Dans un tel cas, l’entrepreneur électricien n’a pas à défrayer les couts très élevés de la CCQ car les travaux sont d’entretien, alors que la CCQ peut prélever des redevances et frais de tous ordres lors de travaux de construction seulement.”
“Lors de rénovations importantes, l’électricien d’entretien ne pourrait effectuer tous les travaux électriques à lui seul, et c’est là que les entrepreneurs électriciens extérieurs seraient appelés à faire le travail, mais les couts de rénovations seraient diminués car ces entrepreneurs pourraient avoir comme ressource l’électricien d’entretien qui connaît bien l’endroit ainsi que les procédures et standards de l’édifice. Cependant, pendant ces travaux de rénovation, il y aurait des frais à acquitter auprès de la CCQ. Notons toutefois que certains secteurs sont exempts de ces frais ; on peut connaitre ces exemptions en consultant la Loi R-20 , la section traitant des exclusions des cartes de compétence, soit la SECTION I CHAMP D’APPLICATION ET EXÉCUTION DE TRAVAUX DE CONSTRUCTION , article 19”
“Bien que la presque totalité des entrepreneurs électriciens sont des gens bien intentionnés et intègres, il reste que certains font tout ce qu’ils peuvent pour faire grimper la facture, ce qui est contraire aux intérêts des propriétaires d’immeubles. La présence de l’électricien d’entretien lors de travaux par un entrepreneur électricien de l’extérieur incite fort probablement celui-ci à porter beaucoup plus attention aux couts des travaux”.
” De cette façon, l’électricien d’entretien pourrait aussi faire l’inspection des installations électriques et vérifier que les installations soient conformes, déceler des anomalies qui pourraient être désastreuses et souvent onéreuses pour le propriétaire. Certaines installations pourraient être réalisées à moindre cout et aussi plus rapidement qu’un entrepreneur, car on est sur place. Aussi, combien de fois j’ai aidé des entrepreneurs en contrôle pour réparer un problème plus rapidement à cause de mes connaissances dans l’équipement et mieux orienter le technicien vers une composante placée en un endroit où il aurait eu à chercher…D’autre part, puisqu’il y a de plus en plus de dispositifs de contrôle, les électriciens d’entretien ont avantage à parfaire leurs connaissances et maitriser aussi parfaitement que possible cet aspect de l’électricité. “
ÉHC : et votre conclusion, M. Lussier ?
“L’électricien d’entretien a sa place dans les édifices à bureaux et peut rendre d’énormes services aux propriétaires, car il est une personne polyvalente. Il veille au bon fonctionnement des installations électriques, il est d’une aide précieuse pour la logique des contrôles et il devient aussi l’aide pour les autres corps de métier. Depuis le temps que je travaille dans le domaine de l’entretien électrique des édifices, j’ai toujours pu intervenir, ce qui est apprécié par les propriétaires, mais je sais qu’ils aimeraient beaucoup que je puisse faire certaines petites installations pour les dépanner. Si les firmes de gestion et d’entretien des bâtiments avaient leur licence d’entrepreneur en électricité, je crois que l’électricien d’entretien dans les édifices à bureaux deviendrait davantage un atout très rentable pour les propriétaires, même si nous sommes salariés du sous-traitant pour l’entretien électromécanique de l’édifice. Il y a maintenant plus de 20 ans que les propriétaires d’immeubles ont modifié leur façon de faire face aux électriciens d’entretien ; il est probablement temps d’améliorer les choses un peu plus et c’est à eux d’insister auprès des gestionnaires externes pour qu’ils détiennent une licence d’entrepreneur en électricité. Et comme ces gestionnaires ont des contrats de gestion et d’entretien dans plusieurs édifices, une seule licence d’entrepreneur en électricité serait nécessaire pour l’ensemble de leurs contrats.”
“Nous avons les compétences pour faire le travail, pourquoi ne pas les utiliser…”
Note: l’AcpééeQ dit regrouper ces électriciens d’entretien et leurs patrons, dans un esprit de compétence qui mène nécessairement à la sécurité autant de l’électricien lui-même que des édifices où il œuvre www.acpeeeq.org .
MATHIEU LAFLAMME dit
MOI, DEPUIS QUE J’AI FAIT MON COURS D’ÉLECTRICIEN D’ENTRETIEN EN 2006 ET TERMINÉ EN 2008, J’AI APPLIQUÉ SUR DIFFÉRENTS EMPLOIS , MAIS SANS SUCCÈS. EN ESSAYANT TOUJOURS DE ME FAIRE VALOIR DU MIEUX QUE JE PEUX, AUCUNE ENTREPRISE NE RECHERCHE D’APPRENTI ÉLECTRICEN D’ENTRETIEN,.VOUS, SAVEZ-VOUS OU JE PEUX POSTULER POUR DÉMONTRER MES CONNAISSANCES, CAR JE SAIS QUE JE SUIS EXCELLENT DANS MON DOMAINE.
MATHIEU LAFLAMME
Normand Gosselin dit
Il y a tout près de 600 Constructeurs-propriétaires en électricité au Québec qui embauchent plus de 10 000 électriciens hors construction (électricien industriels et d’entretien). La liste de ces employeurs paraitra d’ici peu dans notre rubrique Répertoires ; à vous de la consulter et de tenter à nouveau votre chance. En plus, il y a les manufacturiers et les intégrateurs qui souvent embauchent des électriciens. À noter aussi que les distributeurs en gros de matériel électrique apprécient avoir des électriciens compétents à leur service.
D’autre part, les électriciens membres de l’AcpééeQ peuvent placer leur offre de services dans notre rubrique Électriciens disponibles. Dès la première semaine de publication du Magazine Électricité hors construction, nous avons établi le contact entre un apprenti de 2e année et un employeur de Montréal. Tout a bien fonctionné puisque l’électricien en question est déjà en poste.
Bonne chance,
La direction
Said AZANAR dit
Moi je suis un apprenti électricien hors construction et je cherche un emploi d’apprenti pour compléter mon apprentissage mais sans résultat jusqu’à maintenant . j’ai 17 ans d’expérience hors Québec et je veux être utile avec mon savoir faire et si vous pouvez m’aider dans ma recherche.
Normand Gosselin dit
Vos compétences hors Québec peuvent être reconnues. Voir le texte que nous avons publié : https://electricite-plus.com/2012/04/04/apprentis-non-inscrits-faire-reconnaitre-vos-heures/ De plus, vous avez la liste des employeurs qui embauchent des électriciens hors construction dans le magazine, sous la rubrique liens utiles, section Constructeurs-propriétaires en électricité. Tous les constructeurs-propriétaires en électricité du Québec y sont, classés par régions administratives.
D’autre part, vous pouvez nous transmettre un CV d’une centaine de mots que nous placerons sous la rubrique Électriciens disponibles. Lorsqu’un employeur signifiera son intérêt, nous établirons le contact entre vous.
Bonne chance.
Prud H. dit
Bonjour,
Besoin d’aide pour completer mon apprentissage.
Je suis dans un pareil cas aussi. Il y a pas longtemps que je suis ici au Quebec et je veux integrer une entreprise pour valider mes competences d’electricien.
J’ai une carte d’apprenti hors construction et 7 ans d’experience dans mon pays d’origine.
Pouvez vous me guider dans mes recherches?
Prud H.
Normand Gosselin dit
Bonjour,
L’idéal est de prendre contact avec l’agent de qualification de votre bureau d’Emploi Québec.
Bonne chance,
Normand Gosselin