Peu connue contrairement à des firmes de génie-conseil comme SNC-Lavalin, CIMA+ ou Stantec (jadis Dessau), la firme d’ingénierie Hatch a célébré en juin, mine de rien, ses 60 ans dans le paysage québécois. Et pourtant, la firme de génie-conseil collabore à des projets d’envergure à Montréal, entre autres avec la Caisse de dépôt et placement du Québec et son projet de train électrique, le Réseau express métropolitain (REM); mais également à l’international, où elle œuvre dans le développement de projets hydroélectriques et de systèmes hybrides éoliens.
Ayant d’abord fait sa marque dans le secteur minier, Hatch entend développer le marché des infrastructures et de l’énergie, tout en poursuivant ses projets dans les mines, son principal secteur d’activité. La firme compte 9 000 employés dans le monde, dont 850 au Québec, où la majorité est localisée à la Place Ville-Marie. C’est ainsi que le 60e de Hatch a été souligné avec ses clients, fournisseurs et employés du bureau de Toronto, du haut du 46e étage de la Place Ville-Marie, à l’Observatoire 360°, avec une vue imprenable des gratte-ciels montréalais.
« Avant le projet de REM du CDPQ Infra, nous avions été engagés pour travailler avec CIMA+ et leurs directeurs de projet afin de réaliser une étude de tracé entre la Rive-Sud, l’Ouest-de-l’Île de Montréal et l’aéroport. Nous avons ainsi accompagné la Caisse de dépôt dans la définition du concept [de train électrique] et le commissionning du projet. Ça va paraître chauvin, mais je suis convaincu que le REM va faire école avec ce projet d’innovation », lance d’entrée de jeu Nicolas Theberge, vice-président sénior, Infrastructures.
Le fait d’avoir bouclé ce projet prêt pour la construction en deux ans et trois mois relève du véritable exploit, note M. Theberge. « En comparaison, à Calgary, le système léger sur rail (SLR) a pris plus de cinq ans à se concrétiser. » Hatch a donc prêté son expertise en matière de trains légers sur rails à CDPQ Infra, ayant une solide feuille de route en la matière, avec des projets comme le prolongement vers l’ouest de la ligne du SLR de Calgary et de SLR d’Eglinton Crosstown à Toronto.
Ce qui fera la signature du train montréalais? « Sa rapidité et son innovation, qui s’appuie sur les dernières technologies », estime Nicolas Theberge.
Volet électricité
Interrogé sur l’implication de Hatch dans le volet « électrification » du projet de REM, Nicolas Theberge ajoute : « C’est le fondement du projet, il fallait prévoir les sources d’alimentation, la redondance des trains pour une meilleure fluidité, la fiabilité du système – ce qui est fondamental en transport ». De pair avec Hydro-Québec, la firme de génie-conseil a évalué les différentes sources d’alimentation, qui ne doivent pas avoir la même origine.
Autre élément à considérer : la sécurité du système, tant pour les usagers que les travailleurs, pour éviter tout court-circuit. Selon son expertise, la méthode d’alimentation électrique par caténaire (câbles suspendus au-dessus des rails et connectés aux trains) s’est imposée d’elle-même, en raison du climat « difficile » au Québec et des conditions hivernales, allant de l’accumulation de neige à la formation de glace. L’autre option aurait été la technique de troisième rail, utilisée pour capter le courant par un rail placé entre les rails de roulement, alternative qui posait des risques de court-circuit et qui aurait nécessité des mesures de déglaçage et de déneigement.
Nicolas Théberge n’anticipe pas de variations de puissance électrique importante puisque la consommation d’énergie et les charges demeureront constantes, car elles alimentent des trains dans les deux directions, en continu. « Le REM fait une boucle, il y aura peu de fluctuations, contrairement aux trains de banlieue qui font l’aller-retour », résume-t-il. Hatch suivra le projet du REM avec son partenaire CIMA+ jusqu’à sa livraison, ayant une équipe oscillant entre 93 et 120 ingénieurs civils, électriques et mécaniques dédiée au projet.
Projets hydroélectriques et d’énergies renouvelables
Au-delà de la gestion de projets d’infrastructures de transport, Hatch se spécialise également dans les projets hydroélectriques. Marie-Hélène Briand, directrice mondiale – Hydroélectricité, gère cette division et s’occupe du développement des affaires à travers le monde. « Hatch accompagne ses clients en Amérique latine, en Afrique, en Asie et en Australie dans des projets de réhabilitation de barrages ou différentes études de faisabilité », explicite-t-elle.
Forte d’une expérience de 25 ans en ingénierie hydroélectrique, elle a travaillé pour le groupe RSW, firme d’ingénieurs-conseils qui a activement contribué au développement hydroélectrique de la Baie-James jusqu’à la fusion avec Tecsult puis le rachat par le groupe AECOM, et pour Hydro-Québec, où elle a fait partie du groupe de planification et de la production hydroélectrique ainsi que de la gestion des crues des bassins versants, de 1994 à 2000.
Au Canada, Marie-Hélène Briand a notamment collaboré aux projets de centrale hydroélectrique de Keeyask, au nord du Manitoba, pour la conception de cette infrastructure de près de 700 MW et de réfection des vannes d’évacuation du barrage Keenleyside avec BC Hydro et de réhabilitation des vannes sphériques de la centrale Manic-5 avec Hydro-Québec.
Hatch développe actuellement son expertise dans le créneau des systèmes hybrides-éoliens, système notamment installé à la mine Raglan dans le Nord-du-Québec, où il permet d’économiser 2,4 millions de litres de diésel chaque année. Ce projet de démonstration de microréseau vise à tester trois technologies : le volant d’inertie, la batterie au lithium-ion et l’électrolyseur avec pile à combustible et réservoirs à hydrogène.
« Le marché est en train de changer, une révolution se prépare avec la production d’électricité avec des systèmes alimentés par le solaire et l’éolien, soulève-t-elle, et l’hydroélectricité est de loin le meilleur moyen d’intégrer ces technologies. Notre rôle est de favoriser l’intégration des différentes technologies en fonction des problématiques données sur un territoire et de développer des outils de simulation de production pour aider notre clientèle dans son développement stratégique, exprime Marie-Hélène Briand. On s’adapte en fonction de la région géographique et des ressources qu’elle offre. »
Du passé vers le futur
Lors des allocutions d’usage, Stéphane Raymond, directeur général et directeur régional Gestion de projets et Construction, a mentionné : « cette soirée permet de faire le pont entre le passé, le présent et le futur, en retraçant les grandes lignes de notre histoire, en vous permettant de découvrir nos projets actuels et notre implication dans la communauté ». Il réaffirmé sa fierté de « contribuer au monde du génie » chez Hatch, énonçant au passage que la notion de famille était très importante au sein de l’entreprise, les employés en étant les principaux actionnaires.
Guy LeClair, directeur général, Minéraux et directeur général régional pour l’Est de l’Amérique du Nord, a pour sa part rappelé que « le fondateur Gerry Hatch avait des racines profondes au Québec, lui qui a œuvré chez Québec Fer et Titane (aujourd’hui Rio Tinto Fer et Titane) où il a formé sa vision et sa compréhension du marché et des procédés de bonification du minerai. Le Québec est le berceau de Hatch ».
Sur la photo d’introduction, Nicolas Théberge, vice-président sénior, Infrastructures, et Stéphane Raymond, ingénieur électrique de formation, directeur général – Montréal et directeur régional, Gestion de projets et Construction, pour l’Est de l’Amérique du Nord. Le siège social et bureau principal de Hatch est situé à Mississauga, en banlieue de Toronto.
Laisser un commentaire