C’est un coup de chaleur, mais aussi le manque d’information sur les risques reliés à son travail qui ont entrainé la mort d’un travailleur agricole sur une ferme de Napierville, en Montérégie, en juillet 2019, conclut la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
Dhami Manohar Singh a été retrouvé face contre terre le 4 juillet 2019. Le travailleur provenant d’une agence de placement privée était affecté au désherbage d’un champ d’ognon lorsqu’il s’est effondré. Il est mort à l’hôpital deux jours plus tard.
Dans son rapport d’enquête publié le 26 aout dernier, la CNESST conclut que la «perte hydrique» occasionnée par le désherbage manuel d’un champ d’ognons dans un environnement chaud et humide est l’un des facteurs en cause. D’autres facteurs tel que la condition médicale du travailleur peuvent être en cause, mais il n’a pas été possible de le confirmer.
La Commission arrive à cette conclusion après avoir démontré que le travailleur avait fait des pauses en avant-midi et pour le lunch. Cette dernière avait même été plus longue que prévu en raison de la chaleur ce jour-là. De l’eau était accessible et les travailleurs pouvaient trainer une gourde au champ.
«Les paramètres qui prévalaient en cette journée ne permettaient pas de croire que la température corporelle des travailleurs pouvait atteindre un niveau plus élevé que 37,5 degrés Celsius et occasionner un coup de chaleur», écrit la Commission. Il lui parait donc «hautement improbable» que seule la «contrainte thermique» explique le décès de M. Singh.
La Commission souligne également que les travailleurs de l’agence de placement n’avaient pas été informés adéquatement des risques liés à leurs tâches, tels que ceux associés à la chaleur. M. Singh n’aurait donc pas tenu compte des signaux d’alarme d’un coup de chaleur.
Les risques liés à la chaleur doivent être mieux connus de tous
Pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise, la CNESST recommande aux employeurs d’informer leurs travailleurs des risques de coups de chaleur à la ferme. Mais les travailleurs agricoles ne sont pas les seuls à subir les affres de la chaleur. Tous ceux et celles qui travaillent à l’extérieur, que ce soit sur les routes, les chantiers de construction, les lignes électriques ou autres, devraient être informés des précautions à prendre lorsque le mercure monte.
L’employeur doit notamment :
- s’assurer que les travailleurs sont formés et informés sur les risques liés aux coups de chaleur et sur les moyens pour les prévenir;
- évaluer le risque, plusieurs fois par jour, à l’aide des utilitaires Température de l’air corrigée (TAC) ou Température au thermomètre-globe mouillé (Wet Bulb Globe Temperature – WBGT) et ajuster les moyens de prévention selon les résultats obtenus;
- fournir aux travailleurs de l’eau fraiche en quantité suffisante et s’assurer que ceux-ci y ont accès et qu’ils en boivent;
- ajuster la charge de travail en fonction des conditions météorologiques (p. ex.: chaleur, humidité, ensoleillement);
- s’assurer que les travailleurs prennent une ou des pauses et augmenter la durée et la fréquence de celles-ci selon les conditions météorologiques tout en prenant en considération les tâches exécutées;
- accorder des pauses plus longues aux travailleurs non acclimatés.
Par la loi, l’employeur est tenu de prendre les mesures nécessaires pour protéger la santé et assurer la sécurité et l’intégrité physique de ses travailleurs. Il a également l’obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires.
Les travailleurs doivent faire équipe avec l’employeur pour repérer les dangers et mettre en place les moyens pour les éliminer ou les contrôler.
Le rapport d’enquête peut être consulté en ligne. Pour plus d’information sur la santé et la sécurité liée au coup de chaleur, voir les documents publiés par la CNESST.