Après le choc de la disparition soudaine de son président Benoit Perron en décembre 2015, l’organisme à but non lucratif Énergie Solaire Québec se relève tranquillement. L’année 2017 a été charnière pour l’organisation en reconstruction, qui tente de se redéfinir et de redémarrer. Le magazine Électricité Plus s’est entretenu avec Sass Peress, chef du conseil d’administration, pour faire le point sur la façon dont Énergie Solaire Québec entend se tailler une place au soleil en tant que référence en matière de solaire au Québec.
« La dernière année a été turbulente, dévoile sans détour Sass Peress. Le décès du président Benoît Perron, en décembre 2015, a été un choc pour nous tous. Il était le one-man-show de l’organisation. Lorsqu’il nous a quittés, les bénévoles étaient paralysés, personne ne savait quoi faire. Nos bénévoles ont tous une carrière à temps plein, chacun avait ses propres activités. » L’intérêt était là pour relancer Énergie Solaire Québec, mais il fallait tout rebâtir pour jeter de nouvelles bases.
« L’organisme a été laissé à l’abandon durant un an », estime M. Peress. Durant ce temps, Patrick Goulet et Suzanne Richard, deux bénévoles dévoués, ont tenu à bout de bras cette organisation qui se retrouvait du jour au lendemain orpheline. Depuis les derniers mois, un vent de renouveau souffle sur l’organisation, qui a renouvelé son conseil d’administration. Le site Web a été revampé et l’organisme s’est doté d’un nouveau logo, dessiné par Suzanne, trésorière et artiste de l’organisation, dont le design circulaire symbolise la Terre où se partagent l’eau et le soleil.
Démocratiser le solaire
Outre l’objectif de « démocratiser l’énergie solaire », Énergie Solaire Québec milite pour la mise en place de politiques gouvernementales afin de favoriser l’adhésion à l’énergie solaire, tant pour le secteur commercial que résidentiel. « Il faut qu’il y ait des incitatifs pour que les gens veuillent mettre du solaire chez eux », martèle le chef du conseil d’administration. De plus, selon lui, cette démocratisation doit passer par les petites et moyennes entreprises (PME), qui sont « l’engin de notre économie ».
« Nous devons créer un nouvel engin de revenus, croit M. Peress. Au Québec, une douzaine de PME créent de l’énergie solaire, comparativement à des milliers aux États-Unis, surtout concentrés en Californie. Les activités qui se rapportent à l’énergie solaire sont aussi multiples que les composantes des systèmes de production d’énergie solaire : les panneaux solaires, onduleurs, systèmes logiciels, en passant par toute la quincaillerie. »
Quant à l’obstacle du climat québécois sur l’ensoleillement, Sass Peress n’y croit pas. « L’Allemagne (premier producteur d’électricité photovoltaïque en Europe) l’a prouvé, et le rayonnement solaire est beaucoup plus important au Québec. Avec le cout des batteries qui baisse de jour en jour, il doit y avoir un changement dans le mandat d’Hydro-Québec – et Éric Martel, [président-directeur général de la société d’État], est un visionnaire parce qu’il l’a compris. »
Rappelons qu’à quelques reprises cette année, M. Martel a convenu de la montée en importance de l’énergie solaire, et avait mentionné qu’il était temps de revoir le modèle d’affaires d’Hydro-Québec, qui devra s’adapter aux autoproducteurs d’énergie solaire.
Gagner en visibilité
Le plus grand cheval de bataille de l’organisme Énergie Solaire Québec sera le recrutement des membres en 2018. L’organisation dit compter actuellement sur 2000 membres. L’objectif : doubler de nombre et aller chercher de nouvelles sources de revenus, notamment par le biais des inscriptions, mais également en tentant d’aller chercher des subventions du gouvernement réservées aux organismes à but non lucratif. Sass Peress affirme vouloir s’inspirer du modèle de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ), qui a réussi à augmenter sa visibilité auprès du grand public.
Désormais, le site Internet d’Énergie Solaire Québec permet de s’inscrire aux ateliers en ligne et – pour la première fois – de payer avec PayPal. Aux dires de M. Peress, l’inscription aux ateliers connaît un regain de popularité, ceux-ci accueillant chaque fois de 25 à 30 personnes. « Nous avons besoin de bénévoles pour animer ces ateliers une fois par mois, souligne-t-il du même souffle. Pour la première fois, nous donnerons un atelier à Québec, signe de l’intérêt envers le solaire. »
Conscient du travail énorme à accomplir, Sass Peress rend hommage au dévouement « incroyable » de feu Benoit Perron et à sa volonté de développer la filière solaire au Québec. « En même temps, cette bataille l’a épuisé. De voir que rien ne se passait au Québec, année après année, dans le domaine de l’énergie solaire, alors que le reste du monde se développait, ce devait être frustrant. Aujourd’hui, le ministre [des Ressources naturelles] Pierre Arcand et le premier ministre Philippe Couillard croient aux projets d’énergie solaire. »
Pour mieux se faire connaître, Énergie Solaire Québec a réservé sa place au prochain Salon du véhicule électrique de Montréal, du 20 au 22 avril. En 2018, l’organisme caresse l’ambition de voir naître son propre salon commercial dédié à l’énergie solaire. L’idée étant à l’étape embryonnaire, Sass Peress reste vague sur la forme que prendra cet évènement. « De belles choses s’en viennent, souffle-t-il toutefois. Le Québec a une grande capacité d’innovation, nous sommes des risk-takers, des entrepreneurs, pourquoi pas dans l’industrie du solaire » lance-t-il.
Grandir et regarder vers l’avant
À l’heure du bilan de l’année 2017, Sass Peress affirme avoir dans sa mire en 2018 de voir grandir le mouvement d’Énergie Solaire Québec, de faire connaître les possibilités aux éventuels autoproducteurs d’énergie solaire et de s’assurer de l’engagement du gouvernement envers le développement de la filière solaire. « Le secteur de l’énergie doit être un orchestre symphonique : tous peuvent être un instrument, et Hydro-Québec doit en être le chef d’orchestre. »
Questionné à propos d’une concertation possible avec d’autres associations promouvant les énergies propres, M. Peress a ouvert la porte à une association avec l’Association canadienne de l’énergie éolienne (CanWEA) et a affirmé vouloir bâtir des ponts avec la Canadian Solar Industries Association qui, semble-t-il, ne prend pas au sérieux Énergie Solaire Québec. « Pour eux, le Québec n’existe pas, estime Sass Peress. Il est temps de leur démontrer qui nous sommes, que nous voulons encourager le solaire, créer un tsunami d’emplois dans les PME et favoriser l’exportation dans ce secteur. »
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