C’est un retour à la table à dessin pour Hydro-Québec alors que la société renonce à son projet de câble sous-marin pour alimenter les Îles-de-la-Madeleine en électricité. Une option qui s’avère beaucoup plus couteuse que prévu. Elle envisage désormais l’éolien, le solaire et le stockage d’énergie.
Le projet présenté en 2018 consistait à remplacer la centrale thermique alimentée au mazout qui fournit actuellement les Îles en électricité par un câble sous-marin se raccordant au réseau principal d’Hydro-Québec à Percé. Les études d’avant-projet qui ont eu lieu l’été dernier ont révélé que l’installation de deux câbles sous-marins de 225 kilomètres, l’un pour l’électricité, l’autre pour les télécommunications, serait beaucoup trop chère. Le montant du projet serait évalué à 606 millions de dollars.
Devant cette hausse des couts, Hydro-Québec envisage d’autres options. Les options probables pour fournir l’archipel, l’éolien et le solaire, sont «des filières qui sont devenues plus matures», précise Cendrix Bouchard, porte‑parole d’Hydro-Québec, en entrevue à La Presse. La société d’État continue cependant de privilégier le câble sous-marin.
Une décision bien accueillie dans l’archipel
Selon Jonathan Lapierre, maire des Îles-de-la-Madeleine, Hydro-Québec a une belle occasion de faire de l’archipel une première communauté entièrement autonome en énergie au Canada. «On pourrait être un fleuron et un exemple d’autonomie énergétique», estime-t-il. De plus, les alternatives au câble offrent, selon lui, un potentiel plus intéressant pour le développement économique et la création d’emplois aux Îles. Il évoque une combinaison d’éolien, de solaire et de stockage d’énergie pour assurer l’approvisionnement en électricité la communauté de 12 000 habitants.
Joël Arseneau, ancien maire et maintenant député des Îles-de-la-Madeleine, ne voit pas quelle autre option pourrait assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité que le câble sous-marin. «Le solaire et l’éolien nous ont toujours été présentés comme complémentaires à une source d’énergie principale», a-t-il souligné dans un entretien à La Presse.
Le maire Lapierre estime pour sa part que la centrale au mazout, qui alimente actuellement l’archipel en électricité, pourrait être conservée et convertie au gaz naturel liquide pour servir de police d’assurance, en réserve des sources d’énergie intermittentes.
La société d’État vise à terminer les analyses nécessaires à sa prise de décision au printemps 2021. L’échéance de 2025 pour faire la transition énergétique reste envisageable, peu importe la solution choisie, dit Hydro-Québec. La société d’État admet tout de même que la COVID-19 pourrait retarder « au début 2026 » la mise en service.
La décision de relier les Îles au réseau d’Hydro-Québec relève de considérations économiques et environnementales. Le câble devait permettre de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 94 %. La société d’État s’était engagée à maintenir la centrale au mazout comme centrale de réserve. Cette dernière fournit actuellement 70 emplois à temps plein et bien rémunérés.
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