J’ai été invité à présenter la norme québécoise sur le contrôle de l’éclairage extérieur autant à mes anciens collègues de Roumanie qu’à une des sections d’IES de la Nouvelle-Ecosse. Ça tombe bien, maintenant que je me prépare pour un nouveau rôle dans IES Montreal, celui de Président. Et ceci simultanément à mon mandat avec IDA Québec. Je trouve que c’est un message extraordinaire que le Québec lance encore une fois au monde par cette élection: l’éclairage est utile, est désiré mais la vie a aussi besoin de nuit! Le paradoxe est qu’il n’y a personne (ou presque) dans les deux organisations qui nient cette affirmation. Et en effet le travail sur la dite norme a démontré une cohésion d’idées et un désir d’action commun entre les sections locales d’IDA et d’IES.
Tant mieux pour présenter le projet qui verra son officialisation, nous l’espérons, en septembre prochain.
Qu’est-ce que cette norme amènera de plus dans nos vies?
Premièrement, elle officialisera le concept de développement durable dans la lutte à la pollution lumineuse en reconnaissant l’importance de l’économie d’énergie et de la réduction des émissions de carbone par la diminution de la puissance de l’éclairage installé, en utilisant les DEL.
Deuxièmement, elle reconnait que nous n’avons pas tous les mêmes besoins et l’éclairage ne fait pas exception. Tout comme la célèbre MLO (Model Lighting Ordinance – traduite en français par IDA Québec – un document nait d’un essai de collaboration entre IES et IDA au niveau international), la norme prévoit des zones d’éclairage nommées ZEN (Zone d’environnement Nocturne, faisant un clin d’œil à l’état résultant de la méditation silencieuse). Elles sont appelées différemment par rapport à la MLO et elles sont définies différemment, avec plus de précision et sans laisser de doute sur la façon de choisir. La quatrième zone, par exemple, vise juste les localités ayant plus que 100 000 habitants – 10 au total au Québec – et est divisée en quatre groupes : une de protection (comme les berges, les parcs nature etc.), une résidentielle, une mixte (résidentielle –commerciale) et une de type « centre-ville » ou d’usage exclusivement commercial (cette description est brève, la norme donne plus des détails).
La norme donne des pistes claires pour travailler sur les quatre paramètres qui facilitent la réduction drastique de la pollution lumineuse : la quantité, la direction et la couleur de la lumière émise, ainsi que la durée de fonctionnement des systèmes d’éclairage extérieur.
Pour la quantité de lumière, le tableau normatif propose des limites supérieures des niveaux d’éclairement pour chacune des 17 applications extérieures typiques (par exemple : aire de stationnement, espace commercial ou industriel inoccupé, aire piétonnière, parc urbain etc.).
Pour la direction, on réfère autant à la position de la source de lumière à l’intérieur du luminaire qu’à la position du luminaire même.
Pour la couleur, l’option choisie a été de présenter deux jeux de valeurs : l’un représentant un compromis économique ou technique qui tient compte des contraintes en matière de disponibilité des luminaires sur le marché au moment de la publication de la norme (la température de couleur est limitée à 3000K avec des exception de 4000K pour les applications ayant besoin davantage de flux lumineux) et un autre qui correspond aux meilleures pratiques à adopter en matière de contrôle de la pollution lumineuse exclusivement.
Le temps de fonctionnement est indiqué sous forme d’heure limite et encourage la gradation. Si la gradation est difficilement réalisable à cause des conditions concrètes du site, l’extinction est recommandée.
À première vue, et dans une telle énumération sommaire, l’application de la norme peut sembler un cauchemar. La réalité est qu’une fois comprise, la norme est facile à appliquer. La municipalité communique la zone ZEN dans lequel le projet se trouve. Il faut définir son application : par exemple un stationnement et, à côté, un parc. Il faut définir la zone aménagée (l’espace extérieur qui ne contient pas d’immeubles et qui fait l’objet d’un aménagement permanent incluant des cases de stationnement, des chemins d’accès, des entrées, des bordures, des rampes, des escaliers, des terrepleins, des passages piétonniers, etc.) et sa surface. Multipliant les lumens/mètres carrés recommandés par la norme avec la surface calculée, on obtient la quantité maximale de lumière admissible pour l’application (il est recommandable de faire une application à la fois) en lumens. Chaque ampoule indique sur son emballage, en principe, le nombre de lumens qu’elle émet. Même chose pour les luminaires dont l’ampoule (voire les DEL) est intégrée. Il faut diviser le nombre de lumens calculé par le nombre des lumens par ampoule pour obtenir le nombre maximal d’ampoules qui peut être utilisé. Après l’installation, il faut mesurer les zones les plus éclairées de l’aménagement pour s’assurer que le maximum de lux au sol ne dépasse pas les valeurs en lux recommandées par la norme. Et bien sûr, il faut installer un contrôle. Par exemple, un détecteur de mouvement ou d’autres équipements plus sophistiqués.
C’était un exemple. Plein d’autres situations peuvent se présenter, d’où l’importance du professionnel en éclairage. Car la norme ne s’adresse pas nécessairement au stationnement dans l’entrée de la résidence familiale construite sur un terrain de 6000 pi. ca. – malgré que chacun peut tirer ses conclusions et agir aussi à la maison. Une autre conclusion ressort de la dernière phrase : cette norme a aussi un rôle éducatif. Tout le monde a quelque chose à apprendre : les professionnels, les politiciens locaux, les intervenants de l’administration, le grand publique etc.
Apprendre qu’il faut éclairer juste là où se déroule une activité (travail, loisir etc.), qu’il faut limiter la lumière à la surface où cette activité se déroule, qu’il ne faut pas voir la source de lumière qui est dans le luminaire, que la lumière doit être douce, « chaude » et que, dès que l’activité est terminée, la lumière doit être éteinte ou réduite de façon importante.
Il est connu que les DEL ont des petites dimensions, donc peuvent facilement être intégrées dans un luminaire et cachées. Même que leur format permet leur intégration dans des formes et objets auxquels on ne pouvait même pas rêver il y a 10 ans.
Leur consommation d’énergie est très basse pour un même effet (que les sources traditionnelles) et nous pouvons gagner encore plus, beaucoup plus, en utilisant les contrôles – qui évoluent chaque jour, je dirais que dans le rythme du développement des diodes (DEL = diode électroluminescente). De façon que nous pouvons faire pratiquement tout ce que nous voulons avec.
Il n’y a donc qu’une seule conclusion possible : tout ce que cette norme veut communiquer c’est : osons être créatifs! Créatifs et respectueux.
ndlr : 1) Les informations, idées et opinions présentées dans cette chronique sont de la seule responsabilité de son auteur, M. Mihai R. Pecingina.
2) Mihai R. Pecingina, ing. est membre de l’équipe de Consultants DND. Il est aussi président du CA d’IDA Québec et membre du CA d’IES Montréal, où il devrait devenir président au moment de lire ces lignes – le 9 juin. On peut joindre M. Pecingina à mpecingina@dndinc.ca , tél. : 514-795-0363.