Bien que les véhicules électriques nécessitent moins d’entretien que les véhicules à moteur thermique, ils sont en train de transformer l’industrie de la réparation automobile. Les techniciens automobiles autrefois spécialisés en mécanique doivent apprendre à connaître les composantes électriques et électroniques qui constituent ces véhicules, à intervenir sur les systèmes réseau ou informatique et à effectuer l’entretien des systèmes de gestion de charge. C’est sans compter les premiers répondants qui doivent adapter leurs façons de faire lorsqu’ils interviennent lors d’un accident impliquant un véhicule électrique.
« Il faut prendre le virage électrique, nous n’avons pas le choix de suivre, car il y a un danger réel à manipuler un véhicule électrique. Il faut connaitre les procédures », croit fermement Sylvain Cayer. Le propriétaire de Pneus et mécanique Sylvain Cayer, à Saint-Jérôme, n’a pas lésiné sur la dépense pour former sept de ses techniciens à l’École des métiers de l’équipement motorisé (EMEM) de Montréal, qui offre en formation continue un programme de 105 heures dédié à la mécanique de véhicule motorisé électrique. Son but : devenir le plus grand centre automobile électrique au Québec.
La formation sur l’entretien et la réparation de véhicules électriques a formé six cohortes de huit personnes, permettant la spécialisation de près de 50 travailleurs, en un peu plus d’un an. « La formation s’adresse principalement aux municipalités ayant une flotte de véhicules électriques et aux garages indépendants, mais également aux remorqueurs et démanteleurs des centres de recyclage qui doivent travailler de façon sécuritaire avec ces véhicules », explique Nicolas Piguet, l’un des enseignants affectés à cette formation.
Les électriciens à l’oeuvre dans les villes et municipalités ont ainsi tout intérêt à suivre cette formation spécifique, scindée en plusieurs modules, qui traite notamment d’entretien des systèmes de freinage des véhicules à motorisation électrique, de diagnostic des anomalies du système de propulsion ou du système de gestion thermique et de résolution de problèmes.
Les secouristes doivent s’adapter
Les premiers répondants doivent eux aussi s’ajuster à cette nouvelle réalité. Les chefs en sécurité incendie du Québec ont d’ailleurs récemment suivi la formation sur les méthodes de sécurité pour intervenir sur un véhicule motorisé électrique à l’École des métiers de l’équipement motorisé. Il s’agit du module le plus fréquemment suivi par les premiers répondants et les employés des municipalités.
À Sherbrooke, les premiers répondants ont été formés aux risques que présentent les véhicules électriques lors d’une intervention de sauvetage, notamment lorsque les pinces de désincarcération sont nécessaires. Outre le courant qui peut circuler dans les fils, mais présente peu de risque d’électrocution puisque le châssis est isolé, l’électrolyte qui s’écoule des batteries peut constituer un danger pour les pompiers en raison de son caractère corrosif, toxique et inflammable. De plus, une batterie haute tension endommagée peut prendre feu jusqu’à 22 heures après l’accident. Les remorqueurs sont même avertis de garder l’auto à l’écart des autres véhicules pour éviter les incendies.
Montréal forme ses employés
La Ville de Montréal a entrepris pour sa part de former progressivement ses 200 employés œuvrant à l’atelier de réparation du service de matériel roulant. Ils devront mettre à jour leurs connaissances en matière de composantes électriques puisque la stratégie d’électrification des transports prévoyant le remplacement de 250 véhicules thermiques par des véhicules roulant à l’électricité est déjà bien amorcée, avec 234 véhicules convertis.
De plus, à ce jour, une douzaine d’employés de la Société de transport de Montréal (STM) a été formée au module de sécurité ainsi qu’au module de manipulation des batteries à haute tension, puisque le voltage des autobus peut facilement atteindre 600 V.
105 h de formation, huit modules
Outre le module d’introduction, le contenu de la formation explore :
- L’électricité de base et le système de contrôle de charge;
- Les systèmes ordinés et de communications réseau;
- Les batteries haute tension et les systèmes de gestion de charge;
- Les systèmes de freinage et de régénération;
- Le groupe motopropulseur;
- Le système de gestion thermique;
- La résolution de problèmes.
« Il y a un manque à gagner [quant à la formation] dans les garages, qui sont plus ou moins proactifs. Par contre, d’autres vont prendre le créneau que personne n’a encore saisi pour se faire une réputation dans le véhicule électrique. J’en connais au moins un par région », soulève Nicolas Piguet.
Le garagiste Sylvain Cayer trouvait important de former ses techniciens en réseau informatique, en gestion de moteur, en câblage ainsi que dans les procédures de diagnostic. « C’est un choix que j’ai fait personnellement afin de bien diriger et informer nos clients. Ça va bientôt créer de nouveaux emplois dans l’industrie, car le technicien mécanique et le technicien électrique, c’est deux mondes. »
Garage recommandé et centre d’inspection automobile autorisé par CAA Québec, Pneus et mécanique Sylvain Cayer pourrait éventuellement élargir ses activités vers la vente de véhicules d’occasion électriques. « Pour le moment, il a peu de demandes pour la réparation de véhicules électriques, mais j’ai de plus en plus de clients qui en ont. Ils viennent nous voir pour de petits troubles de chauffage ou de branchement, mais pas encore pour changer des composantes », explique le propriétaire.
M. Cayer sera toutefois prêt, le jour où les propriétaires de véhicules électriques chercheront à remplacer leur batterie ou toute autre composante électrique. « Nous suivons le marché. Il faut être avant-gardiste. »
Pour poursuivre la lecture de notre dossier, consulter l’article Nouvelle formation professionnelle en mécanique de véhicules électriques.