
Une formation professionnelle en mécanique de véhicule électrique a été approuvée par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour permettre aux professionnels de l’industrie automobile d’approfondir leurs connaissances en matière de véhicules électriques. L’Attestation d’études professionnelles (AEP) d’une durée de 645 heures devrait accueillir ses premiers étudiants dès 2020.
Pour initier les intéressés, la Fédération des commissions scolaires du Québec a tenu à la fin avril une séance d’information dans les locaux de l’École des métiers de l’équipement motorisé de Montréal. « Le programme sera dédié principalement aux personnes qui sont déjà sur le marché du travail. Elles pourront le suivre en alternance travail-études sur un an plutôt qu’en trois mois, comme c’est le cas avec la formation continue de 105 heures », explique Nicolas Piguet, enseignant du cours Véhicules motorisés électriques.
(Lire le texte Le véhicule électrique transforme l’industrie des garages automobiles.)
L’AEP offerte aux garagistes et aux élèves en fin de diplôme d’études secondaires (DEP) promet d’explorer en profondeur les procédés de vérification et de réparation du véhicule électrique et de consacrer beaucoup plus de temps à la pratique. Elle traitera notamment de conduite autonome et de capteurs lidars. La description de l’AEP n’est pas encore disponible, et on attend encore de connaître les dates du début de la formation.
Formation courue à Saint-Jérôme
Au niveau collégial, une formation en Technologie des véhicules électriques de 645 heures est offerte à Saint-Jérôme et à Rivière-du-Loup depuis deux ans, fruit de l’initiative du Consortium national d’enseignement des compétences en transport électrique (Connec-TÉ). Si la formation peine à décoller dans le Bas-St-Laurent, elle forme une dizaine d’étudiants par cohorte à Saint-Jérôme. À ce jour, 25 étudiants ont été diplômés, dont 23 se sont placés en entreprise.
Il faut dire que la région des Laurentides profite d’un écosystème important voué à la filière du transport électrique avec la présence de l’Institut du véhicule innovant (IVI), un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) qui soutient les entreprises dans leurs efforts d’électrification des transports, ainsi que des entreprises Lion, qui fabrique des autobus électriques et vient de lancer un premier camion électrique, et Nova Bus, fournisseur des autobus électriques de Montréal.
Tout près se trouve également la Compagnie canadienne de bateaux électriques, à Saint-Eustache, ainsi que Nordresa, à Laval, qui fabrique et commercialise des systèmes à propulsion électrique pour camions.
« À Saint-Jérôme, nous n’avons pas les mêmes enjeux qu’à Rivière-du-Loup, et nous profitons de la proximité du Grand-Montréal, explique Érik Laperle, conseiller pédagogique au Cégep de Saint-Jérôme. Nous profitons de cette industrie en croissance qui a de grands besoins de main-d’œuvre. En ce moment, nous avons 14 étudiants à l’AEC Technologie des véhicules électriques. »
Contrairement à la formation continue de niveau secondaire, qui attire les garagistes indépendants, l’AEC est une formation de spécialisation qui va intéresser les professionnels en mécanique, en électromécanique et en électricité.
Secteur en émergence
M. Laperle reconnait que ce domaine spécialisé demeure en émergence et que le titre professionnel de technicien de véhicule électrique reste à bâtir. « Ce n’est pas encore tout le monde qui voit la plus-value de cette formation, mais les entreprises les plus visionnaires veulent être prêtes. » La Compagnie électrique Lion et Nordresa ont chacune embauché des finissants en Technologie des véhicules électriques du Cégep de Saint-Jérôme et Ecotuned, qui convertit des camionnettes à l’électricité, a signalé son intérêt d’en recruter.
Le Cégep de Saint-Jérôme se spécialise également dans la formation aux entreprises. Son programme Manipulation sécuritaire de batteries haute tension cible notamment les électriciens, secouristes et camionneurs, afin de prévenir les incidents et réduire les risques inhérents à la manipulation et au transport de batteries haute tension. Les pompiers de quelques municipalités dans les Laurentides ont suivi la formation, eux qui utilisent les pinces de désincarcération et interviennent sur des scènes d’accidents où un véhicule électrique peut avoir pris feu.
D’autre part, la formation Interventions sécuritaires lors d’incidents impliquant un véhicule électrique a formé jusqu’ici une cinquantaine de policiers dans les municipalités de Lanaudière et des Laurentides, tandis que la formation Manipulation de batteries haute tension et de véhicules électriques offerte aux recycleurs et remorqueurs a suscité l’intérêt de six entreprises de l’Association des recycleurs de pièces d’autos et de camions (ARPAC).
« On leur apprend ce qu’il faut faire avec un véhicule électrique accidenté sans causer de blessures, comment le remorquer, le démanteler et entreposer les batteries », détaille Érik Laperle. Voyant poindre un marché pour les composantes ou pièces secondaires et recyclées de véhicules électriques, les recycleurs se préparent à répondre à la demande.
Formation suspendue à Rivière-du-Loup
Le Cégep de Rivière-du-Loup a, pour sa part, suspendu le programme Technologie des véhicules électriques après avoir formé une seule cohorte de huit étudiants en 2016. « Malgré deux relances, nous n’avons pas eu suffisamment de réponses. Les inscriptions entrent au compte-goutte », mentionne François Provost, directeur de la formation continue et du service aux entreprises.
Parmi ses huit finissants, quatre se sont trouvé un emploi en région, mais « pas nécessairement en maintenance. Plutôt en vente ». L’établissement songe donc à revoir la structure du programme, voire à y intégrer la formation à distance et les laboratoires à temps partiel afin de favoriser le maintien en emploi.
« Les garages n’ont pas encore le réflexe de se former aux véhicules électriques et nous sentons que les manufacturiers de l’industrie automobile forment leurs propres mécaniciens », indique M. Provost. Dans cette région du Bas-St-Laurent, le virage vers l’électrification des transports tarde peut-être à se mettre en branle. « Nous pensons qu’il y a un potentiel, mais nous sommes un peu trop en avance », estime le directeur de la formation.
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