
Le réseau électrique québécois doit se départir d’urgence de ses disjoncteurs de type PK, obsolètes plus tôt que prévu. Facture totale : un demi-milliard de dollars, a révélé Le Journal de Québec, à la fin avril. La Coalition Avenir Québec (CAQ) a confronté le gouvernement à ce sujet, arguant qu’il savait depuis 2003, rapport de la Régie de l’Énergie à l’appui, qu’il devait substituer ses disjoncteurs pour ceux de nouvelle génération.
Le rapport, produit par un ingénieur de la société d’État, Stéphane Proulx, recommandait ainsi il y a déjà 13 ans de remplacer les disjoncteurs pneumatiques de type PK et PKV à 735 kV, installés à 76 % dans les parcs de disjoncteurs, pour de nouveaux modèles au SF6 à commande à ressorts. Deux modèles ressortaient du lot, le GL d’Alstom ou le HPL d’ABB.
Si le cout des nouveaux disjoncteurs était passablement plus élevé selon le rapport (1,7 M$ chacun), leur fiabilité, leur durabilité, leur performance, leur sécurité serait bien supérieure aux modèles PK. Par ailleurs, le cout d’entretien des modèles à ressorts serait bien en deçà – de plus de 2 000 $ – des modèles pneumatiques. Aujourd’hui, la facture des nouveaux disjoncteurs s’élève à 1,9 M$ chacun. Selon Radio-Canada, 322 disjoncteurs PK ont été ou seront remplacés à l’intérieur de 500 postes d’Hydro-Québec. Il en restera ensuite 290 à changer.
(Pour lire le reportage de Radio-Canada, cliquer ici)
« Je n’arrive pas à croire que la solution est connue depuis 2003, mais qu’Hydro-Québec n’a allumé que maintenant! Non seulement la société d’État était au courant des dangers de ses disjoncteurs, responsables de pannes majeures et d’incendies, mais elle ose aujourd’hui réclamer des millions aux contribuables pour des mises à niveau d’urgence. Il y a clairement eu négligence dans ce dossier », s’est insurgée Chantal Soucy, députée de la CAQ, à l’Assemblée nationale.
Multiples explosions
Signe de vétusté du réseau, le Syndicat des technologues d’Hydro-Québec rapporte depuis 2011 des dizaines d’incidents où des disjoncteurs ont explosé dans différents postes, dont celui d’Albanel, de Manicouagan, de Radisson, de Lévis et Lemoyne. « Dans le cas des explosions survenues au poste Manicouagan, nous avons constaté que les projections de porcelaine ont atteint 203 mètres », rapporte le Syndicat dans son bilan de santé et sécurité datant du 31 mai 2012, qui recommande à ses travailleurs d’éviter de circuler à l’intérieur d’un rayon de 203 mètres des disjoncteurs de type PK et PKV du fabricant Alstom.
Du côté d’Hydro-Québec, on invoque que le risque zéro n’existe pas. « Chaque année, de 10 à 15 incidents considérés majeurs sont recensés alors qu’Hydro-Québec opère environ 65 000 équipements sous haute tension », illustre la société d’État dans un communiqué émis en réponse au reportage de Radio-Canada sur un incident avec projection au complexe La Grande, à Radisson, le 10 juillet 2015. Selon Hydro-Québec, la province investit deux milliards de dollars par année dans le cadre d’un plan d’entretien « rigoureux » visant les équipements vieillissants.
(Pour voir le reportage de Radio-Canada, diffusé le 26 avril, cliquer ici)
(Pour lire la réplique d’Hydro-Québec, cliquer ici)
« À la lumière de deux bris d’équipement survenus par des températures très froides, la décision a été prise de devancer le calendrier afin de remplacer 62 disjoncteurs PK en 2016, pour un montant d’environ 120 millions de dollars. Le remplacement des 228 disjoncteurs restants suivra rapidement. Ces équipements sont donc en fin de vie utile et leur remplacement était déjà prévu pour le début des années 2020 », invoque-t-on encore chez Hydro-Québec. Le renouvellement des disjoncteurs ferait partie du plan annuel de deux milliards de dollars.
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