
Elles sont persévérantes, déterminées, audacieuses, mais surtout, elles ont choisi un métier qui les passionne. Le 21e concours Chapeau, les filles! a récompensé les étudiantes qui ont choisi d’entreprendre un parcours scolaire dans un métier traditionnellement masculin. Parmi les 58 lauréates du concours 2016-2017, huit récipiendaires s’illustrent dans le domaine de l’électricité.
Électricité Plus s’est entretenu avec deux des gagnantes, qui lorgnent un avenir prometteur en électricité. Marie Esther Bedard, 29 ans, a été parmi les jeunes femmes récompensées. Technicienne de scène pour des évènements dans la capitale québécoise, elle s’est inscrite au diplôme d’études professionnelles (DEP) en électricité au Centre de formation professionnelle (CFP) Gabriel-Rousseau de St-Romuald.
« Au début, c’était surtout pour me perfectionner, je visais un poste de chef-éclairagiste et obtenir plus de compétences. Puis, je me suis laissée prendre à mon propre jeu. J’ai commencé à aimer l’automatisation, un aspect plus futuriste du métier d’électricien. Je voulais aller chercher un diplôme pour me donner un plan B. » Son expérience en tant que technicienne de scène l’a beaucoup aidée dans son parcours scolaire puisqu’elle connaissait déjà des techniques de gréage, soit l’utilisation d’équipement de levage, de tension et de connexion et savait comment monter et démonter des installations en hauteur.
En montrer aux gars
« J’étais la seule fille de ma cohorte, et j’en montrais aux gars, explique-t-elle au bout du fil. J’avais d’excellentes notes, dans certains cours, j’avais uniquement des 100 %. C’est sûr qu’au début, comme seule fille, il faut faire ta place. Puis, j’ai eu la chance qu’une autre fille s’inscrive au programme, et j’ai pu travailler en équipe avec elle. Nous avons participé aux Olympiades des métiers, et nous nous sommes rendues jusqu’aux régionales. »
L’une des embûches qu’elle a rencontrées en tant que femme a été surtout de faire face à des commentaires sexistes d’un professeur. « J’ai même eu à intervenir, car je sentais que ma collègue n’avait pas apprécié la « blague » de ce professeur. Même les gars de notre classe ont réagi, ce qui m’a donné la tape dans le dos nécessaire pour faire quelque chose. J’en ai parlé au responsable du programme qui est intervenu auprès de l’enseignant. Cela l’a fait réfléchir. »
Aller plus loin
Cette mésaventure n’a pas découragé Marie Esther, loin de là! Celle qui a terminé son DEP en décembre 2016 se dirige maintenant au collégial vers une technique de l’électronique industrielle au Cégep de Limoilou, en septembre. « J’ai eu une offre dans une entreprise d’automatisation dans le secteur industriel pharmaceutique, mais je vise même de travailler pour Hydro-Québec ou pour le gouvernement, dans les hôpitaux, par exemple. »
Marie Esther rêve de « révolutionner le monde de l’autosuffisance énergétique ». Elle dit avoir en tête plusieurs idées pouvant correspondre au principe de maisons autosuffisantes, dont elle doit taire le secret pour le moment.
Marie Esther a été récipiendaire du prix à une élève de la formation professionnelle francophone.
Curieuse de maintenance
De son côté, Tracy Boivin-Nadeau, 28 ans, a eu le déclic pour un métier en électromécanique de systèmes automatisés en travaillant comme opératrice à l’usine Meubles Foliot de Saint-Jérôme. En regardant l’équipe d’électromécaniciens intervenir sur un bris, sa curiosité pour ce métier spécialisé a tout de suite été piquée. Elle a beaucoup hésité, mais s’est finalement inscrite dans ce domaine au CFP des Moulins, à Terrebonne. « Il faut faire sa place en tant que femme, dit-elle, en écho aux propos de sa consœur ci-haut. Le métier est exigeant, surtout physiquement. Il faut leur montrer que ce n’est pas parce que je suis une fille que je vais être moins rapide ou moins forte. »
Résoudre des problèmes, réagir avec promptitude et efficacité sur une chaîne de production, rien de cela ne l’effraie. « Le travail sous pression ne me dérange pas. J’ai l’intérêt de comprendre le fond des choses », admet-elle. Les métiers traditionnellement masculins, Tracy s’y connait. Elle a auparavant complété un cours en charpenterie-menuiserie, il y a cinq ans. Se consacrant à ses études à temps plein, elle terminera sa formation en février 2018 et espère rejoindre une équipe de maintenance comme celle qu’elle a vue à l’œuvre dans son emploi précédent – « pour boucler la boucle », dit-elle.
Éventuellement, elle aimerait surtout vivre l’expérience d’exercer son métier dans le fond d’une mine. « Parce que c’est hors du commun, je veux aller plus loin. Je suis une curieuse de nature! »
Tracy Boivin-Nadeau a remporté le prix Technologies de pointe à l’instar d’Amélie Richard, étudiante en technologies de l’électronique industrielle.
Autres lauréates
Les autres lauréates du domaine de l’électricité sont Tricia St-Amand-Loranger, étudiante en électricité au Centre intégré de mécanique, de métallurgie et d’électricité à LaSalle (prix Équité); Chloé Mireault-Lecourt, étudiante en génie électrique à l’Université de Sherbrooke (prix Excelle Science); Vicky Lemaire-Ouellet, étudiante en électricité au Centre d’études professionnelles de Saint-Jérôme (prix Mixité en chantier); Kariane Gélinas-Flageole, étudiante en électricité de l’école professionnelle des Métiers de Saint-Jean-sur-Richelieu (prix Santé et sécurité au travail); et Laurie Marceau, étudiante en génie de la production automatisée de l’École de technologie supérieure (ÉTS) de Montréal (prix Transports).
Les photos sont une gracieuseté du concours Chapeau les filles!
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