Nergica : le mot évoque sans le nommer le concept d’énergie. Le TechnoCentre éolien revêt désormais ce nom, marquant d’une pierre blanche un tournant dans son histoire de près de 20 ans. Cette nouvelle identité lui permettra du même souffle de s’affranchir de son image de centre de recherche voué exclusivement au développement de la filière éolienne, car elle ajoute un volet à ses activités de recherche appliquée, en solaire photovoltaïque et en intégration des énergies renouvelables.
« Nous détenions l’expertise pour devenir cette ressource, le solaire photovoltaïque était le chaînon manquant à notre coffre à outils destiné aux entreprises », illustre Frédéric Côté, directeur général de Nergica.
En avril, Nergica a officiellement reçu l’accréditation nécessaire de la part du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur pour ajouter cette vocation à sa mission et devenir un centre collégial de transfert de technologie (CCTT) en intégration du solaire photovoltaïque affilié au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Cette nouvelle reconnaissance, qui s’ajoute à celle déjà acquise en éolien, lui permet d’offrir son savoir-faire à des entreprises souhaitant déployer des projets de panneaux solaires, appuyant ainsi la transition énergétique.
« Depuis quelques années, nous voyons la déferlante en énergie solaire, plusieurs entreprises sont actives dans ces deux filières (éolien et solaire), et il était naturel pour nous de les accompagner, poursuit Frédéric Côté. Ce nouveau domaine de recherche appliquée collégial exclusif au Québec nous permettra d’aider les entreprises, qui pourront obtenir des crédits de taxe et déposer des projets à des concours donnant accès à des subventions du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). »
Ressources variables
L’éolien et le solaire étant deux formes d’énergie variables, leur exploitation simultanée – par les microréseaux notamment – vise à mieux gérer cette variabilité, par exemple avec le stockage d’énergie dans des batteries. « Ce sont deux sources d’énergie complémentaires qui posent des défis d’intégration, mais dont on peut prévoir la variabilité, assure M. Côté. L’éolien a une plus grande capacité de production d’énergie, mais tant on peut profiter de plusieurs jours de vents, tant on peut être plusieurs jours sans vents. L’énergie solaire est plus facile à prédire, ses cycles étant moins prononcés. »
Cependant, il précise que le Québec bénéficie des meilleurs régimes de vents en Amérique du Nord, tout comme il se compare au degré d’ensoleillement en Allemagne, premier producteur d’électricité photovoltaïque en Europe.
Alors que le TechnoCentre éolien s’intéresse au solaire et à l’intégration des énergies renouvelables dans les microréseaux depuis 2012, il avait inauguré en décembre dernier sa première centrale solaire photovoltaïque d’une puissance de 16 kW. (Pour revoir l’article d’Électricité Plus à ce sujet, cliquer ici).
Interrogé sur les performances de la centrale basée à Gaspé, à ce jour, Frédéric Côté affirme d’emblée que les 60 panneaux solaires produisent plus d’énergie qu’anticipé.
« Les panneaux solaires produisent plus d’électricité à basse température, des résultats de performance qui sont pour nous une demi-surprise. Ces données nous confirment la pertinence d’exploiter l’énergie solaire en contexte québécois », dit-il. Ces résultats demeurent des observations préliminaires, un bilan complet de la première année d’exploitation est attendu à l’automne.
Sondé à l’égard d’un intérêt pour l’énergie solaire thermique, M. Côté précise que la reconnaissance du CCTT en solaire photovoltaïque n’inclut pas ce domaine pointu, qui n’est pas pour autant négligé. « Nous avons des échanges avec des entreprises qui s’y intéressent, quelques-unes veulent en faire une niche », souligne-t-il.
Retard à combler
Frédéric Côté le dit sans détour : le Québec a un retard à rattraper au chapitre du développement de la filière photovoltaïque. « Au tarif actuel des ressources hydrauliques, aujourd’hui, il y a un avantage à être branché au réseau d’Hydro-Québec, mais cet avantage s’effrite. C’est une question de mois avant que nous atteignions une situation de cout de production d’électricité photovoltaïque à parité avec le réseau », prédit-il.
Déjà partenaire avec l’Institut de recherche d’Hydro-Québec (IREQ), M. Côté assure que les discussions vont bon train entre Nergica et la société d’État pour travailler au développement de l’expertise québécoise en énergie solaire photovoltaïque. Éric Martel, président-directeur général d’Hydro-Québec, l’a rappelé à plusieurs reprises, Hydro-Québec se prépare à un raz-de-marée de l’énergie solaire.
« Les plus récents appels d’offres en énergie l’ont prouvé, argue le directeur général de Nergica, la tendance est à l’énergie renouvelable, sans émission polluante. »
Outre le projet de recherche sur l’impact du climat froid sur la production d’énergie solaire, qui se déroule à la centrale solaire photovoltaïque de Nergica, des discussions pour l’installation de panneaux solaires au nord du Québec avec des partenaires industriels et communautaires sont en cours ainsi qu’un projet pour tester des technologies et innovations en production d’énergie solaire avec des équipementiers.
Les activités de recherche en énergie solaire mobilisent actuellement trois employés de Nergica sur 33, et d’autres embauches devraient suivre dans les prochains mois.